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» mines, aux établissemens d'instruction et » d'humanité qui exigent des forces collec>>tives dirigées par une seule main. Les con»stitutions à établir pour chaque canton se>>raient autant de sujets de discorde, et pro»voqueraient des troubles civils et reli» gieux. Il nous faudrait appeler l'étranger » pour apaiser nos querelles, et malheur >> au peuple qui a recours à l'étranger pour >> arranger ses affaires intérieures! Tantôt >> les partisans de la France, tantôt les adhé >> rens de l'Autriche, et toujours des ministres

» étrangers seront nos maîtres sous le titre » de médiateurs, et la Suisse finira par subir » le sort de la Pologne. »

Les fédéralistes, au contraire, soutenaient que la force de la Suisse consistait dans cette diversité de formes à laquelle on imputait sa faiblesse; ils rappelaient la paisible prospérité dont elle avait joui sous le régime de ses anciennes lois ; ils nommaient destruction ce que les unitaires appelaient réforme ; ils observaient, dans l'intérêt même de la France, que l'unité du gouvernement serait

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un moyen de se soustraire à son influence. « Ce gouvernement, disaient-ils, entretien» dra des agens dans les cours mieux in»struit, sans doute, des mouvemens qui » s'opéreront dans les cabinets, il se déci>> dera plus promptement, et ouvrira le pays >> à l'ennemi avant que les Français aient pu >> le devancer. Les cantons fédérés, au con>> traire, délibéreront plus lentement, et >> leur hésitation ou la divergence de leurs >> résolutions serviront mieux la politique » de la France. >>

Des hommes sages qui n'adoptaient, entre les motifs allégués par les partis extrêmes, que ceux que la saine raison pouvait approuver, faisaient remarquer que de nouveaux intérêts étaient nés de la révolution ; que l'abolition des priviléges et de l'hérédité était devenue nécessaire ; que la révolution avait fait disparaître les principales différences entre les cantons, et donné plus de consistance à l'ensemble de la nation; qu'on pourrait conserver quelques principes de fédéralisme, mais qu'il fallait les rattacher plus fortement

à un point central; ils voulaient que ce lien, assez fort pour vaincre les résistances, cédât pourtant aux modifications exigées par les localités, et que des institutions sagement combinées pussent agir insensiblement comme la nature.

Le premier succès des oligarques ayant mis ainsi toutes les passions en mouvement, Aloys Reding craignit que le premier Consul n'en prît avantage pour s'immiscer dans l'arrangement des affaires intérieures de la Suisse, sans tenir compte de la clause du traité de Lunéville; il se rendit à Paris, dans l'espoir de persuader au premier Consul que la grande majorité de la nation désirait le rétablissement intégral des anciennes constitutions, et qu'il devait y prêter son appui.

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Cette démarche hardie déplut; ce soi-disant plénipotentiaire fut accueilli froidement aux Tuileries ; plus il découvrit son caractère entreprenant, moins il inspira de confiance le premier Consul ne voulait pas qu'on imitât son exemple, et que des coups

d'état, frappés par d'autres mains que la sienne, terminassent les révolutions profitables à sa politique : les hommes qui relevaient en Suisse les vieilles bannières de l'indépendance ne pouvaient lui convenir; il devait préférer de voir à la tête des affaires ceux que les derniers événemens avaient liés à sa fortune.

Cependant, la Suisse n'étant point encore assez agitée pour que la France pût intervenir avec éclat, le premier Consul, après avoir entendu les représentations d'Aloys Reding, déclara qu'il ne prendrait à cette affaire qu'une part officieuse, et telle que pouvait le luipermettre le texte du traité de Lunéville: il exprima seulement le désir de voir rétablir la paix intérieure par la fusion des partis, en remplaçant, dans la commission exécutive, six membres de l'ancien gouvernement, par un égal nombre de ceux qui s'étaient montrés partisans de la révolution.

Mais cette application du système français, au lieu d'aplanir les obstacles, devait les rendre presque insurmontables pour le

faire réussir en France, il n'avait fallu rien moins qu'un concours d'événemens miraculeux, le prestige de la gloire, l'entière disposition de la force armée, et la tendance de l'opinion générale vers le gouvernement monarchique, sous quelque forme qu'il parût modifié la malheureuse Helvétie n'offrait aucune analogie avec cette situation; Aloys Reding fût-il retourné dans sa patrie avec le désir sincère de seconder franchement les vues du premier Consul, il ne pouvait qu'y porter de nouveaux élémens de discorde.

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Le choix des membres du gouvernement provisoire fut, tel que le gouvernement français l'avait indiqué. Le plan d'une nouvelle constitution occupa trois mois les délibérations du sénat. Quoique fondée sur les principes du fédéralisme, elle fut agréée par la majorité, et Aloys Reding, en qualité de président de la commission exécutive, ajourna le sénat.

Les unitaires, secrètement encouragés par l'agent français Verninac, profitèrent de cet ajournement pour reprendre leurs avan

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