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naparte et le Directoire. Cette mission exigeait de l'habileté; elle était de la plus haute importance; elle fut confiée à Talleyrand auquel on accordait de grands talens diplomatiques. Ce fut dans la confiance de voir les négociations seconder son entreprise que Bonaparte mit à la voile.

En attendant le départ de l'ambassadeur, pour imposer à la Porte, on envoya des agens et même un certain nombre d'officiers à Passwan-Oglou, qui avait, en Servie, levé l'étendard de la rébellion. Le général Chabot, commandant à Corfou, reçut l'ordre de s'aboucher avec Ali, pacha de Janina, et de sonder ses dispositions. Le moyen était-il bien choisi pour rendre la Porte favorable à l'expédition d'Égypte?

Les journaux annoncèrent la nomination de Talleyrand à l'ambassade de Constantinople, et son remplacement au ministère par François de Neufchâteau, directeur sortant; mais il ne partit pas. Peu curieux de changer son ministère contre une ambassade qui pouvait le mener aux SeptTours, il s'en déchargea sur Descorches qui avait été déjà ministre plénipotentiaire près la Porte Ottomane. L'on verra plus tard que cette ambassade fut différée et n'eut aucun résultat.

I

Moniteur, 4, 10 prairial, 17 fructidor an vi.

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Navigation de la flotte.-Force de l'armée navale et de l'armée de terre.-Prise de Malte.-Organisation civile et militaire.— Mission de Lavalette auprès d'Ali-Pacha.-La flotte remet à la voile.-Mouvemens des Anglais dans la Méditerranée.

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L'armée était partie de Toulon au bruit répété du canon des batteries et de tous les vaisseaux. Le temps était superbe et le vent favorable. L'escadre rangea les côtes de Provence jusque vers Gênes, et rallia le convoi parti de cette ville. Elle tourna ensuite vers le Cap Corse, y fut rejointe par le convoi d'Ajaccio. Elle attendit inutilement plusieurs jours celui de Civita-Vecchia. On a vu quelle importance Bonaparte attachaít à cette partie de l'armement, ses instructions à Desaix, la route qu'il lui avait tracée. L'amiral Brueys expédia la frégate l'Arthémise à la recherche de ce convoi, et lassé d'attendre son retour, se dirigea sur l'île de Malte.

Pendant cette traversée, Bonaparte avait de fréquentes conférences avec les principaux officiers de l'état-major, les chefs de service et les savans attachés à l'expédition, dont une partie était à bord de l'Orient. Avant le départ de Toulon, une bibliothèque avait été formée par les soins d'Arnault, pour l'usage du général Bonaparte.

Outre les classiques et les ouvrages sérieux qu'il s'était réservés, on y avait compris des romans, pour aider les jeunes généraux ou officiers de l'état-major, Lannes, Junot, Eugène Beauharnais, à supporter l'ennui de la traversée. Le soir on se rassemblait chez le général Bonaparte pour faire une lecture, et l'on préludait dans cette réunion à ces séances de l'institut d'Égypte, qui ont jeté tant d'éclat sur cette glorieuse expédition. A peine la lecture était-elle commencée, que Bonaparte l'interrompait et donnait le signal de la discussion. Elle était vivement soutenue par Caffarelli-Dufalga et d'autres officiers, qui joignaient l'instruction aux talens militaires. La plus grande liberté régnait dans ces conversations, animées tout à la fois par les souvenirs des belles campagnes d'Italie et les espérances d'un avenir non moins glor rieux. Elles se prolongeaient fort avant dans la nuit, et quoiqu'elles n'eussent aucun but déterminé et qu'elles s'étendissent à tous les sujets, on peut croire qu'elles étaient pour Bonaparte, un moyen d'étudier de plus près les hommes qui l'entouraient.

Enfin, en approchant de Malte, on fut rejoint par l'Arthémise. Stanglet, qui la commandait, vint à bord de l'Orient rendre compte de sa mission à l'amiral. Brueys était alors avec Bonaparte et plu sieurs officiers dans la salle du conseil. Stanglet fut introduit, et apprit à l'amiral qu'ayant rencontré le convoi, il l'avait escorté vers Malte. Brueys, malgré son caractère indulgent, ne put s'empêcher d'adresser quelques reproches à Stanglet, et

de lui dire qu'il s'était écarté de l'objet de sa mission, qui devait se borner à reconnaître le convoi et à venir lui en rendre compte; qu'il avait fait perdre plusieurs jours à l'armée, pour laquelle le moindre retard pouvait avoir des suites si graves. Stanglet, brave officier, qui avait cru, en escortant un convoi àuquel on attáchait tant de prix, rester dans les limites de sa mission, répondit avec vivacité qu'il était bien pénible pour un officier qui avait fait son devoir et agi pour le mieux, de recevoir de semblables reproches, et qu'il en appelait à la justice du général en chef lui-même.

A ces mots, Bonaparte, qui avait assisté à la discussion sans paraître y prendre part, se leva précipitamment, et, se grandissant de toute cette expression énergique qu'il savait imprimer à sa figure et à son corps dans les situations fortes: «Gardez-vous, s'écria-t-il, d'en appeler à moi, car si j'étais l'amiral, vous seriez traduit sur-lechamp devant un conseil de guerre, pour avoir dépassé vos ordres et compromis le salut de l'ar

mée. »

Stanglet fut accablé de cette sortie, et Bruey's qui savait apprécier les talens et le courage de cet officier, l'un des plus distingués de la flotte. fut obligé d'intercéder pour lui. Ce qui avait surtout indisposé le général, c'est que Arthémise avait été donner sur Malte, et que Murat qui était à bord, avait insisté pour qu'elle passât au vent d'un vaisseau de l'ordre, qui rentrait dans le port; il s'était même fait descendre à terre.

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Ce fut quelques heures après cette scène que l'on rallia sous Malte le convoi de Civita-Vecchia. L'armée navale se trouva alors composée de treize vaisseaux de ligne, dont un de 120 (POrient), deux de 80, et dix de 74 canons; de deux vaisseaux vénitiens de 64 (le Causse et le Dubois), armés en flûtes; de huit frégates de 40 et 36 canons; de six frégates vénitiennes armées en flûtes, deux bricks, des cutters, avisos, chaloupes canonnières et autres petits bâtimens de guerre au nombre de soixante-douze.

Il y avait, dans les trois convois, environ quatre cents bâtimens de transport; et l'on évaluait à dix mille hommes, le total des gens de

mer.

Cette armée navale était commandée par le viceamiral Brueys, ayant sous ses ordres les contreamiraux Villeneuve, Blanquet-Duchayla, Decrès; pour chef d'état-major, le chef de division Gantheaume, et Dumanoir le Peley, commandant le

convoi.

Elle portait l'armée de terre, composée de 32,000 hommes de toutes armes.

On y comptait onze généraux de division: Berthier, chef de l'état-major; Caffarelli-Dufalga, commandant le génie; Kléber, Desaix, Reynier, Dugua, Vaubois, Bon, Dumuy, Menou et Barraguay-d'Hilliers.

Seize généraux de brigade: Lannes, Rampon, Damas, Murat, Lanusse, Andréossy, Dumas, Vial, Leclerc, Verdier, Fugières, Zayonschek,

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