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ment aux cinq députés hollandais, “qu'il s'expatriait malgré lui, qu'il n'avait point "une grande ambition, mais qu'il n'était point insensible à l'honneur de commander "à deux millions de ses semblables; qu'il "ferait tous ses efforts pour justifier leur

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confiance, pour remplir la glorieuse des"tinée d'être utile à une nation aussi esti"mable. Qu'ils pouvaient compter qu'en "arrivant sur les frontières, il serait déjà

Hollandais; avant tout, quel que fût l'état "de souffrances de la nation, il mettrait son "bonheur et sa gloire à les adoucir," etc.

Cette déclaration, comme on voit, est bien différente de celle qu'on lui prêta: il avait dit aussi à l'Empereur le jour de sa proclamation: "C'est en devenant Hollandais, "c'est en me vouant avant tout aux intérêts "et au bien-être de ma nouvelle patrie, que

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je chercherai à me rendre digne de votre "nom et à prouver que j'ai toujours été bon "Français."

Mais combien une assertion aussi fausse dut lui donner à penser, et ajouter à ses

tristes

tristes pressentiments sur le but de son élévation, et aux idées qui lui étaient venues à cet égard après ses entretiens avec le Général Dupont! On pouvait dire que cette assertion n'était mise en avant que pour engager les Anglais à la paix, que ce n'était qu'une rusè diplomatique; mais il ne put s'empêcher d'y voir une idée nuisible à la stabilité de son gouvernement dans l'esprit de son peuple, un levain jeté en avant pour l'avenir, et une nouvelle preuve de la justesse de ses craintes sur les secrètes intentions du gouvernement français. Car alors il se rappela la manière dont il avait été proclamé le 5 Juin; le silence de son frère, le propos échappé au Ministre Talleyrand, que sans le prince Louis il n'aurait pu rien conclure avec les Hollandais, etc., tout concourut à soulever le voile entièrement, mais six mois s'étaient passés, il était trop tard!.

Les Hollandais virent le retour du Roi avec plaisir, car ce qu'ils redoutent le plus, c'est un gouvernement militaire et des chefs qui se plaisent à la guerre. Ils furent charmés

du

du spectacle nouveau du retour dans le pays des fonds que la trésorerie nationale avait envoyés à Wesel pour l'entretien de l'armée. Celle-ci ayant occupé des pays ennemis, devait s'entretenir à leurs dépens, et le Roi ne laissa pas échapper cette occasion de soulagement. Tandis que celui-ci ne voyait à regret dans cette épargne qu'un bien faible adoucissement pour l'état, la nation y vit avec joie une première preuve des bonnes intentions et du dévouement du Roi au pays.

C'est alors que fut imaginé le système du

blocus, qui, avec l'augmentation des armements à laquelle on obligeait la Hollande, semblait tripler le danger imminent de ce pays sous le rapport des finances. Cependant il se tira encore de cette crise, mais avec des peines, des angoisses, pour ainsi dire, continuelles et incroyables.

Cette fatale mesure jeta le Roi dans la consternation, il ne sentit que trop bien, que d'une part elle ruinerait la Hollande de fond en comble, et de l'autre quel levier elle pouvait donner contre elle. D'ailleurs, cette

mesure

mesure lui paraissait aussi révolutionaire et singulière que le mot nouveau de dénationaliser. Comment peut-on cesser d'appartenir à son pays, d'être ce qu'on est, d'être soimême ? I osa écrire à l'Empereur qu'il croyait cette mesure gigantesque, impossible, et propre à ruiner entièrement la France, le continent, et d'abord les pays commerçants, tels que la Hollande, avant de ruiner l'Angleterre !

Cependant il satisfit promptement à la demande de la France, mais sans déclarer que les Iles Britanniques étaient mises en état de blocus par lui, chef d'un petit état, et surtout sans professer les principes faux de cet acte, celui de la dénationalisation, etc. Il se persuadait que cette mesure violente ne pouvait durer long-temps; il chercha par des dispositions régulières à remplir le même but que la France, mais sans professer une doctrine qui ne lui paraissait pas juste; sans prendre un ton qu'il croyait trop impérieux et trop militaire. Il ordonna que le décret de l'Empereur serait publié et exécuté tel quel

dans

dans la province d'Ost-Frise qu'on pouvait re garder encore comme conquise; mais pour le reste du royaume, il ordonna que le décret ne serait exécutoire qu'autant que les mesures déjà en vigueur ne seraient pas suffisantes; et en vérité elles l'étaient assez, par la raison qu'on n'avait pas manqué de la part de la France, depuis la guerre maritime, de profiter de toutes les occasions pour écraser le commerce de la Hollande, sous prétexte de nuire à l'Angleterre.

Les gouvernements précédents n'avaient jamais cessé depuis plusieurs années d'augmenter la rigueur et la gêne du commerce et de la navigation: il leur importait essentiellement d'obéir à la France, leur seul soutien au milieu des factions. Le décret du 1 Décembre excita le mécontentement de l'Empereur, peut-être seulement parce qu'il conservait un air d'indépendance; quelque chose devait cependant distinguer les actes d'un pays différent. Mais les agents français en Hollande trouvaient enfin avec joie l'occasion

TOME I.

T

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