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Il laissa donc sa gauche à quelque distance de la petite île, et fit couper le milieu de cet intervalle par la grosse frégate la Sérieuse. L'armée de terre voulait placer de bonnes batteries sur la petite île, afin de protéger la gauche de l'escadre, mais l'Amiral voulut que ses officiers seuls en fussent chargés; l'île ne fut armée qu'imparfaitement, et les batteries très-mal servies: Bruyès voulut absolument que l'escadre protégeât l'armée, et non celleci l'escadre.

L'escadre française consistait en treize vaisseaux de ligne, et quelques frégates, le reste était armé en flûte, et destiné au service du convoi, et se trouvait dans le port d'Alexandrie. De ces treize vaisseaux, l'Orient monté par l'Amiral était de cent vingt canons; le Guillaume Tell et le Franklin étaient de 80, et les autres de 74.

L'Orient était au centre, le Vice-Amiral Villeneuve commandait la droite, le ViceAmiral Duchelat la gauche, le Contre-Amiral Gantheaume était le chef de l'état-majorgénéral,

général, et le Capitaine Casabianca capitaine de pavillon.

Le premier vaisseau de gauche était le Guerrier; c'était le plus vieux et le plus foible. Les deux vaisseaux de droite étaient le Guillaume Tell et le Généreux, le premier de 80 et l'autre de 74. Les frégates la Diane et la Justice étaient en arrière de la droite, la Sérieuse et la ...... derrière la gauche.

Le matin du jour de la bataille, le Général Kleber et Louis se promenaient sur la terrasse de la maison du quartier général : tout à coup ils aperçoivent plusieurs voiles ennemies, et ensuite toute l'escadre anglaise forte de 14 vaisseaux, dont un seul, le Léandre, était de cinquante canons.

Nelson s'approcha d'Alexandrie de trèsprès, il lorgna long-temps le port, et fila vers Aboukir avec un bon vent, un temps superbe, et ses vaisseaux le suivant dans un ordre parfait.

Dès qu'il put apercevoir l'escadre française, on le vit faire des signaux, les bâti

ments

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ments légers le rejoignirent, et ses vaisseaux se serrèrent encore plus.

Il est facile d'imaginer la peine que dut éprouver l'Amiral anglais en voyant qu'il n'avait pu empêcher un armement aussi considérable de remplir sa destination, et d'enlever un poste tel que Malte presque sous ses yeux. Par là on peut deviner sa joie de trouver l'escadre ennemie dans une position défavorable, et de pouvoir saisir l'occasion de faire oublier et d'effacer entièrement sa faute.

On a osé avancer que l'Amiral anglais avait l'ordre de laisser parvenir si loin de France la meilleure armée et les meilleurs généraux français. Mais cette supposition est trop absurde. S'il avait été instruit de la marche précise de l'armée française, l'aurait-il laissée surprendre Malte? Quel est le général qui, pouvant détruire les forces de son ennemi sans coup férir, en laisse échapper l'occasion? Or, c'était le cas de Nelson, s'il était tombé au milieu du nombreux convoi français surchargé de troupes choisies. Il est plus

certain

certain que le dépit d'avoir manqué une occasion unique de détruire l'élite de l'armée française augmenta l'ardeur, le zèle et le courage des Anglais, et qu'ils trouvèrent avec joie l'occasion de réparer leur faute.

Après avoir observé quelque temps l'escadre française, après avoir bien reconnu sa position, et paradé comme pour attendre ce qu'elle ferait, les Anglais attaquèrent.

Lorsqu'ils avaient été signalés, tous les capitaines français se rendaient chez l'Amiral pour dîner avec lui. On venait de peindre à neuf à l'huile les chambres et la galerie de l'Orient; les baquets et autres ustensiles se trouvaient encore sur le pont. Les batteries de la petite île à la gauche de la ligne n'étaient pas encore dans un état parfait; la flotte n'était pas appuyée à la terre. L'on ne s'était seulement pas renforcé de tous les matelots qui se trouvaient en grand nombre à Alexandrie, et qui étaient inutiles, puisqu'on avait déchargé du convoi tout ce qu'il transportait. Le Général Kleber remédia à cette insigne négligence en envoyant

de

de son

propre mouvement à l'escadre tous les matelots qu'il put réunir.

En examinant l'escadre française, Nelson vit bientôt qu'elle ne se disposait pas à changer de position. Bruyès craignait fort de mettre sous voile, et effectivement toute l'armée de terre avait été témoin de l'énorme différence dans la marche des vaisseaux. L'Orient, toutes voiles dehors, marchait si lentement, que, pour ne pas tomber sur lui, le Franklin, qui était son matelot d'arrière, ne conservait qu'une très-petite voile. Le Mercure et un autre vaisseau avaient obtenu la permission de marcher hors de la ligne, parce qu'ils arrêtaient la marche des autres. Nelson dut remarquer dans la position de la flotte française que sa gauche était assez éloignée de terre pour qu'on pût la tourner. Il savait que les vaisseaux de sa nation tirent moins d'eau que les vaisseaux français; il remarqua sans doute que puisque à mi-distance de la gauche de l'armée française à la terre, il y avait assez de fond pour une grosse frégate telle que la Sérieuse, il était présumable

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