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rendre compte à son auguste frère des sentimens d'amour et de vénération dont le peuple était animé pour son Roi.

Bientôt un nouvel événement vint donner l'essor à la joie universelle; Madame Royale fut le premier gage de la fécondité de la Reine. Le Roi, qui avait craint qu'elle ne lui donnât pas d'héritiers, était dans un ravissement inexprimable; toute la France partagea son bonheur. L'armée, qui ne connaissait d'autre sentiment que l'amour de son Roi, d'autre maxime que vivre et mourir pour lui, donna particulièrement les signes de la plus vive allégresse. Le régiment d'infanterie de la Reine, en garnison à Brest, fit célébrer une messe solennelle et chanter un Te Deum. Après cette cérémonie, le corps des officiers fit distribuer d'abondantes aumônes aux femmes et enfans des matelots au service du Roi. Les soldats, jaloux de participer à cette bonne œuvre, joignirent la somme de cinq cents livres, fruit de leurs épargnes, à celle que leurs officiers avaient donnée.

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Parmi les autres corps qui se distinguèrent

le

par des actes du même genre à l'occasion de cet heureux événement, je ne citerai que régiment Colonel- général, en garnison en Champagne. Les officiers donnèrent une dot dans cinq villages, à la fille la plus pauvre et la plus sage, suivant le choix qui en fut fait les notables et le curé de chaque paroisse. On n'imposa qu'une seule condition aux jeunes époux; ils devaient, leur vie durant, faire célébrer chaque année, le jour de la SaintLouis, une messe basse pour demander à Dieu la conservation du Roi, de la Reine et de la Famille Royale.

par

Après vingt ans d'une cruelle absence, nous la revoyons cette auguste princesse : combien par ses vertus et ses malheurs, n'a-t-elle pas acquis de nouveaux droits à notre estime, à notre amour! Dans tous les pays où elle s'est trouvée, les Français ont été l'objet de sa constante sollicitude: souvent elle s'est privée du nécessaire pour le distribuer à ceux que le sort des armes amenait prisonniers dans le lieu de son exil; souvent elle a pansé de ses propres mains les blessures de ceux qui avaient com

battu contre elle. Ah! jamais princesse du d'Henri IV n'a mieux mérité nos hom

sang mages!

En 1781, la naissance d'un Dauphin combla les voeux de la nation.

C'est un bonheur pour cet illustre enfant d'avoir quitté la vie au moment où les orages de la révolution commençaient à tonner sur sa famille. Il était réservé au jeune prince, né en 1785, de partager la persécution de ses parens, et de périr, ainsi qu'eux, victime de la fureur des révolutionnaires.

Jusqu'au moment de la révolution, MONSIEUR mena une vie sédentaire, cultivant avec goût les lettres et les sciences. Il passait régulièrement quelques heures de la matinée dans son cabinet, occupé à lire les auteurs les plus profonds en politique rejetant avec dédain les principes du machiavélisme, il méditait attentivement les écrivains qui ont traité de l'art de rendre les peuples heureux en les gouvernant. On a vu que ce prince se plaisait à assembler dans son palais des littérateurs et des savans du premier mérite, pour s'entretenir

arts; j'ajouterai ici que

avec eux de tout ce qui concerne les beaux des hommes de lettres, des poëtes, des artistes distingués ont été comblés de sa protection et de ses bienfaits.

Après la mort tragique de l'aëronaute Pilâtre du Rozier, le Musée, espèce d'académie dont il était le fondateur, allait tomber avec lui. Pilâtre du Rozier ne laissait que des dettes, et les fonds placés par des actionnaires dans cet établissement, étaient dissipés ;les membres du Musée allaient se voir réduits à fermer cette école naissante. MONSIEUR, informé de leur ? détresse, vint à leur secours. Il se déclara le protecteur à perpétuité de l'établissement, en acheta la propriété aux héritiers de Pilâtre du Rozier, satisfit les créanciers, et paya le cabinet de physique estimé cinquante mille francs. Ainsi, grâce à la munificence de MONon vit le Musée revivre avec éclat sous le nom de Lycée, et devenir un établissement vraiment national.

SIEUR,

Je me plais à citer ici cette belle harangue adressée à MONSIEUR, en 1785, par M. de Beausset, évêque d'Alais, auteur de

la Vie de Fénélon, et député des états de Languedoc : « Monseigneur, lui disait-il, les hommages et le respect des peuples sont dus au rang que vous occupez dans la nation, et au sang qui coule dans vos veines; leur estime et leur confiance sont l'ouvrage de vos vertus. et de vos lumières. L'amour de la vérité, gravé dans votre coeur dès vos plus tendres années, a dirigé de bonne heure votre esprit vers le goût des connaissances utiles et agréables; vous avez pensé qu'un prince ne pouvait se > rendre utile aux hommes, qu'autant qu'il est éclairé; tout parle aux princes de leur grandeur, et tout se tait sur leurs devoirs; vous avez voulu connaître les vôtres, monseigneur, et vous n'avez pas interrogé les hommes d'un siècle, d'un moment; vous avez parlé aux hommes de tous les âges, de tous les pays, et l'histoire vous a répondu en leur nom; elle vous a fait voir, par d'illustres exemples, que la véritable puissance des princes est celle que l'opinion de leurs lumières ajoute au poids de leur autorité. Si les princes sont heureux de connaître le charme attaché au plaisir et au

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