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Les bénéfices de la fabrication appartenaient au pacha; elle était régie par un effendi. Il fut maintenu en place avec tous ses ouvriers et employés ; mais la direction de l'établissement fut confiée à Samuel Bernard, l'un des chimistes de la commission des sciences et arts.

On commença à battre monnaie pour le compte de l'armée, le 8 thermidor (26 juillet); elle fut frappée au coin du grand-seigneur, au titre et au poids qu'elle avait auparavant. Les procédés imparfaits des Turcs furent perfectionnés, notamment les essais. Les matières étaient fournies par les particuliers et surtout par les juifs.

On faisait un bénéfice considérable sur le médin, pièce d'argent fort altérée, très-mince et trèsmenue. Les altérations qu'elle avait subies dans le cours de trois siècles l'avaient réduite presque au tiers de sa première valeur. Cependant, le cours légal du médin n'avait jamais varié. Les suites de cette infidélité n'avaient pas eu en Égypte les effets désastreux que les opérations de même nature produisent ordinairement en Europe, parce que la fabrication était modérée, et que les quantités que les Égyptiens retiraient de la circulation par les enfouissemens qui leur étaient familiers, compensaient les émissions annuelles.

On fabriqua une grande quantité de parahs, petite monnaie de cuivre. Le trésor y gagnait plus de 60 pour 100. Ils se répandaient, non-seulement en Égypte, mais encore en Afrique et jusque dans les déserts de l'Arabie; au lieu de gêner la circulation et de nuire au change, inconvéniens

des monnaies de cuivre, les parahs les favorisaient.

- Le général en chef fit battre des pièces de 20 et de 40 médins; on n'en avait frappé au Kaire que sous Aly-Bey. Ce bey avait ajouté les deux lettres initiales de son nom aux chiffres et aux qualifications du sultan dont elles portaient l'empreinte, ce qui fit dire qu'il avait battu monnaie à son coin. L'administration française supprima ces deux lettres. Cette suppression et le millésime indiqueront à la postérité l'époque où les Français comman`daient en Égypte. Cette fabrication, commencée en vendémiaire an vII, ne dura que cinq mois parce que l'émission des médins était plus lucra

tive.

Avant l'arrivée des Français, toutes les douanes, excepté celles de Suez et de Rosette, étaient affer, mées. Tous les baux furent supprimés, et l'on fit gérer les douanes d'Alexandrie, de Rosette, de Damiette et de Boulaq, par les écrivains qui servaient d'agens aux anciens douaniers. La douane du Vieux-Kaire resta seule affermée. Parceval eut la direction de celle de Suez. Lorsque Desaix se fut rendu maître du Sayd, il fit régir la douane de Cosséir et de Qené.

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Les anciens tarifs furent partout maintenus excepté à Suez, où le général en chef diminua les droits sur le café pour favoriser le commerce de la Mekke.

Les produits des douanes ne pouvaient être que très-modiques; la guerre avec les Anglais et les Turcs anéantissait le commerce dans la Méditer

ranée; et jusqu'à ce qu'on fût parvenu à rendre de la confiance aux Arabes et aux peuples de l'Afrique, il y eut peu d'importations par la MerRouge et par les caravanes de Nubie et de Maroc.

Nous avons fait connaître les droits multipliés et compliqués qui étaient établis sur l'industrie et les consommations. On afferma tous ceux que l'on découvrit, sans rien changer au mode de perception. On en abandonna plusieurs qui furent jugés trop vexatoires.

Bonaparte, voulant tirer un revenu des postes, ordonna que les individus de l'armée paieraient leurs ports de lettres, conformément à l'usage établi en France. On organisa d'abord les bureaux du Kaire, d'Alexandrie, de Rosette et de Damiette; mais le produit de cette branche de revenu fut presque nul.

Quoique l'intention du général en chef fùt de subvenir aux dépenses de l'armée par les revenus ordinaires, il fut cependant obligé, avant que les recouvremens ne fussent assurés et pour satisfaire aux premiers besoins, de recourir aux contributions extraordinaires. Pendant tout son commandement, elles ne s'élevèrent qu'à 3,809,017 fr. Les Égyptiens furent d'autant plus étonnés de sa modération, que, selon eux, la victoire donne le droit de disposer de la vie des peuples conquis, et, à plus forte raison, de leurs biens.

Le général en chef, informé que les femmes des beys et des Mamlouks, errantes aux environs du

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Lettre de Bonaparte, du 15 thermidor (2 août).

Kaire, devenaient la proie des Arabes, et mû par la compassion, premier sentiment qui doit animer l'homme, autorisa toutes ces femmes à rentrer en ville dans les maisons qui étaient leur propriété, et leur promit sûreté. Il leur enjoignit de se faire connaître et de déclarer leur demeure à Magallon, dans les vingt-quatre heures de leur arrivée.

Le chef de l'état-major général, sur leurs demandes, leur délivra des sauve-gardes. Elles furent remises au payeur-général, qui les faisait donner à ces femmes à mesure qu'elles versaient dans la caisse de l'armée, les sommes au paiement desquelles elles avaient été assujéties. Cette mesure avait pour objet de leur enlever de l'argent qu'elles envoyaient à leurs maris, et d'en faire une ressource de plus.

La femme de Mourad-Bey fut taxée à 600,000 fr., dont 100,000 payables dans les vingt-quatre heures et 50,000 fr. par jour jusqu'à parfait paiement; à défaut de quoi, tous les esclaves et biens appartenant aux femmes des Mamloaks de la maison de Mourad-Bey étaient regardés comme propriétés nationales; on laissait, seulement à sa femme, les meubles de l'appartement qu'elle occupait et six esclaves pour la servir '.

Les chevaux, les chameaux et les armes trouvés dans leurs maisons furent saisis comme objets de guerre3.

Arrêté du 9 thermidor ( 27 juillet ).

2 Idem du 14.

3 Lettre de Bonaparte au général Dupuis, du 28 thermidor (15 août).

Le général en chef autorisa la commission de commerce à conclure définitivement et à signer des arrangemens avec les femmes des autres beys et Mamlouks, pour le rachat de leurs effets, et à délivrer des sauf-conduits à celles qui consentiraient à un accommodement '.

La femme de Mourad-Bey n'ayant pas acquitté la contribution qui lui avait été imposée, le général en chef ordonna qu'elle paierait 20,000 talaris (160,000 francs), à compte de sa contribution du 20 thermidor, à défaut de quoi, un vingtième par jour en sus, jusqu'à ce que les 20,000 talaris fus

sent entièrement versés *.

Les besoins de l'armée étaient urgens. Les femmes des beys ne payaient que lorsqu'elles y étaient contraintes. Le général en chef écrivait à Poussielgue, de presser les recouvremens des diverses contributions extraordinaires, d'envoyer des garnisaires et de menacer la femme de Mourad-Bey de surtaxe, si elle ne s'acquittait pas 3.

La femme d'Osman-Bey continuait d'avoir des intelligences avec le camp de Mourad-Bey, et lui faisait passer de l'argent; le général en chef ordonna qu'elle resterait en prison jusqu'à ce qu'elle eût versé, dans la caisse du payeur de l'armée, 10,000 talaris 4.

Ces contributions ne furent point perçues en totalité, car celle de la femme de Mourad-Bey s'éle

'Lettre du 25 thermidor (12 août ).

• Arrêté du 18 fructidor (4 septembre).

3 Lettre du 4 vendémiaire an v11 (25 septembre).

4 Lettre de Bonaparte au général Dupuis, ibib.

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