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continuer avec un redoublement d'activité dans les ports de France, de Flandre et de Hollande, et que leur objet avoué était l'envahissement des dominations de Sa Majesté. Elle se reposait sur le courage de la nation. » Il y eut, à ce sujet, une scène imposante et nouvelle dans les annales du parlement britannique; l'opposition, dominée par son patriotisme, se réunit presque en totalité au parti ministériel, pour aviser avec lui aux moyens de sauver la patrie d'un aussi grand péril.

Cependant il continuait d'arriver, à Civita-Vecchia, des troupes qui devaient s'embarquer sous les ordres du général Desaix; il en arrivait aussi à Gênes. On donnait le nom d'aile gauche de l'armée d'Angleterre aux différentes troupes qui étaient à Civita - Vecchia, à Gênes, à Bastia et à Toulon.

On conjecturait, avec quelque apparence de réalité, qu'une partie de l'expédition qui se préparait, était destinée contre le dey d'Alger. 11 s'agissait de venger la mort du consul-généralJean-Bon-Saint-André, à qui, disait-on, le dey avait fait couper la tête.

Enfin Bonaparte partit de Paris, le 15 floréal (4 mai), pour se rendre à Toulon.

«On assure de tous côtés, dit le Moniteur, que le général Bonaparte, qui n'avait point quitté Paris, quoique des journaux qu'on devait croire bien informés, eussent annoncé son départ pour Rastadt, est parti, le 15, de très-grand matin, et que ce n'est point pour Rastadt. »

<< On dit que c'est pour Toulon qu'est parti le '

général Bonaparte, disait le même journal du 25; que la flotte de ce port, jointe à la flotte exvénitienne, doit tâcher de débloquer l'escadre, espagnole enfermée à Cadix, se réunir à elle pour se rendre à Brest, d'où elles partiront pour l'expédition d'Angleterre, avec la flotte de l'Océan, aussitôt que les troupes nécessaires à l'expédition auront été embarquées dans les différens ports. >> Ce fut en effet la conjecture qui domina dans le cabinet anglais.

Bonaparte, en descendant rapidement vers Toulon, ne cessait de s'occuper des détails de l'embarquement. Dans ses courtes stations, il écrivit à la commission d'armement et à l'ordonnateur Najac, qui lui demandaient des explica

tions.

pas

Il tenait beaucoup à ce que sa compagnie des guides l'accompagnât en Égypte; elle n'était encore à Lyon et n'y était attendue que le 20; il y donna l'ordre en passant qu'on la lui expédiát à Toulon par les moyens les plus prompts.

Lui-même arriva dans cette ville le 20 floréal (9 mai).

Les troupes de terre et de mer l'attendaient avec la plus vive impatience, car elles avaient craint qu'il ne commandât pas l'expédition. Les autres généraux étaient faits pour donner de la confiance, mais le vainqueur de l'Italie inspirait un dévoûment sans bornes; son nom seul fixait toutes les espérancus; sa présence excita l'enthousiasme. Il fut reçu aux cris de: Vive Bonaparte!

vive notre père à tous! sous ses ordres, nous sommes sûrs de la victoire.

Il les passa sur-le-champ en revue, et leur parla ainsi :

«<< Officiers et soldats!

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y a deux ans que je vins vous commander. A cette époque vous étiez dans la rivière de Gênes, dans la plus grande misère, manquant de tout, ayant sacrifié jusqu'à vos montres pour votre subsistance. Je vous promis de faire cesser vos misères; je vous conduisis en Italie; là, tout vous fut accordé. Ne vous ai-je pas tenu parole?

Eh bien! apprenez que vous n'avez pas encore assez fait pour la patrie, et que la patrie n'a pas encore assez fait pour vous.

Je vais actuellement vous mener dans un pays où, par vos exploits futurs, vous surpasserez ceux qui étonnent aujourd'hui vos admirateurs, et vous rendrez à la patrie les services qu'elle a droit d'attendre d'une armée d'invincibles.

Je promets à chaque soldat, qu'au retour de cette expédition, il aura à sa disposition de quoi acheter six arpens de terre.

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Vous allez courir de nouveaux dangers, vous les partagerez avec nos frères les marins; cette arme, jusqu'ici, ne s'est pas rendue redoutable à nos ennemis; ses exploits n'ont point égalé les vôtres; les occasions lui ont manqué, mais le courage des marins est égal au vôtre. Leur volonté est celle de triompher, ils y parviendront avec

1

Communiquez-leur cet esprit invincible qui partout vous rendit victorieux; secondez leurs efforts: vivez à bord dans cette bonne intelligence qui caractérise des hommes voués à la même cause. Ils ont, comme vous, acquis des droits à la reconnaissance nationale dans l'art difficile de la marine.

Habituez-vous aux manoeuvres de bord; devenez la terreur de nos ennemis de terre et de mer; imitez en cela les soldats romains qui surent à la fois battre Carthage en plaine et les Carthaginois sur leurs flottes. >>

Le Moniteur, qui avait, le 2 prairial, donné cette allocntion au public, éleva le lendemain des doutes sur son authenticité. Le Rédacteur, journal officiel, déclara, le 5, qu'elle était apocryphe.

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«Nous fimes connaître, il y a quelques jours, dit le Moniteur du 6, une proclamation que l'on attribuait au général Bonaparte, parce que nous la trouvâmes insérée dans plusieurs journaux. Ce n'est qu'à regret que nous nous décidâmes à la publier. Elle ne nous parut ni assez réfléchie ni assez élevée pour être l'ouvrage du vainqueur de l'Italie. Nous avons aujourd'hui la preuve que cette harangue qui a tout le caractère de celles les chefs de factieux, maîtres de la convenfaisaient du haut de la tribune à la foule égadans la fameuse journée du 1". prairial an III; nous avons, disons-nous, la preuve que cette harangue est fausse. Voici la véritable pro

que

tion,

rée

clamation du général, qui fut mise à l'ordre, le 21; on jugera par celle-ci, si la première pouvait être l'oeuvre de celui qui a fait la seconde 1. >> \

Tout porte à croire, au contraire, que Bonaparte avait tenu à son armée cette allocution qui certes, ne manquait ni de réflexion, ni d'éloquence; mais le Directoire fut probablement mécontent de cette phrase: « Je promets à chaque soldat, qu'au retour de l'expédition, il aura à sa disposition de quoi acheter six arpens de terre. » Cette promesse semblait faire allusion au milliard qui avait été promis à l'armée, et que rappelaient toujours à la tribune des orateurs de bonne foi ou qui voulaient se populariser aux dépens du Directoire. Ainsi le général Jourdan, quelques jours auparavant, avait encore proposé au conseil des Cinq-Cents, un moyen d'acquitter cette dette envers l'armée.

Cependant l'instant du départ de l'expédition approchait. Bonaparte se hâta de donner avis, le 20 floréal (9 mai), au général Vaubois, commandant en Corse, d'approvisionner sur-le-champ le convoi qui devait, de cette île, rejoindre l'ar mée avec les magasins qu'on y avait formés, dans la supposition qu'elle y relâcherait. Il l'autorisait à laisser, pour la défense de la Corse, la 23°. d'infanterie légère. Il ordonnait en même temps que le général Menard s'embarquàt immé

que

' Cette pièce est rapportée plus bas, à la date du 30 floréal lui donnent tous les écrits historiques.

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