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teuse, et cette irréflexion qui caractérise depuis plusieurs années les démarches du cabinet britannique, l'ont pu seules porter à proclamer un tel blasphème. Eh quoi ! il autorise donc le Gouvernement français à considérer tous les agents du cabinet britannique comme espions et comme des agents de complots et de guerre! et le plus beau caractère, espèce de sacerdoce sacré et environné de toute la vénération des hommes, n'est donc pour le cabinet britannique qu'un voile pour couvrir des complots, des crimes et des subversions! Un ambassadeur est un ministre de conciliation; son devoir est toujours un devoir saint, fondé sur la morale; et le cabinet britannique nous dit que c'est un instrument de guerre, qui a le droit de tout faire, pourvu qu'il ne fasse rien contre le pays dans lequel il est accrédité! Ainsi, dans le sens du Gouvernement anglais, si un ambassadeur anglais pouvait pointer un mortier du milieu de la Bavière, ou de la rive droite du Rhin, pour écraser une ville de France, la France ne devrait point le trouver mauvais, et les électeurs de Bavière, de Bade, de Wurtemberg n'auraient rien à dire, vu qu'il ne fait rien contre le pays dans lequel il est; comme si tout ce qui se fait dans un pays n'était pas soumis à la juridiction du gouvernement du pays, et si la première clause de l'inviolabilité attachée au caractère d'ambassadeur n'était pas qu'aucune nation n'a pu encore supposer qu'il entrât dans ses fonctions de ne rien faire, etc.

La conclusion de cette note, qui doit être faite avec soin, et dans laquelle on observera de répéter autant que possible les propres mots de la note anglaise, doit être que, jusqu'à ce que le Gouvernement anglais ait rétracté de pareils principes, et jusqu'à ce qu'il soit rentré dans les bornes du droit des gens, la France ne reconnaîtra plus de ministres anglais, et se regardera en état de guerre contre eux jusqu'à cinquante lieues des frontières. Le Gouvernement anglais avait donné souvent des preuves d'une politique féroce; mais il appartenait à ces derniers temps de le faire avec autant de niaiserie et d'imbécillité. Prendrait-il les souverains de l'Europe pour autant de nababs des Indes? et croirait-il que la doctrine erronée et absurde que la force a obligé les puissances maritimes d'adopter sur mer puisse l'être sur terre par les nations du continent?

Archives des affaires étrangères. (En minute aux Arch. de l'Emp.)

NAPOLÉON.

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Saint-Cloud, 11 prairial an XII (31 mai 1804)1. Monsieur Decrès, je n'ai pu voir qu'avec beaucoup de mécontentement que, malgré mon intention bien soutenue que les vaisseaux en rade de Brest levassent l'ancre tous les jours, afin d'exercer les équipages, de harceler l'ennemi et de favoriser le passage de la flottille d'Audierne, aucun vaisseau, pendant tout le cours de l'année, n'a appareillé ; de sorte qu'on a permis à l'ennemi de bloquer, avec un petit nombre de bâtiments, une escadre considérable. L'amiral Truguet, dans le compte qu'il vous a rendu, n'ayant justifié par aucune raison suffisante l'inexécution de mes ordres, mon intention est qu'il soit rappelé et remplacé immédiatement par un officier actif, qui ait l'habitude des mouvements, qui soit allé depuis peu à la mer, et qui sache que la perte de plusieurs mois passés dans l'oisiveté est irréparable.

Vous ferez connaître à ce nouvel amiral que des escadres légères doivent journellement harceler l'ennemi, et qu'il convient que tous les vaisseaux, chaque fois que le temps le permet, appareillent et remouillent, ne courussent-ils que quelques bordées. Vous prescrirez que, sous quelque prétexte que ce soit, on ne s'écarte point de ces dispositions. Leur exécution précise produira l'effet qu'on doit se proposer, de tenir en alerte l'ennemi et les équipages en haleine, d'exercer l'armée aux deux opérations les plus difficiles, appareiller et mouiller, et de l'accoutumer à l'ensemble nécessaire pour profiter d'une circonstance favorable.

L'ordre d'appareiller ne sera donné aux escadres légères que par un signal, et l'amiral, dans le compte qu'il vous rendra journellement, fera connaître le temps que chaque bâtiment aura mis à appareiller.

Les bâtiments qui appareilleront seront, autant qu'il sera possible, accompagnés de quelques caïques, dont les vaisseaux fourniront les équipages. Il doit se présenter, dans le cours de l'été, un grand nombre d'occasions où ces caïques pourront être très-utiles.

J'ai ordonné au ministre de la guerre de faire fournir le nombre de soldats nécessaire comme garnison, pour qu'il y ait 200 hommes sur chaque vaisseau de guerre.

Ces hommes seront exercés, indépendamment des manœuvres basses, à nager dans les grandes chaloupes des vaisseaux.

1 Cette lettre, dans le recueil des dépêche originales au ministre Decrès, porte, par erreur, la date du 11 floréal.

L'amiral, pour encourager les soldats, leur fera sentir combien ils se rendront utiles pour la descente, et leur présentera l'exemple des troupes campées sur les côtes, qui passent des journées entières à nager dans les bâtiments de la flottille.

Prescrivez à l'amiral d'accorder des prix aux soldats qui monteront sur les vergues, et faites sentir aux contre-amiraux et aux capitaines des vaisseaux qu'il n'est rien que des chefs ne puissent obtenir des sentiments d'honneur et de l'émulation dont le soldat français est animé. Mettez à la disposition de l'amiral les fonds nécessaires pour ces arrangements. C'est l'occasion de remarquer combien serait stérile l'observation des capitaines qu'ils n'ont pas de matelots, si on ne prenait pas les moyens propres à en former.

Enfin chaque vaisseau doit être approvisionné d'un certain nombre d'obus de 36, chargés avec la roche à feu. L'amiral inspirera confiance aux officiers dans ces mobiles, et en fera tirer fréquemment dans les exercices du canon. Vous lui enverrez une instruction imprimée qui fera connaître la manière de placer l'obus dans le canon, et vous recommanderez de ne se servir d'obus qu'à petites portées. Cette instruction sera mise à l'ordre de l'armée.

Je n'ai pas besoin de rappeler que l'amiral ne doit point avoir de logement à Brest, et qu'il doit passer des mois entiers sans quitter la rade; que les capitaines de vaisseaux ne doivent jamais aller à terre, et que les officiers de corvée doivent toujours être des officiers inférieurs.

Comm. par Mme la duchesse Decres.

NAPOLÉON.

7801. AU MARECHAL SOULT,

COMMANDANT LE CAMP DE SAINT-OMER.

Saint-Cloud, 14 prairial an XII (3 juin 1804).

Mon Cousin, je reçois le compte que vous me rendez des chaloupes canonnières de la Garde. Elles seront jointes à Boulogne par 27 autres qui vont partir du Havre sous le commandement du capitaine Daugier, et qui formeront une belle division de 36 chaloupes canonnières et de 36 péniches. L'artillerie doit avoir des pièces de 24 légères. On peut de préférence les placer sur les chaloupes canonnières de la Garde.

Faites connaître au général Legrand et au chef de bataillon Cuny que je leur ai accordé ce qu'ils me demandent, et que j'en ai fait sur-le-champ expédier l'ordre.

Sans ce misérable procès, je serais déjà au milieu des camps. Les débats sont publics depuis quatre jours. J'espère que, dans sept ou huit jours, tout sera fini. J'imagine qu'on aura fait courir au camp, comme à Paris, des bruits de guerre continentale. Cela serait fàcheux sous le seul point de vue que cela pourrait détourner notre attention de l'Angleterre, car malheur à ceux qui nous chercheraient ! Par les recensements, que j'ai fait faire aujourd'hui, des hommes présents sous les armes, il résulte que j'ai 60,000 hommes de plus qu'en nivôse an IX, moment où nos armées étaient au plus haut degré de prospérité et de force. Mais toutes ces forces, que je compte encore augmenter de la conscription de l'année prochaine, ne nous seront point nécessaires. Le Corps germanique, l'Autriche, la Prusse, marchent au mieux avec nous. Quelques allures anglaises out fait faire une fausse démarche à la Russie, qui a porté le deuil du duc d'Enghien, ce qui a fait ressouvenir l'Europe de l'assassinat de Paul Ier qu'on commençait à oublier.

Nous commençons enfin à être, du côté de la mer, dans une position respectable, tant par la flottille que par nos gros vaisseaux de guerre.

Je désire que vous visitiez vous-même les biscuits et les vins, surtout ce qui est le plus anciennement dans les magasins, pour vous assurer que rien n'est gâté.

Je désire également que tous les bataillons soient complétés à 800 hommes par les 3es bataillons, et que vous me fassiez connaître si tous les avirons sont installés à bord des bâtiments de la flottille de transport, et si tous leurs équipages sont en règle et en état. NAPOLÉON.

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Saint-Cloud, 17 prairial an XII (6 juin 1804). Le ministre du trésor public propose Ces vases seront mis à la disde renvoyer au préfet du département position de l'archevêque-cardinal de Jemmapes quatorze vases d'argent qui ont servi au culte de l'église de comme don fait par l'Empereur à l'église métropolitaine de Paris. NAPOLEON.

Tournay.

Archives des finances.

7803.

AU CONTRE-AMIRAL VER HUELL.

Saint-Cloud, 19 prairial an XII (8 juin 1804).

Monsieur le Contre-Amiral Ver Huell, mon intention est que vous

fassiez venir la troisième partie de la flottille batave, comme vous le jugerez à propos, de manière à la réunir le plus promptement possible à Ostende. Faites également venir à Ostende tous les bâtiments bataves de la flottille de transport, afin que la flottille' batave puisse embarquer tout le corps d'armée du maréchal Davout, cavalerie, infanterie et bagages.

Archives de l'Empire.

7804.

NAPOLÉON.

-A M. CAMBACÉRÈS, ARCHICHANCELIER DE L'EMPIRE.
Saint-Cloud, 20 prairial an XII (9 juin 1804).

Mon Cousin, les juges sont entrés ce matin à huit heures en délibération. Dans cet intervalle, Rivière, Armand de Polignac et Bouvet de Lozier ont déclaré que leurs défenseurs les avaient trompés : qu'ils leur avaient dit qu'en sauvant Moreau on obligerait la cour à déclarer qu'il n'y avait pas de conspiration, et que, par là, on les sauverait tous. Ils s'attendaient donc que la cour resterait convaincue qu'il n'y avait pas eu de conspiration, et c'est dans ce sens que, pendant les débats, depuis Georges jusqu'au dernier accusé, ils avaient tous parlé dans le même sens. La contenance de la cour les a détrompés, et ils ont vu que la manière dont ils s'étaient conduits sauverait Moreau et non pas eux. Soit ces raisons, soit toute autre, ils ont fait demander le juge instructeur pour lui faire de nouvelles déclarations. Le juge instructeur, étant en séance, n'a pu les recevoir. M. Réal a envoyé quelqu'un, et il paraît qu'ils ont déclaré qu'au lieu de trois entrevues entre Pichegru et Moreau il y en avait eu cinq, et, enfin, qu'ils ont fait de nouvelles charges. Je désirerais que vous envoyassiez auprès du procureur général, lequel se rendrait à la prison, vu que les juges sont en délibération, demanderait l'entrée à la séance, et déclarerait à la cour qu'il a à lui dénoncer un nouvel ordre de choses, la conduite tenue envers les accusés et leurs nouvelles déclarations. Vous sentirez l'importance de ces démarches, surtout après ce que vous dira Savary. Dans tous les cas, il me paraît convenable que le procureur général prenne connaissance des derniers faits et les dénonce à la cour. Du reste, cette matière ne m'est point assez familière pour que je puisse commander votre opinion. Mais, dans une conspiration contre l'État, les sentences n'étant point encore prononcées, il doit dépendre de la cour de se remettre en séance, et, enfin, la dénonciation faite par le procureur général, ne fût-elle que par écrit, à la cour réunie, aurait l'effet d'être jointe

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