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» le messager des Franks, répondit en souriant » Morman. Qu'il apporte la paix ou la guerre, >> ces choses regardent les hommes; femme, » va en repos à tes affaires. » Quand le messager entendit ces paroles indécises, contraires à celles qu'il avait reçues, il pressa le chef de répondre sans retard : « César m'attend, lui » dit-il. »>«< Donne-moi, répondit Morman, >> le temps de la nuit pour réfléchir..>

» Au point du jour, l'abbé Wite-her se présente à la porte du chef; on lui ouvre, et Morman paraît accablé de sommeil et de vin, « Va, dit » le Breton, d'une voix altérée, va dire à ton César que Morman n'habite point sa terre, » et que Morman ne veut point de ses lois, Je » refuse le tribut et je défie les Franks,» « Ecoute, Morman, répliqua le sage Wite-her >> nos aïeux ont toujours pensé que ta race était légère et changeante; je crois que c'est avec >> raison, car le babil d'une femme a bouleversé » ton esprit. Écoute ce que te prédit Wit-her: >>> Tu entendras le cri de guerre des Franks; tu » verras des milliers de lances et de boucliers » s'avancer, contre, toi. Ni tes marais, ni tes

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» forêts épaisses, ni les fossés qui entourent ta » demeure ne te garantiront de nos coups. » Eh bien! moi aussi, répondit le chef en » se levant de son siége, moi aussi j'ai des » chariots pleins de javelines; j'ai des bou»cliers coloriés, si vous autres en avez de

> blancs. >>>

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>> Wit-her apporte en grande hâte sa réponse au roi des Franks. Le roi fait apprêter ses

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armes; il convoque, aux lieux où l'Océan reçoit la Loire, l'assemblée des Franks et des nations qui leur obéissent. Les Franks, les Saxons, les Thorings, les Burh-gunds viennent en équipage de guerre. César s'y rend lui-même, visitant sur son passage les Lieux saints et recevant partout des présens qui enrichissent son trésor. Cependant le roi des Bretons se prépare à combattre; et César, pieux et clément, lui envoie un dernier message: « Qu'on lui rappelle, dit-il, la paix

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» qu'il a jurée autrefois, la main qu'il a donnée

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» aux Franks, et l'obéissance qu'il a gardée à Karl » mon père. » L'envoyé part; il revient vite, car Morman excité par sa femme lui a rendu des paroles insultantes. Alors César fait publier

LETTRE XI.

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* devant les Franks les dernières réponses du

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Breton. La trompette sonne le signal et les soldats passent la frontière. Ils enlèvent les trou ́peaux, chassent les hommes à travers leurs bocages et leurs marais, brûlent les maisons, et n'épargnent que les églises, d'après l'ordre de César. Aucune troupe ne les aborde de front et n'engage le combat en plaine. On voit les Bretons, dispersés et sans ordre, se montrer au loin parmi les rochers et les buissons; ils font apod st ́une guerre perfide au passage des défilés, ou bien se retranchent derrière les enclos et les 'murs de leurs habitations.

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» Cependant, au fond de ces vallées couvertes de hautes bruyères, le chef s'arme et fait armer ses amis. « Enfans, compagnons, dit-il auxsiens, ob, roy of bich » défendez ma maison; je la confie à votre cou» rage; et moi, avec un petit nombre de braves, » je vais dresser une embûche à l'ennemi; je » vous apporterai ses dépouilles. » Il prend des javelots pour armer ses deux mains, s'élance sur son cheval, et, prêt à s'éloigner de la porte, il se fait donner, suivant l'usage du pays, une énorme coupe qu'il vide. Il embrasse, avec un

air de joie, sa femme, ses enfans et tous ses serviteurs. << Femme, dit-il, écoute ce que je t'an>> nonce; tu verras ces javelots rougis du sang » des Franks : le bras de celui que tu aimes ne » les a jamais lancés en vain. » Morman s'enfonce dans la forêt, brûlant de rencontrer le roi Hlode-wig. « Si je le voyais, disait-il, si » je le rencontrais ce César, il aurait de moi >> ce qu'il me demande; je lui paierais son >> tribut en fer. >>

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» Morman et sa troupe ont bientôt joint un parti de Franks, qui conduisait le bagage; il se précipite sur eux, il les attaque de front, sur le flanc, par-derrière, s'éloigne et revient à la charge, suivant la tactique de sa nation: A la tête de la troupe était un nommé Hossel', homme d'une naissance peu illustre et qu'aucune action d'éclat n'avait encore signalé. Morman pousse son cheval contre lui; le Frank l'attend sans trembler, se fiant à la bonté de

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1 L'auteur écrit en latin choslus, afin de conserver l'accent tonique sur la première syllabe. Ce nom, dont rien n'indique la signification, est de la classe de ceux qui paraissent avoir été contractés par un usage familier. La terminaison el est un des signes du diminutif.

son armure. « Frank, dit le chef breton, veux» tu que je te fasse un 'présent? Il y en a un

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» que je te garde; le voilà, et souviens-toi de » moi. » En disant ces mots, il lance un javelot contre le Frank; celui-ci pare le coup avec son bouclier, et s'adressant à Morman : « Breton, » dit-il, j'ai reçu ton présent, reçois à ton tour >> celui du Frank. » Il pique son cheval, et au lieu de lancer un dard léger, porte à la tempe du chef breton un coup de cette lance pesante dont les Franks sont armés. La lance perce le chapeau de fer du chef, et d'un seul coup le renverse à terre. Alors le Frank saute à bas de son cheval et tranche la tête du vaincu; mais un compagnon de Morman le frappe lui-même par-derrière, et Hossel périť au moment de sa victoire.

>> Le bruit s'est bientôt répandu que le roi des Bretons est mort et que sa tête est dans le camp de César. Les Franks accourent en foule pour la voir on l'apporte toute souillée de sang, et ils appellent Wite-her pour la reconnaître. Wite-her lave la tête, l'essuie, et déclare que c'est bien celle du chef. Les Bretons cédè

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