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des vestiges de l'ancienne branche pélusiaque, n'y apportaient plus d'eau, parce qu'ils étaient barrés à l'entrée du désert. Ils étaient navigables pendant l'inondation. La branche de Mechera était navigable toute l'année; mais son embouchure n'était praticable que lors des crues du Nil. Du reste, n'ayant point de bateaux, il n'avait pas encore pu correspondre avec Damiette.

Il n'avait ni matériaux ni outils pour commencer ses travaux défensifs. Il manquait et de pain et de viande. Les paysans ne voulant pas rentrer avec leurs bestiaux, le soldat était forcé d'aller marauder pour vivre. Il accélérait autant que ses moyens le lui permettaient les travaux à la mosquée pour en faire un bon poste susceptible d'être défendu par trois ou quatre cents hommes, afin de retirer le reste des troupes vers Belbeis, où il serait possible de les nourrir sans vexer le pays, si, comme il le pensait, le général en chef ne faisait commencer les grands travaux qu'après l'inondation. Par ce moyen, il pourrait organiser le pays et faire rentrer les habitans, ce qui serait impossible tant qu'il serait à Salhieh '.

Quand les travaux provisoires furent terminés, il laissa dans cette place une garnison commandée par le général de brigade Lagrange, et revint avec sa division à Belbeis, chef-lieu de sa province.

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Nous avons dit que Julien, aide-de-camp du général en chef, qu'il avait envoyé le 14 thermi dor au général Menou, fut assassiné en route dans

'Lettre de Reynier à Bonaparte, du 3o thermidor.

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le village d'Alqam, avec son escorte la vengeance n'avait été qu'ajournée. Bonaparte ordonna au général Lanusse de partir pour ce village avec 500 hommes et un aviso; de confisquer et d'embarquer tous les bestiaux et les grains qui pourraient s'y trouver; de le livrer au pillage et de le brûler, de manière à ce qu'il n'y restât pas une maison entière; s'il pouvait parvenir à arrêter les cheyks, de les amener en otage au Kaire; de faire connaître par une proclamation qu'il répandrait dans les villages voisins, qu'Alqam avait été brûlé parce qu'on y avait assassiné des Français qui naviguaient sur le Nil. Cet ordre fut ponctuellement exécuté.

Les Arabes de Darne, habitant le village de Sonbat, dans la province de Garbyeh, étaient les plus insoumis et les plus audacieux. Ils assassinèrent un détachement composé moitié de la 13°. demi-brigade et moitié du 18°. de dragons. Le général en chef fit marcher contre eux les généraux Dugua et Fugières. Il donna en même temps l'ordre à Murat de poursuivre d'autres Arabes qui avaient des intelligences avec ceux de Sonbat. On voit par la correspondance de Bonaparte combien il attachait d'importance à leur destruction.

Il écrivit à Dugua : « J'espère que vous aurez mis à la raison les maudits Arabes du village de Sonbat. Faites un exemple terrible; brûlez ce village, et ne permettez plus aux Arabes de venir l'habiter, à moins qu'ils n'aient livré dix des prin

Arrêté du 12 fructidor (29 août).

cipaux pour otages, que vous m'enverrez pour les tenir à la citadelle du Kaire . »

A Fugières « J'espère qu'à l'heure qu'il est, vous aurez, de concert avec le général Dugua soumis le village de Sonbat et exterminé ces coquins d'Arabes 2. »

De son côté, Murat en avait attaqué d'autres. Bonaparte lui écrivit : « Si ce sont ceux qui ont attaqué nos gens à Mansourah, mon intention est de les détruire. Faites-moi connaître les forces qui vous seraient nécessaires, et étudiez la position qu'ils occupent, afin de pouvoir les envelopper, les attaquer, et donner un exemple terrible au pays. J'imagine que si vous avez fait provisoirement la paix avec eux, vous aurez exigé des otages, des chevaux et des armes 3. Je vous répète que mon intention est de détruire ces Arabes ; c'est le fléau des provinces de Mansourah, de Garbyeh, de Qélioubeh. Le général Dugua doit, de concert avec le général Fugières, avoir attaqué la partie de ces Arabes qui se trouve au village de Sonbat; envoyez reconnaître où se trouvent ceux que vous avez combatṭus! Faites-moi connaître les forces dont vous aurez besoin et l'endroit d'où vous pourrez partir pour agir avec succès, en tuer une partie et prendre des otages pour s'assurer de leur fidélité 4. »

Le 27 fructidor, à trois heures après-midi, les

'Lettre du 20 fructidor.

• Idem du 27. 3 Idem du 26.

▲ Idem du 28.

Arabes de Sonbat furent attaqués par un corps. de troupes de la division Dugua, commandé par le général Verdier. Après un combat assez léger, le village fut forcé et brûlé; plus de 50 Arabes restèrent sur le champ de bataille; une grande partie se noya; on leur prit leurs chameaux et plus de 6,000 moutons.

Murat attaqua un autre corps d'Arabes près de Mit-Gamar, leur tua 40 hommes, prit une partie de leurs bestiaux et les força à évacuer le pays. Malgré l'avantage qu'obtenaient les troupes dans toutes ces affaires partielles, les Arabes revenaient à la charge. Ils remplaçaient leurs bestiaux et leurs chameaux, rentraient dans leurs camps et dans les villages, attaquaient journellement les barques françaises sur le Nil, les pillaient, assassinaient les faibles escortes. C'est ce qui arriva à une barque transportant 4 canons à Damiette et 25 hommes à bord. Une autre barque partie de cette ville, portant 15 hommes, le 1o. jour complémentaire, eut le même sort à Mit-elKouli. Les habitans de cinq villages environnans s'étaient réunis pour faire ce coup. Ils avaient trois ou quatre mauvaises pièces de canon, et avaient fait quelques retranchemens.

Dans la nuit du 29 au 30 fructidor, un corps considérable d'Arabes de Darne, du Charqyeh et du lac Menzaleh, commandé, à ce qu'on crut, par Hassan-Thoubar, vint attaquer Damiette, défendu par une faible garnison. Elle prit les ar

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Ordre du jour de Bonaparte, du 1er. vendémiaire an vii.

mes, sortit, attaqua l'ennemi, le repoussa et le mit en déroute. Un nommé Joukr, convaincu de s'être mis à la tête des assiégeans avec un tambourin, fut condamné à mort par un conseil de guerre, et exécuté.

Dugua envoya le général Damas avec un bataillon de la 75°. reconnaître le canal d'Achmoûn, et soumettre les villages qui refusaient obéissance. Au village de Gémélieh, un parti d'Arabes réuni aux fellâh, attaqua les troupes. Les dispositions furent bientôt faites, les Arabes dispersés et deux villages brûlés.

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Hassan-Thoubar osa écrire au général Dugua; il se plaignit de ce qu'on lui témoignait peu de confiance; dit que si on l'avait consulté sur l'expédition du général Damas, on n'aurait point à se reprocher la perte de deux villages qui n'étaient coupables d'aucune hostilité; que c'étaient de faux rapports ou une erreur bien malheureuse qui avaient pu décider à commettre de semblables excès; que si on l'avait averti, il aurait marché lui-même avec tous le pays contre les Arabes qui avaient attaqué Damiette, et qu'eux seuls étaient coupables; que tous les villages de son canton étaient prêts à payer les impôts et les contributions; mais qu'ils ne voulaient pas recevoir des troupes françaises, dont ils craignaient les dévas

tations.

Cette crainte n'était pas tout-à-fait dénuée de fondement; car Bonaparte avait mandé à Dugua: << On se plaint du pillage de vos troupes à Mansourah; c'est le seul point de l'armée sur lequel

GUERRE D'Égypte. TOME I.

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