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Soutienne et dirige ses pas;
Minerve, couvre-le de l'immortelle égide;
Thémis, qu'à ses décrets ton équité préside;

Sage aux conseils, invincible aux combats,
De son père toujours que l'exemple le guide.

Le front ceint d'olivier, et le myrte à la main, Chantez, muses, chantez les doux fruits de l'hymen.

O d'un père immortel l'espérance et la joie,
Quel immense avenir devant toi se déploie !
Tu règnes, en naissant, sur la cité de Mars;
Sur la ville sacrée

Souveraine des rois, des mortels adorée,
Fille de Romulus et mère des Césars!
Puissante par la guerre, illustre par les arts,
Rome enchaîna le monde à son char de victoire;
Les jours de son antique gloire

Vont luire encor sur ses remparts;
Et sous tes lois l'aigle romaine
Suivant d'un vol audacieux

L'aigle française aux rives de la Seine,
Avec elle reprend son essor vers les cieux;
Mais Lutèce, rivale et de Rome et d'Athène,
Lutèce, ton berceau, dont les vœux en ce jour
Devancent ton aspect, précèdent ta naissanc®,
Doit obtenir de ton enfance,

Et les premiers regards et le premier amour.
C'est elle dont la voix fait redire à la France :

Le front ceint d'olivier, et le myrte à la main, Chantez, muses, chantez les doux fruits de l'hymen.

Comme un astre nouveau qui lorsque les tempêtes
Cessent de régner dans les airs,

S'élève radieux au-dessus de nos têtes,
Et vient par son aspect rassurer l'univers,
Parais, enfant, notre espérance,

Enfant, heureux soutien des destins de la France;
Sur ton front que la majesté,
Que la grâce dans ton sourire,

Dans tes regards que la bonté,

De tes nobles parens qu'on chérit, qu'on admire,
Rendent les traits divins à notre œil enchanté :
Que leurs leçons instruisent ton jeune âge;

Des vertus unis l'héritage

A l'héritage des grandeurs;

Soumets les volontés, en captivant les cœurs;
Sur l'amour fonde ta puissance;
Des attraits de la bienfaisance,
Orne le diadème; ajoute à sa splendeur
Le doux éclat de la clémence ;
Des travaux paternels atteignant la hauteur,
Eternise la paix, présent de la victoire,
Et que, par toi, le siècle de la gloire
Soit toujours celui du bonheur.

(Journal de l'Empire, du 25 décembre 1810.)

STANCES LYRIQUES A L'EMPEREUR ALEXANDRE.

Aux bords où la Seine enchaînée
Roulait des flots teints du sang de ses fils,
L'airain tonnait sur la ville d'Isis,

Au bruit des combats consternée.
Comment le calme dans les airs
A-t-il remplacé les tempêtes?
Comment un jour pur sur nos têtes
Brille-t-il après les éclairs?

Du nord un brillant météore,
Environné de l'éclat le plus doux,

Se montre aux cieux, versant ses feux sur nous;

Du bonheur nous voyons l'aurore:

La cité que Pierre éleva

Avec Paris fait alliance;

Et l'olivier croît pour la France

Sur les rives de la Névą.

Des Czars héritiers magnanime,

Libérateur des Français asservis,

Tous les bienfaits dont nos maux sont suivis,

De tes mains sont le don sublime.

Ta gloire, fille des vertus,

A l'amour a droit de prétendre;
Et les cœurs, au nom d'Alexandre

Ajoutent celui de Titus.

{ Almanach des Muses, 1815.)

LE TOMBEAU DE LOUIS XVI ET DE MARIE

ANTOINETTE,

AU CIMETIÈRE DE LA MADELEINE.

Sous ce gazon qu'un simple arbuste
Couvre de ses jeunes rameaux,

Des rois repose le plus juste,
Privé du faste des tombeaux.

Nous, qui d'une race adorée
Avons gardé le souvenir,
Allons sur sa tombe sacrée,
Et le pleurer et le bénir.

Mais quelle cendre à sa poussière
S'unit en ce lieu solennel?
C'est d'une reine épouse et mère
Ce qui n'a pu monter au ciel.

Dans la grandeur, dans l'infortune,
Le destin voulut les unir;

La tombe encor leur est commune;
Sur leur tombe allons les bénir.

Honneur à la vertu modeste,
Au courage religieux

Qui de nos rois garda le reste
Comme un dépôt reçu des cieux.
Pieux sujet (1), ton nom s'élance
Vers les tribus de l'avenir;
Et de Louis et de la France
Le cœur s'empresse à te bénir.

(Almanach des Muses, 1815.)

Quand il s'agit de louer, M. Vieillard sait prendre tous les tons, depuis l'épitre au roi Louis XVIII et à S. A. R. Madame la duchesse d'Angoulême ; Saint-Lo, imprimerie de J. Elie; jusqu'à la réparation à neuf du malheureux opéra intitulé le Triomphe de Trajan, que M. Vieillard arrangea, retoucha, adapta, tant bien que mal, aux circonstances, rendit en un mot le plus supportable qu'il put. Etait-ce pour rendre encore un hommage à Napoléon, en faisant conti

(1) M. Decloseaux, propriétaire du cimetière de la Madeleine.

et

nuer la représentation d'une pièce composée pour le louer, ou bien était-ce pour comparer le roi à Trajan? Quoi qu'il en soit, M. Vieillard, le 20 mai 1814, s'empressa d'avoir l'honneur d'offrir et de présenter à S. A. R. Mgr le duc de Berry, un exemplaire du poëme mutilé. (Journal des Débats, du 1er juin 1814.) On assure que S. A. remercia M. Vieillard de lui avoir fait connaître le poëme d'Esmenard. VIGÉE (L.-J.-B.-E.). Le poëte Lebrun, de caustique mémoire, se demandait dans un distique si M. Vigée était un aigle, ou un cygne. S'il nous avait fait cette question, nous lui aurions montré, pour toute réponse, le titre de notre dictionnaire. Le public ne se souvient peut-être plus (et rien n'est plus simple) que M. Vigée a fait cing ou six pauvres pièces de théâtre, qui sont en général de la force de la Princesse de Babylone, OPERA, qu'il faut bi en se garder de confondre avec le joli conte de Voltaire. En 1784, M. Vigée était secrétaire du cabinet de Madame; et c'est encore ému du souvenir de cette princesse, qui l'avait comblé de bienfaits, qu'il composa les vers suivans :

LA LIBERTÉ.

Ode.

QUELLE est cette fière déesse,
Qui se révèle à l'univers?
Autour d'elle je vois des fers
Brisés par sa main vengeresse.
La tyrannie, à son aspect,
Sur son trône craint et chancelle,
Et les peuples au devant d'elle
Courent, saisis d'un saint respect.

Fille auguste de la nature,
Liberté ! je te reconnais.

Tu viens combler de tes bienfaits
La race présente et future.
Le Français, au seul nom de roi -
Soulevé contre un long outrage,
S'indigne de son esclavage;
Le Français est digne de toi.

Quatorze siècles d'ignorance
Sous le joug le tenaient courhé;

De ses yeux le voile est tombé :
Un nouveau jour luit pour la France.

Les temps, les esprits sont changés :
Plein de ta présence divine,

Le peuple a jusqu'en sa racine
Sappé l'arbre des préjugés.

Eh quoi! l'homme à l'homme osait dire :

« Je suis né roi, tout m'est permis.

>> Je parle : baisse un front soumis;
» Obéissance à mon empire!
Tremble d'opposer à ma voix
>> Une résistance insensée;
> J'enchaîne jusqu'à ta pensée,
» Et mes seuls désirs sont tes lois. »

Honte éternelle de nos pères !
Par un tel langage insultés,
Tour-à-tour vendus, achetés,
Ils n'ont point vengé leurs misères !
Non, cet honneur nous était dû :
Grâce à sa raison qui l'éclaire,
La nation se régénère,
Le despotisme est confondu.

Tombez, murailles insolentes!
Écroulez-vous, affreux remparts
Qui dérobiez à nos regards
Tant de victimes innocentes!
Que maintenant notre œil surpris,
Après votre chute superbe,
Reconnaisse à peine sur l'herbe
L'empreinte de vos longs débris!

Vous que le temps en vain révère,
Bronzes et marbres imposteurs,
Consacrés par de vils flatteurs
Aux vils despotes de la terre,
Rempez à nos pieds, abattus.
Vous, pour épurer nos hommages,
Elevez-vous, nobles images
Et des talens et des vertus.

Attentive à ta voix chérie,
Sur tes pas, sainte liberté,

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