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pour être fabriqué, et l'argent remis au payeur de la garnison pour sa subsistance; qu'on laisserait, tant à l'église Saint-Jean qu'aux autres églises, ce qui serait nécessaire pour l'exercice du culte.

Bertholet, Poussielgue et Estève, vaquèrent à ces opérations, et ne purent partir de Malte, que trois jours après la flotte. Ils laissèrent, au payeur de l'île, pour le service de la garnison, une partie d'or et d'argent qui lui produisit la somme de. 553,810 fr.

Le reste les suivit et rendit à l'armée, dans les ventes qui en furent faites, au Kaire, à l'encan ou à la monnaie.

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671,120 1,224,930 fr.

Voilà à quoi se réduisit cet immense trésor qui, suivant certains écrivains, avait tant excité la cupidité du Directoire et de Bonaparte, et sur lequel ils avaient calculé pour subvenir aux frais de l'expédition.

Bonaparte excepta de l'ordre qu'il avait donné aux chevaliers d'évacuer l'île, ceux qui n'étaient pas profès et qui seraient mariés à Malte; ceux qui auraient des possessions particulières dans l'île de Malte; ceux qui y auraient établi des manufactures, des maisons de commerce; enfin, ceux qui étant connus par leur attachement à la République, devaient être regardés comme citoyens de Malte.

Les chevaliers français étaient au nombre de trois cents. Il y en avait quatorze qui, un mois avant l'arrivée des Français, avaient fait des dons

patriotiques pour les frais de la descente en Angleterre; il en envoya la liste au Directoire. Il laissa la faculté à ceux qui avaient plus de 60 ans de rester à Malte, et emmena avec lui tout ce qui en avait moins de 30. Tous les autres se rendirent à Antibes, pour rentrer chez eux, conformément à la capitulation, pourvu qu'ils n'eussent pas porté les armes contre la France.

Bonaparte expédia un courrier au Directoire, pour l'informer de la prise de Malte et de ses opérations dans cette île, l'adressa à Garat, ambassadeur à Naples, et lui écrivit :

« Je vous prie de donner, à la cour de Naples, une connaissance pure et simple de l'occupation de Malte par les troupes françaises, et de la souveraineté et propriété que nous venons d'y acquérir. Vous devez en même temps faire connaître à S. M. le roi des Deux-Siciles, que nous comptons conserver les mêmes relations que par le passé pour notre approvisionnement, et que, si elle en agissait avec nous autrement qu'elle en agissait avec Malte, cela ne serait rien moins qu'amical.

Quant à la suzeraineté que le royaume de Sicile a sur Malte, nous ne devons pas nous y

ser,

refu

toutes les fois que Naples reconnaîtra la su

zeraineté de la République Romaine '.

Le bailli de Torino Frisari, un des négociateurs de la convention, ne l'avait signée que sauf le droit de haute suzeraineté qui appartenait à son souverain le roi des Deux-Siciles. Bonaparte n'avait pas perdu son temps à contester cette réserve à laquelle,

Je m'arrête ici deux jours pour faire de l'eau, après lesquels je pars pour l'Orient.

Je ne sais pas si vous resterez encore long-temps à Naples; je vous prie de me faire connaître ce que vous comptez faire, et de me donner, le plus souvent que vous pourrez, des nouvelles de l'Eu

rope. »

L'armée n'avait pas servi tout entière à la prise de Malte; et c'était avec douleur qu'une foule de braves s'étaient vus réduits à l'inaction.

« Je m'empresse, écrivait Kléber à Bonaparte, à bord du Francklin, de vous féliciter de la conquête importante que vous venez de faire à la République. Mais moi, puis-je me féliciter d'avoir été témoin aussi passif d'un événement si extraordinaire ? »

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Il lui demandait ensuite la permission pour les savans et artistes embarqués à bord du Francklin, de descendre à terre pour voir la ville de Malte.

Dès les premiers momens de sa victoire, Bonaparte s'empressa de charger tous les agens français d'en propager la nouvelle en Grèce, dans les Échelles du Levant, en Barbarie, et d'en profiter pour encourager les amis de la France, et en imposer à ses ennemis.

« Je vous préviens, écrivait-il aux consuls de Tunis, Tripoli, Alger, que l'armée de la Répu

quoique sur le ton de la plaisanterie, il faisait, par sa lettre, une réponse péremptoire.

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blique est en possession, depuis deux jours, de la ville et des deux îles de Malte et de Goze. Le pavillon tricolor flotte sur tous les forts.

Vous voudrez bien faire part de la destruction de l'ordre de Malte, et de cette nouvelle possession de la République au bey près duquel vous vous trouvez, et lui faire connaître que désormais il doit respecter les Maltais, puisqu'ils se trouvent sujets de la France.

Je vous prie aussi de lui demander qu'il mette en liberté les différens esclaves maltais qu'il avait. J'ai donné l'ordre que l'on mît en liberté plus de 2,000 esclaves barbaresques et turcs que l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem tenait aux galères.

Laissez entrevoir au bey, que la puissance qui a pris Malte en deux ou trois jours, serait dans le cas de le punir, s'il s'écartait un moment des égards qu'il doit à la République 1. »

A cette nouvelle le bey de Tunis rendit en effet à la liberté soixante-six esclaves maltais ou étrangers pris sous le pavillon de l'ordre, dont plusieurs étaient depuis quinze et vingt ans dans les fers. Bonaparte embarqua les esclaves turcs comme matelots.

En même temps il écrivit aussi dans les trois départemens de la Mer Ionienne qui devaient tirer un avantage tout particulier de la conquête de Malte, et au général Chabot, commandant à Corfou, pour leur annoncer que le drapeau de la République flottait sur tous les forts, et que l'ordre

'Lettre du 27 prairial ( 15 juin ).

de Saint-Jean de Jérusalem était détruit; de le faire connaître à tous les Grecs de la Morée et des autres pays, au ministre français à Constantinople, et aux pachas turcs. Il prévenait Chabot que sa division faisait partie de l'armée d'Orient; lui demandait divers comptes et renseignemens; lui recommandait de se mettre en mesure contre l'attaque des Turcs, et de ne pas faire connaître la destination de l'armée ".

Dans cette circonstance, Bonaparte n'oublia pas ce fameux Ali, pacha de Janina, que déjà, lors de l'expédition de Corfou, il avait voulu intéresser à ses desseins. On a vu les recommandations faites alors au général Gentili de caresser ce pacha, les lettres flatteuses que s'écrivirent le général de l'armée d'Italie et Ali-Tebelen, ainsi que le refroidissement qui succéda à toutes ces belles protestations d'amitié, lorsque tous deux virent s'évanouir les espérances qu'ils avaient fondées l'un sur l'autre. Cependant les rapports entre les Français de l'Archipel et le pacha étaient entretenus, et la France ménageait toujours Ali, qu'elle espérait maintenant opposer avec succès à la Porte. Mais on avait trop peu fait pour s'attacher sans retour ce chef aussi habile que rusé. PasswanOglou, pacha de Servie, s'était révolté contre le Grand-Seigneur. Il fut mis au ban de l'empire, et tous les pachas obligés de se rendre au camp ottoman devant Widdin, sur les bords du Danube, où il s'était enfermé. Ali reçut l'ordre de

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