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des affaires, n'en fut que plus ardent à presser l'expédition.

On va voir par la suite de la correspondance de Bonaparte, jusqu'à quel point cette assertion peut être fondée.

Comme il l'avait prévu, l'Autriche offrit satisfaction, et envoya le comte de Cobentzel à Rastadt. De son côté, le Directoire nomma Bonaparte pour s'y rendre. Le journal officiel (le Rédacteur), du 8 floréal, annonça son départ. Le 9, il écrivit à Dufalga: « Vous avez appris l'événement de Vienne. La nouvelle en est venue au moment où j'allais partir, et a dû nécessairement occasioner un retard; j'espère cependant que cela ne dérangera rien. Peut-être serai-je obligé d'aller à Rastadt, pour avoir une entrevue avec le comte de Cobentzel; et, si tout allait bien, je partirais de Rastadt pour Toulon. »>

Il donna contre-ordre au convoi de Gênes qui devait se rendre à Toulon; et décida au contraire que l'escadre le prendrait en passant, et irait même à Civita-Vecchia.

Il donna les mêmes avis au vice-amiral Brueys, ajoutant que ce retard de quelques jours ne changerait rien à l'expédition, et que le convoi de Marseille, arrivé à Toulon, devait être tenu en grande rade et prêt à partir 2. Le convoi se/composait de trois divisions celles des généraux Mesnard, Kléber et Reynier; les deux derniers étaient de

'Montholon, tome IV, p. 297.
• Lettre du 9 floréal ( 28 avril).

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l'armée du Rhin. Tombé dans la disgrâce du Directoire, pour lequel il affichait le plus profond mépris, Kléber était sans activité, et vivait à Chaillot, dans l'obscurité, avec son ami Moreau.

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Jaloux de se l'attacher, Bonaparte lui proposa de faire partie de l'expédition contre l'Angleterre. Je le voudrais bien, répondit-il; mais si je le demande, les avocats (le Directoire) me le refuseront. — Je m'en charge. Eh bien! si vous jetez un brûlot sur la Tamise, mettez Kléber dedans, vous verrez ce qu'il sait faire 1. Bonaparte le demanda au Directoire, qui saisit avec empressement l'occasion d'éloigner un général frondeur et difficile à réduire. Rempli d'admiration pour la gloire militaire de Bonaparte, mais peu confiant dans ses principes politiques, en quittant Paris, vers la fin de germinal, Kléber dit, dans son cynisme énergique: Je pars pour voir ce que ce petit b..... là a dans le ventre. Bonaparte lui donna, au moment de l'embarquement, une division de troupes, et le commandement supérieur de celles de Mesnard et Reynier qui composaient le convoi de Marseille'.

Tel était l'ascendant de Bonaparte, que, de tous les partis, on accourait s'associer à la fortune d'un guerrier qui promettait aux armes françaises une nouvelle moisson de lauriers, et de gloire à la patrie. Deux généraux de l'ancienne armée vinrent se ranger sous son drapeau. Le plus ancien divi

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sionnaire, Dumuy, quittait, pour l'Égypte, Paris et 100,000 livres de rente. Menou, en demandant du service en Orient, voulut justifier sa conduite au 13 vendémiaire an IV. « J'ai vu, lui répondit Bonaparte, cette affaire de plus près que personne. Je sais que vous avez été victime de la lâcheté et de la perfidie de commissaires ridicules, qui s'étaient attribué tout le pouvoir, pour laisser peser toute la responsabilité sur les généraux. » Et c'était sous les yeux du Directoire, où les conventionnels étaient en majorité, et en présence de Barras, l'un de ces commissaires, que Bonaparte s'exprimait ainsi.

Il n'alla point à Rastadt, soit que le Directoire fût entièrement revenu de ses craintes sur l'Autriche, soit que l'intervention du général dans négociation qui allait s'ouvrir à Seltz ne parût plus assez nécessaire pour l'emporter sur les inconvéniens de toute espèce que pouvait présenter le retard de l'expédition.

Bonaparte écrivit alors au comte de Cobentzel, du moins plusieurs écrivains le disent, une lettre dans laquelle il parlait beaucoup moins de l'affaire de Bernadotte, que d'arrangemens politiques propres à terminer les difficultés que le traité de Campo-Formio avait fait naître ou n'avait pas résolues. Cette lettre déplut singulièrement au Directoire; on ne la trouve nulle part rapportée..

Le 13 floréal, F'obstacle apporté momentanément à son départ cessa, tout reprit son cours, et Bonaparte sa correspondance. Il écrivit à Barraguay-d'Hilliers, à Desaix, au vice-amiral Brueys,

à la commission de la Méditerranée, d'embarquer les troupes le plutôt possible; donna de nouveau l'ordre à Barraguay-d'Hilliers d'amener son convoi à Toulon, et annonça à la commission que son départ de Paris était fixé au 14, et à Brueys, qu'il serait à son bord le 19. Il prévint le général Brune de ces mesures; et que pour remplacer les troupes des convois mises momentanément à sa disposition, on lui envoyait, par la Suisse, huit demi-brigades et deux régimens de cavalerie.. Malgré ces docuniens positifs, on prétend que Bonaparte hésitant à partir, le Directoire lui en intima l'ordre impérieux; qu'il y eut à ce sujet une scène violente dans laquelle Bonaparte ayant menacé de sa démission, le directeur Rewbel, lui présenta une plume pour la donner par écrit, et que le général, en sortant, dit à une personne de sa confidence : « La poire n'est pas mûre, partons; nous reviendrons quand il en sera temps. » Le fond de cette anecdote est vrai.

On a prétendu également que le soir du 16 floréal (5 mai), Bonaparte ne s'occupait encore que de son voyage à Rastadt, que le projet de l'expédition était tout-à-fait oublié, qu'il parlait même de la manière de vivre qu'il adopterait à son retour, lorsque Barras entra, l'air extraordinairement sombre, et eut une conversation particulière avec Bonaparte, qui partit, dans la nuit même, pour Toulon'.

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page 20.

On a dit que Bonaparte, partant pour l'Égypte, prit le fils de

On en concluait que ce directeur était venu réitérer au général l'ordre formel de partir. Le 15 il était déjà en route.

Malgré la notoriété des préparatifs, le public ignorait encore le but de l'expédition de la Méditerranée, quelle en était la force, quel était po- . sitivement le général qui la commanderait.

D'après les journaux qui continuaient à rapporter les divers bruits, 24,000 hommes allaient s'embarquer à Toulon le 1. prairial.

Le général Desaix était, depuis quelques jours, Rome. I devait commander l'expédition. On croyait généralement qu'elle allait aux Indes.

Sept cents marins, du quartier de Dieppe, s'étaient rendus au Havre, pour monter les vaisseaux de la République; 1,600, du quartier de Granville, étaient partis pour Brest.

Dans l'opinion publique ces faits étaient considérés comme se rattachant essentiellement les uns aux autres. L'Angleterre elle-même, malgré son habileté à se mettre au fait des secrets de la politique étrangère, parut partager l'erreur générale.

Dans un message du roi d'Angleterre à la chambre des communes, 2 floréal (21 avril), il était dit que, <«<les préparatifs d'embarquement de troupes et de munitions de guerre paraissaient se

Merlin comme otage. Il suffit de répondre que ce jeune homme, alors âgé de 18 ans, voulut être de l'expédition et en parla à son père. Le directeur alla le présenter à Bonaparte, qui le nomma son aide-de-camp.

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