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social a été violé, était hautement professée. Londres retentissait des déclamations des prêtres que la protestation de quelques évêques dissidens encourageait à la désobéissance au Saint-Siège, en les éloignant des fonctions. évangéliques auxquelles ils étaient rappelés, et par le chef du gouvernement et par le souverain pasteur. Les pamphlets les plus virulens contre la personne et la famille du premier Consul, publiquement imprimés en Angleterre, et circulant sous l'égide de la liberté de la presse étaient clandestinement introduits en France, et colportés dans toute l'Europe.

,

Les journaux réputés officiels, quoique avec des couleurs moins tranchantes, prenaient de jour en jour un ton plus hostile, et s'attachaient à grossir les nuages que cette de plume élevait entre les deux gou

guerre

vernemens.

Ces artisans de discorde ne pouvaient choisir un plus sûr moyen de la faireéclater: le premier Consul, blessé de ces outrages, ne tarda pas à récriminer. Le 2 juin 1802, deux mois

seulement après la signature du traité d'Amiens, le Moniteur dans un article évidemment dicté par Bonaparte, rapporta les faux bruits qu'on affectait de répandre à Londres sur la sûreté de sa personne. Il se plaignait amèrement des placards incendiaires jetés sur les côtes de Bretagne; il reprochait au lord-maire d'avoir admis à sa table, en présence du prince régent et de l'ambassadeur français, le jeune duc d'Orléans revêtu des décorations de l'ordre du Saint-Esprit.

L'article était terminé par les réflexions suivantes.

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<< Une marche aussi contraire aux articles » du traité de paix, aux déclarations journa>> lières des ministres, à la conséquence que chaque gouvernement doit mettre dans sa >> conduite, ne peut s'expliquer que par l'exis >>tence de factions et de partis qui agissent >> en sens opposé. Que l'on compare, ajoutait» il, le discours du citoyen Gallois ( rappor>>teur de la commission du Tribunat, chargée » de l'examen du traité d'Amiens) à ceux de >> MM. Wyndham et Grenville; que l'on

>> compare le ton sage et mesuré que pren» nent tous les écrivains français, avec le ton » furibond et mal intentionné du plus grand >> nombre des feuilles anglaises, et l'on re>> connaîtra que les unes expriment les sen>> timens d'un peuple qui aime et qui veut la >> paix, et que les autres secondent un parti >> ennemi de la paix du monde. »

Le Times, journal anglais, qu'on regardait comme l'organe le plus confidentiel du département des affaires étrangères, releva avec aigreur ces observations.

Dans la première partie de cette réfutation, on s'étonnait que le gouvernement français donnât une attention sérieuse à des bruits vagues qui avaient été reçus partout avec une juste méfiance. Leur fausseté même, disait-on, devait les faire mépriser: mais, sous le voile d'une modération affectée, on énumérait avec une perfide complaisance les actes arbitraires imputés au premier Consul, tels que l'emprisonnement d'un général, le bannissement d'un auteur dramatique, et quelques autres. On s'appuyait sur ce que

des bruits non moins sinistres que ceux que les journaux anglais avaient accueillis, sem. blaient avoir trouvé crédit même en France, où le gouvernement s'occupait de les démentir. On donnait une grande importance à de prétendues conspirations, à des projets insensés par lesquels des agens subalternes et des espions cherchaient à faire valoir leurs vils services; on rapportait de vains discours, des démarches inconsidérées de quelques principaux chefs de l'armée, à l'occasion du concordat, et de la faveur avec laquelle les ecclésiastiques rappelés étaient accueillis. On ne concevait pas que le chef de la république française eût pu considérer un acte privé, tel que le dîner donné par le lord-maire, et les qualités et les décorations des convives, comme un sujet digne d'exciter l'intérêt national; et d'ailleurs, ajoutaient en la terminant les rédacteurs de cette réplique semiofficielle,

« Si le procédé du lord-maire, en intro>> duisant le duc d'Orléans dans la compa>> gnie de M. Otto, a malheureusement été

» >> repréhensible aux yeux du gouvernement » français, ce procédé néanmoins doit être >> amplement compensé par la promptitude >> que les ministres du Roi ont apportée à >> satisfaire aux désirs du premier Consul, à » l'égard des princes de la maison de Bour>> bon. Lorsque le Stathouder fut sur le point » de quitter l'Angleterre, il fut fait une de>> mande de la part du ci-devant comte d'Ar» tois, afin d'obtenir le palais de Hampton» cours pour sa résidence ; mais la demande » fut refusée dans la vue d'éviter tout om>> brage au gouvernement français ; et Mon>> sieur a été obligé de retourner à Holywod » house. »

Quelque légers que dussent paraître les motifs de ces récriminations, comme les destinées des états de l'Europe étaient attachées au maintien de la bonne harmonie entre les deux grandes puissances, cette première manifestation de leur mésintelligence attira les regards de tous les souverains. L'entrevue de l'empereur Alexandre et du roi de Prusse à Memel, à cette même époque, donna lieu

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