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mains de ses fils que les livres qui avaient passé. sous ses yeux : elle était à cet égard d'une rigueur extrême. La grande facilité que le jeune comte de Provence annonçait pour les langues, engagea plusieurs personnes à représenter à sa mère qu'il serait à propos de l'appliquer à l'étude de l'anglais : « Il n'est pas encore temps, répondit-elle; la connaissance de cette langue lui ouvrirait trop de livres dangereux; il pourra l'apprendre, comme a fait M. le Dauphin dans un âge plus avancé. »

Si nous avons vu Louis XVI, si nous voyons

offrir le modèle

aujourd'hui Louis XVIII, parfait des bonnes mœurs faire la gloire de la religion, et n'avoir en vue que le bonheur de la nation française, c'est aux sages leçons de cette princesse, comme aux exemples de son vertueux époux, que nous en sommes redevables.

Quinze mois après la mort du Dauphin, ses enfans perdirent leur tendre mère. Avant de rejoindre celui qu'elle n'avait cessé de pleurer, elle recommanda cent fois sa jeune famille au Roi, à la Reine, aux personnes qui avaient part à leur éducation, et surtout à Madame

'Adélaïde, leur tante, qu'elle conjura au nom de la sincère amitié qui les avait unies, de leur donner ses soins, et de devenir leur Mentor. Cette excellente princesse le promit, et elle fut fidèle à sa parole; elle demeura auprès de l'infortuné Louis XVI, jusqu'au moment où il ne fut plus permis à aucun membre de cette illustre famille de se dissimuler que les factieux avaient conjuré la perte totale des Bourbons. Madame Adélaïde, ainsi queMadame Victoire, ne voulaient point séparer leur sort de celui de leur neveu: il les sollicita

long-temps d'éloigner du danger des jours précieux qu'elles exposaient inutilement pour sa personne, avant de les déterminer à quitter la France ce fut en pleurant qu'elles l'embrassèrent pour la dernière fois en partant pour se rendre à Rome; mais n'anticipons point sur les événemens, et revenons à l'époque de la mort de la Dauphine.

Les trois jeunes frères honorèrent la mémoire de si bons parens, en continuant à se livrer à l'étude avec la plus grande assiduité, et lorsque l'âge les eut affranchis de la surveil

lance de leurs gouverneurs, on les vit, imitant leur père, se préserver par l'habitude du travail des dangers du désœuvrement.

Le comte de Provence venait souvent passer des heures entières avec Madame Elisabeth, et se plaisait à communiquer à cette sœur chérie quelque peu de ses vastes connaissances. Dans ses momens de loisirs, cette princesse retrouvait M. le comte d'Artois ; elle aimait à monter à cheval, et déployait dans cet exercice beaucoup de grâce et d'assurance; son jeune frère l'accompagnait dans ses cavalcades. Cette pieuse et tendre sœur profitait parfois de ces momens de liberté pour adresser quelques avis à ce prince aimable, qui, dans l'âge des plaisirs, s'y livrait peut-être avec trop d'ardeur. M. le comte d'Artois écoutait en riant les remontrances de sa soeur; une saillie avait bientôt déridé le Mentor, qui interrompait sa leçon pour ne plus penser qu'au plaisir d'être avec un frère bien aimé. Le plus léger nuage n'obscurcit jamais la sérénité d'une si douce union. M. le comte d'Artois aimait sa sœur avec vénération, et tout en s'abandonnant à

son aimable étourderie, il était fier des vertus de Madame Elisabeth.

Depuis la mort du grand Dauphin son fils unique, Louis XV attendait avec impatience le moment où il pourrait marier le Dauphin son petit-fils. On jeta les yeux sur MarieAntoinette-Josephe de Lorraine, archiduchesse d'Autriche, fille de l'impératrice Marie-Thérèse; et ce mariage fut célébré à Versailles, le 16 mai 1770. Tout le monde est instruit des malheurs arrivés à la place Louis XV, lors de la fête donnée à cette occasion par la ville de Paris. On sait combien le Dauphin y fut sensible, et qu'il s'empressa d'envoyer au lieutenant de police l'argent de sa pension pour secourir les plus malheureux. M. le comte de Provence ne restait jamais en arrière lorsqu'il s'agissait d'une bonne action lui et M. le

comte d'Artois ouvrirent aussitôt une souscription, à laquelle la cour et un grand nombre de particuliers se firent honneur de contribuer pour adoucir le malheur des veuves et des orphelins. En cette circonstance, les Français acquirent encore une preuve que le nou

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veau Dauphin et ses frères avaient la bienfaisante humanité qui caractérisait leur père.

Un an après le mariage du Dauphin, M. le comte de Provence épousa Marie-JoséphineLouise de Savoie, fille aînée de Victor-Amédée III, roi de Sardaigne. Le duc de Duras avait été nommé ambassadeur extraordinaire pour recevoir cette princesse, qui fut accueillie avec enthousiasme à Lyon. La garde bourgeoise de cette ville, jouissant, avant la révolution, des droits de cité, fit le service auprès de la princesse. Pendant les trois jours qu'elle resta au milieu des Lyonnais, des fêtes superbes lui furent données. Des actes de bienfaisance signalèrent aussi l'entrée de Marie-Joséphine en France: elle remit à l'évêque de Nevers une somme considérable pour être distribuée aux pauvres habitans de son diocèse. A Montargis, on présenta à la princesse un vieillard centenaire; elle l'accueillit avec bonté, et lui fit une pension pour le reste de ses jours. L'intérêt avec lequel Marie-Joséphine examina lesmonumens, les manufactures et les produits de l'industrie, dans toutes les villes qu'elle traversa,

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