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vait seule à 600,000 francs, et le trésor de l'armée ne reçut de toutes les femmes des beys que 480,642 francs. Bonaparte leur accorda de fortes réductions; il fit plus, il ordonna que la femme de Mourad-Bey conserverait la partie de ses biens qui lui venaient d'Ali-Bey, son premier mari. « Je veux par-là, dit-il, donner une marque d'estime pour la mémoire de ce grand homme !. »

Cette femme, appelée Selti-Nefsi, était âgée de cinquante ans, avait la beauté et la grâce que cet âge comporte, et passait pour être d'un mérite distingué. Bonaparte l'envoya complimenter par Eugène Beauharnais, son beau-fils. Elle le reçut par exception dans son harem, lui fit servir des rafraîchissemens avec un appareil somptueux, et lui donna une bague de la valeur de 1,000 louis.

Cependant on lit dans des pamphlets décorés du titre d'histoire, que, pour s'approprier les immenses trésors des beys et des Mamlouks, Bonaparte fit torturer leurs femmes! A sa place, des beys ou des pachas auraient pris l'argent et fait couper les têtes.

Les Mamlouks avaient des possessions trèsconsidérables. Elles consistaient, dans les villes, en maisons, okels, jardins, etc. Dans les campails étaient moultezim de la plus grande par, tie des villages.

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Le général en chef avait, par son arrêté du 15 messidor, ordonné de confisquer leurs propriétés mobilières et immobilières, et de les met

Lettre de Bonaparte à Poussielgue, du 11 pluviôse (30 janvier 1799),

tre sous le scellé et le séquestre. L'administration française s'emparait de ces propriétés à mesure qu'elle les découvrait. L'intendant-général avait mis ses cophtes en campagne pour les indiquer, ainsi que les cachettes des effets mobiliers. Une visite fut ordonnée partout à la fois, afin qu'on n'eût pas le temps de les soustraire. On promit aux cophtes le vingtième de ce qu'ils feraient découvrir. Mais ils trouvaient mieux leur compte à s'arranger avec les dépositaires ou recéleurs. Ils ne mirent pas beaucoup d'empressement à rendre à cet égard les services qu'on attendait de leurs connaissances locales. Bonaparte leur en témoidu mécontentement et leur écrivit :

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<< Lorsque tous les jours les principaux cheyks me découvrent les trésors des Mamlouks, comment ceux qui étaient leurs principaux agens ne me font-ils rien découvrir? »

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Il existait dans les magasins généraux de l'or ou argent monnoyé, des objets d'or ou d'argent, des lingots, des schals de valeur, des tapis brodés en or, etc. Le général en chef ordonna diverses mesures pour la conservation, l'emploi, la vente et la comptabilité de tous ces objets. Il affecta aux hôpitaux, aux transports, à l'habillement tous ce qui était propre à ces services.

Il créa une compagnie de commerce, à laquelle seraient vendus tous les effets qui se trouvaient en magasin, et qui ne seraient pas essentiels au service de l'armée 2.

Lettre du 7 frimaire an vII( 27 novembre). • Arrêté du 16 thermidor an vi (5 août ).

La formation de la compagnie d'achat éprouva des difficultés à cause de la rareté du numéraire et de la stagnation des affaires. Les maisons françaises, et les négocians de Damas et d'Alep ne voulurent pas traiter de cette opération. La maison Pini, vénitienne, une des plus considérables du Kaire, fut la seule qui consentit à s'en charger.

On comptait, avec raison, sur un produit important. Outre les espèces, les matières d'or et d'argent, et des marchandises qu'on trouva dans les maisons des Mamlouks, elles renfermaient une grande quantité de meubles et d'effets dans le goût oriental. Cependant cette ressource fut moins considérable qu'on ne l'avait cru d'abord. L'impossibilité où l'on fut de loger les officiers et les employés chez l'habitant, comme cela se pratique en Europe, mit tout le monde dans la nécessité de se meubler. Le général en chef fit donc distribuer gratuitement aux officiers et aux administrateurs, qui, par leur rang dans l'armée, dans l'armée, devaient avoir une représentation, les meubles dont ils manquaient. L'administrateur-général des finan→ ces fut autorisé aussi à en délivrer à d'autres à un prix au-dessous de leur valeur.

L'insuffisance des contributions extraordinaires et les ménagemens dus aux habitans qui les avaient payées mirent quelquefois dans la nécessité de recourir aux emprunts. Ils s'élevèrent en totalité, pendant toute la durée de l'occupation, à 4,286,859 fr., et il y en eut de remboursés en Égypte, pour une somme de 3,424,505 fr.

Différens actes du général en chef prouvent

combien sa situation financière était embarrassée, et combien il eut d'obstacles à surmonter pour subvenir aux dépenses de l'armée. Il écrivait à Poussielgue:

« Nous avons le plus grand besoin d'argent. Les femmes doivent six mille talaris ; les sagats, mille; les négocians de Damas, sept cents. Voyez à les faire payer dans les vingt-quatre heures. Vous me ferez demain un rapport sur nos ressources et nos moyens d'avoir de l'argent. Tâchez de nous avoir 2 ou 300,000 francs. Les deux bâtimens de café qui sont arrivés à Suez, doivent avoir payé quelques droits; faites-vous en remettre le montant, Je vous envoie un ordre pour que les cophtes versent demain 10,000 talaris, après - demain 10,000 autres; le 1. pluviôse, 10,000; le 3, 10,000 autres; le 5, 10,000 autres, en tout 50,000. Vous hypothéquerez pour le paiement dudit argent les blés qui sont dans la Haute-Égypte, et vous leur ferez connaître qu'il est indispensable que cela soit soldé, parce que j'en ai le plus grand

besoin.

Vous me ferez demain un rapport sur la quan tité des villages et terres qui ont été affermés, et sur les conditions desdits affermages. Vous demanderez deux mois d'avance à tous les adjudicataires des différentes fermes 1. >>

Le général en chef convoqua un conseil de finances, composé des citoyens Monge, Caffarelli, Blanc, James, de l'ordonnateur en chef et de

• Lettre du 26 nivôse an vII (15 janvier 1799).

l'administrateur-général Poussielgue, pour s'occuper, 1°. du système et du tarif des monnaies et des changemens possibles les plus avantageux à y faire; 2°. des opérations que la position actuelle de l'Égypte permettrait de faire pour procurer de l'argent à l'armée, et accroître ses ressources; 3°. du plan raisonnable que l'on pourrait adopter, pour donner aux soldats de l'armée une récompense qu'ils avaient méritée à tant de titres, sans diminuer les revenus de la république '.

Cet aperçu de l'administration des finances suffit pour rendre sensibles les embarras que dut éprouver Bonaparte, et pour expliquer l'arriéré qu'il laissa dans les dépenses, à son départ de l'Égypte. Ses successeurs dans le commandement trouvèrent le pays conquis et soumis, les branches de revenus mieux connues, des recouvremens réguliers et assurés, et la plus grande partie des travaux extraordinaires exécutés. Débarrassés des difficultés et des dépenses d'un premier établissement, ils n'eurent plus qu'à jouir et à améliorer. C'est ce qu'on verra dans la suite quand on traitera de leur administration. On se convaincra que les ressources de l'Égypte, alors bien connues, suffisaient à toutes les dépenses qu'exigeait la conservation de cette conquête.

Nous ajouterons, pour réfuter d'avance tous les calculs imaginaires qui ont été fails sur les sommes perçues pendant toute l'occupation française, que pendant environ trois ans qu'elle dura,

› Arrêté du 16 frimaire (6 décembre).

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