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sions de séjourner à Boulogne. Faites arrèter Hyde et l'abbé Ratel. Donnez des instructions pour faire aussi arrêter Montjoie, qui finira par se présenter sur le Rhin.

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Monsieur Talleyrand, Ministre des relations extérieures, je désire que vous me fassiez un rapport sur les demandes de médiation que me fait la Maison de Hesse-Rothenbourg. Répondez à Bacher que mon intention est de ne faire aucune espèce de note, quand même le protocole s'ouvrirait en Empire, mais seulement de faire déclarer au ministre de l'empereur que, si l'on ouvre le protocole, on recevra une déclaration imprévue, qui sera fort désagréable à la cour de Vienne, dont le résultat pourra conduire à compromettre le repos dont jouissent les deux États; et qu'alors la cour de Vienne en sera seule la cause, en voulant s'amuser à piquer la France à coups d'épingle. Il doit dire aux ministres électoraux de prendre garde à ce qu'ils font; que la France a montré plus de modération qu'on n'avait droit de s'y attendre; qu'il y a deux mois qu'elle se laisse offenser; que les démarches fausses et petites de la cour de Vienne donneront lieu à une déclaration de l'Empereur des Français, qui déconsidérera le Corps germanique ou troublera le repos dont jouissent les deux Etats; que la première paix s'est faite à Lunéville aux dépens des électeurs ecclésiastiques; que la seconde pourra se faire aux dépens des princes qui ont pris le plus de part à pousser le Corps germanique contre la France. Je désirerais que vous rédigeassiez une note dans ce sens :

« Le soussigné, ministre de S. M. l'Empereur des Français à Ratisbonne, a reçu l'ordre exprès de sa cour de demander à la diète qu'on lève l'incertitude qui est laissée sur les points les plus importants de la constitution germanique par l'oubli qui a été fait d'une partie des déterminations du conclusum de Ratisbonne dans le rescrit impérial. La diète doit trouver naturelle cette sollicitude de l'Empereur des Français, comme voisin de l'empire germanique et ayant avec lui des relations multipliées, comme partie contractante du traité de Lunéville, et au titre qu'a toujours exercé la France de protéger la véritable constitution d'Allemagne et les princes faibles contre l'ambition et l'arbitraire des forts. Sa Majesté l'Empereur des Français ne saurait reconnaître en Allemagne un pouvoir au

dessus de la diète, et moins encore un pouvoir inconnu de tronquer un conclusum, d'en admettre ce qui peut être convenable à l'empereur, et d'en laisser tout ce qu'il peut juger ne pas lui être favorable; s'il en était ainsi, il suffirait d'un simple conseil aulique, il n'y aurait aucun besoin de diète. Le soussigné est également chargé de déclarer que le conseil aulique, étant entièrement dans la dépendance de la cour de Vienne, ne peut être considéré comme tribunal compétent pour juger les différends entre les princes; que, dans cette hypothèse, tout l'Empire serait entre les mains de l'empereur.

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Rédigez cette note en l'adoucissant beaucoup. Il est bon de l'envoyer d'ici à huit ou dix jours. Mon but est de faire entrevoir que j'interviendrai seul dans les affaires d'Allemagne, et que, si la cour de Vienne continue à tenir cette conduite louche, je pousserai la diète contre elle l'épée dans les reins.

Écrivez à M. de Cobenzl une lettre dans laquelle vous lui direz que l'Empereur des Français n'a pu être indifférent aux acquisitions importantes que fait la Maison d'Autriche; que le principe de pouvoir acquérir à prix d'argent, ou par tout autre moyen, des souverainetés, ne peut être admis; qu'elle vient d'acquérir Lindau, et qu'il est question de réunir en Souabe ses possessions pour en faire une sou veraineté; que le but des stipulations de Lunéville et de Ratisbonne a été d'éloigner les frontières des deux États, afin d'éviter le plus possible des discussions; qu'un plan opposé serait tout à fait contraire à l'esprit du traité de Lunéville et à l'intérêt de l'Allemagne, et attirerait la sollicitude de l'Empereur des Français; que vous êtes fondé à penser que les éclaircissements qui vous seront donnés dissiperont les alarmes que j'aurai pu concevoir, et que, par la paix qui a été si heureusement rétablie, mon intention bien prononcée n'a pas été d'empiéter sur l'empire germanique, mais d'en protéger au contraire tous les princes et États.

Quelques jours après, vous ferez remettre une note à M. de Cobenzl, dans laquelle vous lui direz que M. Bacher a porté à ma connaissance la déclaration faite à la diète par le chargé d'affaires de l'empereur; qu'elle a donné lieu à deux observations qui m'ont frappé : la première, qu'il est inconcevable que l'empereur, dont le premier droit né est de demander des éclaircissements sur tout ce qui peut intéresser le Corps germanique, que l'empereur, qui a stipulé à Lunéville pour le Corps germanique sans l'intervention de la diète, fasse une déclaration qui porte que la diète doit demander que l'Empereur des Français donne des éclaircissements sur un fait quelconque; qu'il était plus simple que l'empereur les fit demander; qu'il est vrai en

effet que, s'il ne l'avait pas fait, c'est que déjà il les avait reçus, et que, dans la lettre qu'il écrivit à M. de Cobenzl, et que celui-ci communiqua, il en était positivement question; que, du reste, je ne puis voir dans cette conduite qu'une envie de me tracasser à coups d'épingle, manière indigne de grandes puissances éclairées et voisines, qui devraient avoir appris à se ménager et à traiter les affaires qui les regardent avec plus de sérieux, plus de considération et moins d'incartades; que, si le protocole s'ouvre, l'Empereur des Français ne pourra s'empêcher de dire sa pensée tout entière; et que si, par suite, la cour de Vienne s'en trouve vivement offensée, elle devra se ressouvenir que pendant deux mois l'Empereur des Français a laissé le champ libre à ceux qui ont eu la volonté ou l'intérêt de troubler la paix du continent; que ces observations sont tellement importantes, que vous priez M. de Cobenzl de ne pas différer d'un instant de les porter à la connaissance de l'empereur; que la dernière démarche a remis le continent dans l'incertitude; qu'il faut que cela se décide, et que l'intention de l'Empereur des Français est qu'on lui dise franchement dans quelle situation on veut rester avec lui. Mon intention est effectivement de terminer promptèment les affaires du continent et de n'y laisser rien d'incertain, soit à cause de l'influence qu'elles ont sur les affaires d'Angleterre, soit pour me décider dans mes opérations militaires et maritimes, soit à cause du couronnement.

J'ai vu avec peine, par la correspondance de MM. Champagny et Laforêt, que vous avez écrit à Berlin et à Vienne pour qu'on renvoyât la lettre du comte de Lille. C'est y donner trop d'importance, et c'est une démarche mauvaise, que je ne saurais approuver. L'oubli, le mépris, l'insouciance est le meilleur parti à prendre dans des affaires de cette nature.

J'adhère à la demande de l'archichancelier de l'Empire, et je nomme pour résider auprès de lui M. Portalis, secrétaire de légation à Berlin. Vous verrez, par la réponse que je vous ai autorisé à faire aux ouvertures de Lucchesini, que l'armée du Hanovre ne sera pas augmentée, à moins qu'elle ne soit en danger réel d'être attaquée par les Russes. Quant aux affaires de cet électorat, c'est à lui à nourrir nos troupes. Après la démarche surtout que vient de faire son envoyé à Ratisbonne, il ne faut point ménager cet électorat. Si les États veulent faire un emprunt, je n'ai rien à y faire; mais mon intention est de n'y point intervenir. Vous ferez dire par Durand ou par tout autre, aux députés qu'ils ont à Paris, que j'exige qu'ils rappellent leur envoyé à Ratisbonne; que, sans cela, je les traiterai militairement. Durand ne manquera pas de dire que cette démarche m'a fortement

indisposé contre eux, et que je sais fort bien que, s'ils avaient voulu intervenir, elle n'aurait pas été faite; que, si M. de Reden continue à rester à Ratisbonne, il sera traité comme émigré.

Beaucoup de choses me font penser que la cour de Vienne met plus de duplicité que vous ne croyez dans sa conduite. Elle était instruite de la conjuration; elle élevait le ton en conséquence; Cobenzl à Paris tient plusieurs langages, et c'est par son canal que la correspondance s'est faite longtemps avec Varsovie. Faites répondre, par la même voie dont se sert Lucchesini pour faire ses insinuations, que tout est facile à arranger avec les Russes, hormis les injures et les menaces, qu'il n'est pas dans notre position de digérer.

NAPOLÉON.

Archives des affaires étrangères.

(En minute aux Arch. de l'Emp.)

7907. A L'IMPERATRICE JOSEPHINE.

Calais, 18 thermidor an XII (6 août 1804).

Mon Amie, je suis à Calais depuis minuit; je pense en partir ce soir pour Dunkerque. Je suis content de ce que je vois et assez bien de santé. Je désire que les eaux te fassent autant de bien que m'en font le mouvement, la vue des champs et la mer.

Eugène est parti pour Blois. Hortense se porte bien. Louis est à Plombières.

Je désire beaucoup te voir. Tu es toujours nécessaire à mon bonheur. Mille choses aimables chez toi.

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Calais, 19 thermidor an XII (7 août 1804).

Monsieur Fouché, Ministre de la police générale, je vois dans la Gazette de France que Dessalines a fait une Légion d'honneur. Il serait bon de vérifier si ce n'est pas une mauvaise plaisanterie qu'a voulu faire le journaliste; il me paraîtrait qu'elle serait mal placée.

Je ne vois aucune utilité à faire revenir à Paris des hommes comme Septeuil; il est à Bayonne, qu'il y reste. La présence de personnes de cette espèce est très-nuisible à Paris.

Archives de l'Empire.

NAPOLÉON.

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Calais, 19 thermidor an XII (7 août 1804).

Monsieur Talleyrand, Ministre des relations extérieures, vous avez dù faire connaître à mes ministres près les différentes cours, I la raison pour laquelle la cour de Vienne n'avait pas encore envoyé ses lettres de créance; 2° le langage qu'ils avaient à tenir relativement à la note du cabinet russe à Ratisbonne; 3° la conduite de la cour de Vienne à cette diète. Mon intention est de leur faire connaître aujourd'hui d'une manière précise la raison de la conduite inconcevable de la Russie à Ratisbonne et le langage à insinuer, soit dans les journaux, soit dans la conversation. Il n'y a aucune cour aussi pauvre en hommes que celle de Rússie; Markof y est un aigle; Voronzof est publiquement connu pour être plutôt citoyen anglais que citoyen russe. Depuis longtemps cette clique avait cherché à vendre les intérêts nationaux de la Russie à l'Angleterre; l'évidence de la raison et l'intérêt de la Russie, joints au sens droit de l'empereur Alexandre, avaient toujours maintenu la bonne intelligence avec la France, et leurs intrigues avaient été déjouées. On a trouvé le moyen de surprendre la note qui a été envoyée à Ratisbonne, non comme démarche qui pût faire aucun effet, puisque Ratisbonne n'est rien (une démarche directe à Paris ou à Vienne était plus conséquente), mais pour engager l'empereur, espérant que la France répondrait vivement et que l'empereur se trouverait en guerre avec elle sans s'en douter. La prudence de l'Empereur des Français a déjoué cette basse intrigue. La cour de Russie reste aujourd'hui incertaine; elle commence à s'apercevoir de l'inconséquence de sa démarche; et, dans tout ce qu'elle fait dire à Paris, on ne sait où elle veut aller. Elle a la conscience de son impuissance pour se mêler des affaires de l'Europe; c'est comme si la France voulait se mêler des affaires de la Perse. Tout porte donc à penser qu'une rupture n'aura pas lieu entre les deux puissances. Les gens de bon esprit qui se trouvent à Pétersbourg sentent que cette conduite leur fait perdre toute leur influence, et qu'enfin on ne pouvait mieux expliquer le résultat de toute la conduite de la cour de Russie (soit qu'elle voulût faire la guerre, soit qu'elle restat dans cet état de bouderie avec la France) que par le mot de l'Empereur des Français en lisant la note présentée à Ratisbonne « Ah! a-t-il dit, voilà la prépondérance qu'avait acquise la » Russie en Europe, par sa médiation avec la France à Ratisbonne, » détruite! » Dans le fait, c'est cela seul qu'on peut prévoir. Si la Russie se brouillait avec la France, son impuissance serait telle, que

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