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"Sire,

"J'avais placé toute mon ambition à sacri"fier ma vie au service de Votre Majesté.

Je faisais consister mon bonheur à admirer "de plus près toutes ces qualités qui la "rendent si chère à ceux qui, comme moi, "ont été si souvent témoins de la puissance "et des effets de son génie. Elle permettra "donc que j'éprouve des regrets en m'éloi"gnant d'elle, mais ma vie et ma volonté lui ¢ appartiennent; j'irai régner en Hollande,

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puisque ces peuples le désirent, et que "Votre Majesté l'ordonne. Sire, lorsque "Votre Majesté quitta la France pour aller "vaincre l'Europe conjurée contre elle, elle "voulut s'en rapporter à moi pour garantir "la Hollande de l'invasion qui la menaçait. "J'ai dans cette circonstance apprécié le ca"ractère de ces peuples, et les qualités qui "les distinguent. Oui, Sire, je serai fier de régner sur eux. Mais quelque glorieuse

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que soit la carrière qui m'est ouverte, l'as"surance de la constante protection de V. "M., l'amour et le patriotisme de mes nou

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veaux sujets peuvent seuls me faire con"cevoir l'espérance de guérir des maux occa❝sionnés par tant de guerres et d'événements "accumulés en si peu d'années.

"Sire, lorsque V. M. mettra le dernier "sceau à sa gloire en donnant la paix au "monde, les places qu'elle confie à ma garde, "à celle de mes enfants, aux soldats hol"landais qui ont combattu sous ses yeux à "Austerlitz. . . . . . ces places seront bien "gardées."

La séance fut levée alors, l'Empereur passa dans un autre salon pour visiter les présents que le Grand Seigneur envoyait. Le nouveau Roi précéda son frère, et les huissiers marchant devant lui annoncèrent le Roi de Hollande.

Il est faux que les Hollandais durent leur indépendance à la France à l'époque de Guillaume I., et en 1795; à cette dernière époque, la Hollande dut son indépendance à un traité onéreux pour elle, mais volontaire des deux parts.

Les communications faites au sénat ne sont

que

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que la répétition des discours précédents.
Voici comment l'Empereur s'expliqua dans
son message du 5 Juin.

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"Adhèrant aux voeux de LL.-HH. PP. "nous avons proclamé notre bien-aimé frère "Louis Napoléon, Roi de Hollande, pour "ladite couronne être héréditaire en toute "souveraineté par ordre de primogéniture "dans sa descendance naturelle, légitime et "masculine. Notre intention étant en même

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temps que le Roi de Hollande et ses des"cendants conservent la dignité de Conné"table de l'empire; notre détermination "dans cette circonstance a paru conforme "aux intérêts de nos peuples.

"Sous le point de vue militaire, la Hol"lande possédant toutes les places fortes qui "garantissent notre frontière du nord, il

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importait à la sûreté de nos états que la

garde en fût confiée à des personnes sur "l'attachement desquelles nous ne puissions "concevoir aucun doute. Sous le point de "vue commercial, la Hollande étant située "à l'embouchure des grandes rivières qui

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"arrosent une partie considérable de notre territoire, il fallait que nous eussions la ga"rantie que le traité que nous conclurons avec "elle sera exactement exécuté, afin de con"cilier l'intérêt de nos manufactures et de "notre commerce avec ceux du commerce "de ces peuples. Enfin, la Hollande est le premier intérêt politique de la France. Une magistrature élective serait devenue le "signal d'une guerre nouvelle.

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"Le Prince Louis n'étant animé d'aucune "ambition personnelle, nous a donné une preuve de l'amour qu'il a pour nous, et de "son estime pour les peuples de la Hollande,

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en acceptant un trône qui lui impose de si "grandes obligations."

Quand ces pièces parurent dans le Moniteur, Louis fut surpris de quelques passages; il en fut peiné. Il s'en plaignit, et même la réponse qu'on lui donna lui causa des inquiétudes, que la réflexion cependant dissipa bientôt il ne pouvait concevoir, en y réfléchissant mûrement, comment il pourrait avoir quelque chose à redouter du gouverne

ment

ment français par l'influence duquel il montait sur le trône. On avait raison d'avancer qu'il n'était pas ambitieux; mais c'est avec enthousiasme qu'il se livrait à l'espoir d'être utile à deux millions d'hommes, à une nation célèbre, et qu'il résolvait de se consacrer à son bien-être. Tous ceux qui l'approchaient pouvaient aisément se convaincre, que si son caractère essentiellement doux, réfléchi et modéré, s'éloignait de l'intrigue, de la politique fausse ou trompeuse, et des grandes passions, il n'était rien moins qu'insensible à la seule digne d'un honnête homme et d'un roi: celle du bien public.

Il demeura neuf jours à St. Leu avant de partir pour la Hollande. Il s'occupa avec les députés hollandais à prendre une idée générale des affaires du pays, et il allait tous les jours voir son frère à St. Cloud.

En

prenant une première idée de la situation du pays, il avait vu que les caisses étaient vides, et la position presque désespérée; mais il apprit en même temps que la France devait à la Hollande deux à trois millions de florins

prêtés

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