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quiétudes; on simula des dangers sur lesquels on établit la nécessité d'un état de paix tel, qu'il était un signal permanent d'hostilités nouvelles. On tint en réserve, on stipendia ces vils scélérats qui avaient déchiré le sein de leur patrie, et qu'on destine à le déchirer encore. Vains calculs de la haine ! ce n'est plus cette France divisée par les factions et tourles par c'est la France rendue à la tranquillité intérieure, régénérée dans son administration et dans ses lois, prête à tomber de tout son poids sur l'étranger qui osera l'attaquer et se réunir aux brigands qu'une atroce politique rejetterait encore sur son sol, pour y organiser le pillage et les assassinats.

mentée

orages;

Enfin un message inattendu a tout à coup effrayé l'Angleterre d'armemens imaginaires en France et en Batavie, et supposé des discussions importantes qui divisaient ces deux gouvernemens, tandis qu'aucune discussion n'était connue du gouvernement français.

Aussitôt des armemens formidables s'opèrent sur les côtes et dans les ports de la Grande-Bretagne; la mer est couverte de vaisseaux de guerre, et c'est au milieu de cet appareil que le cabinet de Londres demande à la France l'abrogation d'un article fondamental du traité d'Amiens.

Ils voulaient, disaient-ils, des garanties nou

velles, et ils méconnaissaient la sainteté des traités, dont l'exécution est la première des garanties que puissent se donner les nations.

En vain la France a invoqué la foi jurée; en vain elle a rappelé les formes reçues parmi les nations, en vain elle a consenti à fermer les yeux sur l'inexécution actuelle de l'article du traité d'Amiens dont l'Angleterre prétendait s'affranchir; en vain elle a voulu remettre à prendre un parti définitif jusqu'au moment où l'Espagne et la Batavie, toutes deux parties contractantes, auraient manifesté leur volonté ; vainement enfin elle a proposé de réclamer la médiation des puissances qui avaient été appelées à garantir, et qui ont garanti en effet la stipulation dont l'abrogation était demandée. Toutes ces propositions ont été repoussées, et les demandes de l'Angleterre sont devenues plus impérieuses et plus absolues.

Il n'était pas dans les principes du gouvernement de fléchir sous la menace; il n'était pas en son pouvoir de courber la majesté du peuple français sous des lois qu'on lui prescrivait avec des formes si hautaines et si nouvelles. S'il l'eût fait, il aurait consacré pour l'Angleterre le droit d'annuler, par sa seule volonté, toutes les stipulations qui l'obligent envers la France. Il l'eût autorisée à exiger de la France des garanties nouvelles, à la moindre alarme qu'il lui aurait plu de se forger; et de là deux nou

veaux principes qui se seraient placés dans le droit public de la Grande-Bretagne, à côté de celui par lequel elle a déshérité les autres nations de la souveraineté commune des mers, et soumis à ses lois et à ses règlemens l'indépendance de leur pavillon. Le gouvernement s'est arrêté à la ligne que lui ont tracée ses principes et ses devoirs. Les négociations sont interrompues et nous sommes prêts à com

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battre si nous sommes attaqués.

Du moins nous combattrons pour maintenir la foi des traités, et pour l'honneur du nom français.

Si nous avions cédé à une vaine terreur, il eût fallu bientôt combattre pour repousser des prétentions nouvelles; mais nous aurions combattu déshonorés par une première faiblesse, déchus à nos propres yeux et avilis aux yeux d'un ennemi qui nous aurait une fois fait ployer sous ses injustes prétentions.

La nation se reposera dans le sentiment de ses forces: quelles que soient les blessures que l'ennemi pourra nous faire dans les lieux où nous n'aurons pu ni le prévenir ni l'atteindre, le résultat de cette lutte sera tel que nous avons droit de l'attendre de la justice de notre cause et du courage de nos guerriers.

Le premier Consul, signé BONAPARTE.

Par le premier Consul :

Le secrétaire d'état, signé H. B. MARET.

Rapport fait au premier Consul par le colonel Sébastiani.

LE 16 septembre 1802 je me suis embarqué à Toulon, à bord de la Cornélie; le 30 je suis arrivé à Tripoli; j'ai écrit de suite au baron de Céderstrom, contre-amiral suédois, ainsi qu'au ministre du pacha, pour leur offrir ma médiation, afin de terminer les différends élevés entre la cour de Suède et la régence. Ma médiation a été agréée; le ministre et le contre-amiral se sont rendus à la maison commissariale de France, et nous avons entamé la négociation. Les deux parties étaient fort éloignées : le pacha demandait une somme très - considérable, et une augmentation dans la rétribution annuelle. Il s'appuyait d'un traité fait, il y a deux ans, par un envoyé du roi de Suède, qui lui assurait un payement de 245 mille piastres fortes et une annuité de 20 mille : il ajoutait que deux ans de guerre l'avaient obligé à des dépenses extraordinaiet qu'il usait de modération en se conformant au traité dont il est question...... M. de Cederstrom n'offrait, au nom de sa cour, que 100 mille piastres pour le rachat des esclaves suédois qui étaient au nombre de cent cinquante, et une annuité de cinq mille piastres. Après beaucoup de débats, je parvins à leur faire signer un traité qui fixe le payement de la rançon à 150 mille piastres, et l'annuité à 8 mille,

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Le 1er octobre je fus présenté, avec beaucoup de pompe, au pacha, qui me reçut de la manière la plus distinguée. L'échange des ratifications du traité de paix eut lieu, et la république italienne fut solennellement reconnue. Je fis arborer son pavillon sur la maison commissariale de France, et il fut salué, par la frégate et par la place, de vingt-un coups de canon.

Ce ne fut pas sans difficulté que le pacha consentit à reconnaître cette république. Il craignait que toute l'Italie ne fut comprise dans cette nouvelle république, et qu'il ne fût par conséquent obligé de respecter indistinctement tous les bâtimens de commerce de cette partie de l'Europe; ce qui aurait détruit sa marine. Je lui donnai les explications nécesssaires, et particulièrement celles qui étaient à la portée de son esprit, et il me répondit : « Enfin je » vois que je puis être en paix avec la république >> italienne, sans trop blesser mes intérêts; mais cela >> fût-il encore plus difficile, je le ferai, puisque le > grand Bonaparte le désire! »

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Le pacha de Tripoli est un homme brave et entreprenant, ami des Français. Les Anglais ont fourni des secours à son frère, qui est dans ce moment à Derne sans moyens et sans crédit. Son projet serait de soulever le pays contre le bey.

Les affaires politiques et admininistratives de la

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