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mable qu'entre celle-ci et le premier vaisseau, il y avait assez de fond pour un vaisseau anglais. Il mit donc à la tête de l'attaque le Léandre de 50 canons, chargé de guider les autres, et il réussit.

Celui-ci se trompa d'abord et toucha, mais la batterie de l'île servie par des marins, laquelle avait beaucoup trop tardé à tirer, s'en avisa malheureusement alors: le Léandre s'éloigna de terre, et dans ce moment il trouva la passe.

La passe trouvée, l'escadre anglaise tourna les Français; la Sérieuse fut coulée d'abord. Le Guerrier ne put soutenir long-temps le feu de l'armée ennemie.

Nelson, quoique à la voile, se laissait glisser sur ses ancres, afin de pouvoir être plus maître de ses mouvements. Une partie de la flotte

anglaise étant passée derrière les Français, chaque vaisseau de ceux-ci fut attaqué successivement par trois bâtiments ennemis au moins. Les Français se défendaient vaillamment; ils sentaient la faute de leur Amiral et leur danger, et cela même augmentait leur

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valeur. Les troupes de l'armée de terre qui se trouvaient en garnison sur les vaisseaux, soutenaient dignement la réputation de l'armée d'Italie. Lors même que le vaisseau coulait, ou que le reste de l'équipage l'abandonnait, ces intrépides soldats continuaient le feu avec la même ardeur.

Dans cette situation, on conçoit que Nelson réduisit facilement les six vaisseaux à la gauche de l'Orient. Il fit prisonnier le ViceAmiral Duchelat, qui eut le nez emporté dans le combat.

Arrivé à l'Orient, l'ennemi s'arrêta, deux des trois bâtiments qui l'attaquèrent furent mis hors de combat et se retirèrent; le troisième amena son pavillon. Le brave Bruyès faisait le coup de fusil avec les soldats de sa garnison; blessé une première fois, il se fit panser sur le pont même et recommença combattre; mais bientôt il est emporté par un boulet. Son capitaine de pavillon, mortellement blessé, est conduit à la Sainte Barbe. Malheureusement le feu prit alors à bord de l'Orient, et fit bientôt de tels progrès

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que

que les six autres vaisseaux durent, s'en éloigner. Les capitaines des vaisseaux attendaient avec impatience des signaux de l'Amiral: mais il était mort, et l'on n'en savait rien hors du vaisseau; l'on ne fit point connaître à celui qui, d'après son grade, devait le remplacer, que c'était à lui à commander. Villeneuve, à qui ce commandement appartenait, aurait empêché un dénouement aussi tragique, comme il le montra à la fin de la bataille. L'Orient sauta avec un bruit effroyable: c'était à onze heures du soir; l'horizon semblait en feu, la terre trembla, et la fumée qui sortit du vaisseau s'éleva en masse, gravement, comme un ballon noir et immense; puis il s'éclaircit et laissa voir des objets de toutes sortes de formes qui retombaient sur le champ de bataille!

Quel terrible moment d'effroi et de désolation pour les Français, témoins de cette effroyable catastrophe! La plupart de l'équipage de ce malheureux vaisseau périt dans cette journée. Parmi les officiers généraux, Gantheaume fut le seul épargné; il parvint

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gagner Alexandrie en chaloupe. Les règlements de la marine défendent sous les peines les plus sévères de rompre la ligne; si Villeneuve, commandant l'aile droite, eût pu

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la rompre, il se serait replié vers la gauche et aurait continué le combat dans une position avantageuse pour les Français. Mais il ne connaissait pas la mort de Bruyès, et quand il apprit que par là il commandait l'armée, il était trop tard. Quatre vaisseaux obligés de rompre la ligne par l'explosion de l'Orient, s'échouèrent, ne pouvant pas faire mieux dans leur abandon; ils se défendirent individuellement jusqu'à la dernière extrémité. Il ne restait à Villeneuve que le Guillaume Tell de 80, qu'il montait, le Généreux et deux frégates, avec lesquelles il mit à la voile, après avoir recueilli les équipages que Kleber avait envoyés d'Alexandrie. Les vaisseaux anglais voulurent empêcher Villeneuve de se retirer; mais pour donner l'idée du délabrement où ils étaient, de la vigoureuse défense des Français et de ce qu'aurait fait Villeneuve s'il eût eu le commandement quelque

TOME I.

H

temps

temps plus tôt, il suffira de dire que toute l'escadre de Nelson ne put empêcher les tristes restes de l'escadre française de mettre à la voile. Celle-ci fut attaquée dans sa retraite, mais elle se tourna sur les Anglais de manière à leur faire bientôt lâcher prise, et cependant sept vaisseaux seulement avaient combattu dans cette journée et avaient mis les Anglais en si mauvais état !!!!

Telle a été cette fameuse bataille d'Aboukir qui a immortalisé Nelson, mais qui a dû prouver aux Anglais que les Français auront une marine dès qu'ils s'en occuperont sérieusement, ou pour mieux dire, dès qu'ils sauront s'y prendre. Dans le funeste événement de l'explosion de l'Orient, la conduite et la mort du jeune Casabianca méritent d'être remarquées. Cet enfant, âgé de 13 ans, montra une activité extrême. Placé aux batteries, il encourageait les canonniers et les matelots; et comme, dans la chaleur de l'action, le feu était retardé par trop de zèle et d'émotion, il mettait l'ordre et le calme par un sang-froid étonnant à son âge; il

avertissait

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