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en avait, ils seraient passés dans trois : l'estime que j'ai pour vous est au moins égale à celle vous m'avez témoignée quelquefois.

que

J'espère vous voir sous peu de jours, au Kaire, comme vous le mande le général Caffarelli'. » Comment résister à un langage aussi séduisant, à une réconciliation aussi aimable! Kléber l'accepta, se rendit au Kaire, et arriva au milieu de la révolte de cette ville, le 1°. brumaire.

Sur les réclamations du commandant de la caravelle, Bonaparte avait répondu qu'il fallait l'amuser par de belles paroles. Un mois s'était passé; il écrivit à ce commandant qu'il était fâché de quelques désagrémens qu'il avait éprouvés (on lui avait en effet enlevé ses munitions de guerre et les affûts de ses canons); qu'il se tînt prêt à partir, pour l'époque à laquelle il avait coutume de quitter Alexandrie, et qu'il lui remettrait des dépêches pour la Porte 2.

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Le général en chef se plaignait à Menou de ce qu'il n'écrivait point, et de ce qu'il ne rendait aucun compte de ce qui se passait à Rosette et à Abouqyr, de la situation de sa garnison, des hôpitaux, des mouvemens des Anglais; enfin Rosette

Lettre du 13 vendémiaire.

2 Lettre du 11.

était le seul point de l'armée sur lequel il n'avait (aucune espèce de détails; il mandait à ce général qu'il ne lui enverrait des ordres pour quitter cette -ville, que lorsque la province serait organisée et que l'embouchure du Nil ne pourrait pas craindre les insultes des corsaires. > „Ein Marion ali

Bonaparte reçut enfin de ses nouvelles; le loua d'avoir donné à dîner aux cheyks du pays; le blâma de ce qu'il donnaît du blé aux pauvres, disant qu'on n'était pas encore assez riche pour être généreux, et qu'il fallait bien se garder de les gâter; s'étonna de ce qu'il avait 300 hommes de garde à Rosette, tandis qu'au Kaire il n'y en avait que 8o. «Diminuez votre service, lui écrivait-il ; une garde chez vous, une de police, quelques factionnaires aux principaux magasins, et tout le résté en réserve; cela ne fait que 25 ou 30 hommes » -S'il n'était pas très-exact à instruire le général en chef des détails de són administration, il l'était davantage à lui communiquer ses projets. Bona parte lui écrivait : « J'ai reçu toutes vos lettres que je lis avec d'autant plus d'intérêt, que j'approuve davantage vos vues 3.

Quelles étaient ces vues? Enthousiaste de 1 expédition et prêt à faire, pour contribuer à son succès, tout ce que lui ordonnerait Bonaparte, Menou, administrateur et général, croyait que

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l'Égypte devait, pour la France, tenir lieu des Antilles; que le sucre, le café, le coton, l'indigo et la cochenille pourraient y remplacer toutes les autres cultures. Suivant lui, les Anglais savaient bien que la Mer-Rouge, dans laquelle seuls ils commerçaient, deviendrait nécessairement la propriété de la France; que de là aux Indes la distance n'était pas énorme; que le commerce de la côte orientale d'Afrique, Mehedie, Mascate, Mozambique, pourraient un jour tomber entre les mains des Français ; que les ports de la côte d'Aden et ceux dépendans des pays de l'Abyssinie seraient nécessairement fréquentés par eux; qu'ils pouvaient établir des liaisons avec l'intérieur de l'Afrique, de proche en proche, au moyen des caravanes, et peut-être faire communiquer un jour le Nil avec le Niger, au Sénégal.

...Quoique tout cela fût encore éloigné, les Anglais, auxquels on ne pouvait refuser une grande intelligence, une prodigieuse activité et beaucoup d'esprit public, verraient d'un coup-d'oeil tout ce qu'on pouvait faire actuellement et ce qui pourrait s'exécuter dans la suite. Sentant qu'ils ne pouvaient et ne pourraient rien contre l'armée d'Égypte directement, parce qu'elle pouvait y rester long-temps sans secours étranger, ils prendraient tous les moyens de lui nuire et de lui susciter des ennemis en Asie, à Constantinople et en Barbarie. C'était donc au général en chef à y pourvoir.

Menou soumettait aussi à Bonaparte ses vues sur l'administration financière de l'Égypte, lui pro

posait des moyens pour utiliser les domaines nationaux, en prévenir la dilapidation et réprimer les malversations des agens militaires ou civils.

« Général, lui disait-il, vous avez conquis l'Italie et l'Égypte ; c'est ici que vous devez mettre le complément à votre gloire, en fondant la plus belle des colonies qui aient jamais existé. Faire revivre et rétablir dans toute sa splendeur le pays de Sésostris, de quelques Pharaons et des Ptolomées; fonder le plus brillant commerce du monde, détruire en grande partie celui des Anglais par nos seuls établissemens en Égypte, est la plus belle destinée qui jamais ait été réservée à un homme. Je soumets, à vous seul, toute mes réflexions; faire le bien est ma folie, c'est peut-être le second tome de celle de l'abbé de Saint-Pierre; mais c'est à Bonaparte que j'écris ; c'est à lui seul qu'il appartient de faire le bonheur des peuples après les avoir conquis 1. »

Au milieu de ses rêves, et malgré quelque négligence, moins scrupuleux ou moins circonspect que d'autre généraux, au lieu de raisonner sur les obstacles, de crier misère, Menou prenait hardiment toutes les mesures qui lui étaient indiquées par sa situation, ou prescrites par le général en chef. Obligé de vivre de réquisitions, il en frappait sur sa province, y faisait des tournées pour en régulariser la répartition, et réunissait, sans trop charger les contribuables, des vivres de toutes espèces, pour une garnison de 3000 hommes pendant trois mois.

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avec lesquels il se trouvait en état de secourir Alexandrie, Abouqyr et même Rahmanieh. Il avait fait payer, en cinq jours, la contribution de 100,000 francs, ordonnée par le général en chef.

.

Il alla parcourir sa province pour s'assurer de la soumission des villages. Plusieurs membres de la commission des arts et des sciences restés à Rosette, profitèrent de cette circonstance pour visiter un pays où, depuis bien des siècles, aucun Européen n'avait pénétré; c'était comme une partie de plaisir. Marmont voulut en être. Le 24 fructidor, on se mit en marche. Tant qu'on fut sur les bords du Nil, on fut bien accueilli par les habitans. Ceux de Berenbal, Métoubis et Foûéh rivalisèrent de bons traitemens. Mais il en fut autrement lorsqu'à la hauteur du village de Decoûq on s'enfonça dans l'intérieur des terres. Les généraux et les savans, à cheval, suivis d'une escorte de 200 hommes d'infanterie, se trouvèrent une lieue en avant d'elle, près de Chabbas Ameïr. Un mier groupe, composé d'un guide, de Montessuis, aide-de-camp de Marmont, de Viloteau, Varsy jeune, l'ingénieur Martin, membres de la commission, et Joly, dessinateur, arriva aux portes du village. Le guide, voyant un grand rassemblement, cria en arabe : La paix, soyez sans inquiétude! On ne répondit que par le mot erga! (Allez vous-en!) et on fit en même temps une décharge de coups de fusil ; de fusil; les voyageurs n'étant pas armés tournèrent bride, pour se replier sur l'escorte, au grand galop et sautant des fossés. Joly, craignant de ne pouvoir se tenir à cheval, mit pied à

pre

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