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gnirent à son passage à Lyon; ils arrivèrent à Toulon, peu de jours après l'armée s'embarqua et l'on mit à la voile.

La flotte était composée de 13 vaisseaux de ligne; et le convoi, chargé de troupes et de munitions, était de cinq à six cents bâtiments formant quatre divisions: celle de Toulon était escortée par deux vaisseaux et deux vieilles frégates vénitiennes, tous quatre armés en flûte. Ces vaisseaux, conquis par l'armée d'Italie, portaient les noms des officiers de cette armée morts sur le champ de bataille; Lecausse et le Dubois, noms de deux Généraux, le premier tué à la bataille de Dego, le second tué à Roveredo. L'aide-de-camp de Napoléon, Muiron tué à Arcole, et Carrère colonel d'artillerie, qui fut enlevé quelques instans avant l'armistice de Léoben par le dernier coup de canon tiré dans cette guerre, donnèrent leurs noms aux deux frégates. Mais ces bâtiments vénitiens non doublés en cuivre, d'un mauvais échantillon, semblaient marcher avec peine. Une division du convoi se forma à Ajaccio, et rejoignit l'escadre à sa sortie

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sortie de la rade de Toulon; la troisième rejoignit plus tard, elle venait de Gènes; et la quatrième, aux ordres du Général Desaix, mit à la voile à Civita-Vecchia, et ne rallia la flotte que devant Malte. Il y avait en outre une escadre légère de frégates, corvettes, et avisos. Les frégates étaient la Diane, la Justice, la Sérieuse, l'Alceste, etc.

Une escadre anglaise était entrée dans la Méditerranée, lorsque l'expédition mit à la voile on en avait la certitude. Il fallait donc que Napoléon comptât beaucoup sur son bonheur, pour tenter de conduire en Egypte, où il ne pouvait débarquer sans effort, une armée si nombreuse, sous les yeux, pour ainsi dire, de la flotte ennemie. Mais, non-seulement il avait ce projet, mais encore celui de s'emparer, chemin faisant, de l'île inexpugnable de Malte, ce qui devait lui donner une grande facilité pour maintenir ses communications avec l'Europe, et assurait à la France l'empire de la Méditerranée et du commerce du Levant.

Mais s'il semblait compter entièrement sur

son

son étoile dans ses actions hardies et souvent téméraires, personne ne parut compter moins que lui sur la fortune dans la conception de ses plans; aucune précaution humainement possible n'a, je crois, jamais été négligée dans ce temps ou oubliée par Napoléon; il considérait toujours les choses sous tous les aspects imaginables, et n'ayant jamais ou presque jamais de revers, il était préparé, avant chaque entreprise, à tous ceux qui pouvaient lui arriver. Dans tous les cas, il avait toujours prévu ce qu'il aurait à faire: c'est ce qu'il appelait concevoir un plan. Il fit toujours marcher de front dans ses actions la politique, les intelligences secrètes, et l'intérêt particulier des individus. Mais on ne peut nier qu'il ne se montrât très-convaincu que l'intérêt personnel est le premier, le plus grand mobile du cœur de l'homme, et peut être le seul.

En faisant voile sur Malte, on s'arrêta quelques jours devant la Sardaigne pour attendre les convois; et pendant ce temps Nelson, à la tête de quatorze vaisseaux bons voiliers, était

TOME I.

G

à

à la recherche de l'escadre française. Les frégates qui éclairaient celle-ci découvrirent l'ennemi, elles l'annoncèrent, lorsque Napoléon arriva à Malte; mais Nelson prit le change, il passa le détroit de Messine, opération hardie pour une flotte, et se rendit en toute diligence à Alexandrie. L'idée qu'avec l'intention de s'emparer de l'Egypte, on s'amuserait en chemin à attaquer une place telle que Malte, ne pouvait certainement pas lui venir à l'esprit, à lui, non plus qu'à tous ceux qui connaissaient l'infériorité de la marine française, la presque impossibilité dans laquelle elle se trouvait de combattre, surchargés comme étaient les vaisseaux de monde, de canons, et d'effets de toute espèce.

Mais Napoléon savait que l'idée de cette attaque ne viendrait à personne, qu'ainsi la surprise serait entière; que la place n'était pás en état de défense, mais seulement à l'abri d'un coup de main; que le Grand-Maître, brave et honnête homme, était hors d'état de pourvoir à tout au moment du péril avec

l'activité

l'activité nécessaire; qu'enfin sa principale défense consistait dans les chevaliers français, qu'il se proposa de ramener au parti de la France. Il tenta l'entreprise avec beaucoup d'apparence de succès, avec témérité, mais avec une témérité indispensable qui n'était que la suite même du projet, et il réussit. Il entra même dans le port durant les pourparlers avec son état-major, et pressa témérairement la conclusion de la capitulation.

Le Grand-Maître reçut une pension, les chevaliers français qui voulurent prendre service dans l'armée française, en obtinrent; les autres furent garanties des persécutions attachées alors aux émigrés.

Le Général Vaubois fut laissé à Malte avec une garnison. L'armée remit à la voile, et arriva dix ou douze jours après devant Ale xandrie. Les côtes d'Egypte sont si basses, qu'on les distingue à peine à la distance de quelques lieues. On envoya querir le consul de France; au grand étonnement de ses compatriotes, il leur apprit que l'escadre anglaise avait paru la veille devant le port, avait de

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