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Le cinquième jour complémentaire, au soleil couchant, la fête fut annoncée au Kaire par trois salves d'artillerie.

Le lendemain, au lever du soleil, trois autres salves répétées par toute l'artillerie des divisions, par celle du parc et de la marine, furent le signal du commencement de la fête.

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Aussitôt, la générale battit dans la ville, toutes les troupes, dans la plus grande tenue, prirent les armes et se rendirent sur la place d'Esbeckich. Là, avait été tracé un cirque de 200 toises de diamètre, dont le pourtour était formé de 105 colonnes, décorées d'un drapeau tricolore, portant le nom de chacun des départemens de la République. Ces colonnes étaient réunies par une double guirlande, emblème de l'unité et de l'indivisibilité de toutes les parties de la France républicaine.

L'une des entrées du cirque était décoréé par un arc de triomphe, sur lequel était représentée la bataille des Pyramides; l'autre l'était par un portique au-dessus duquel on avait placé des inscriptions arabes. L'une d'elles était ainsi conçue : Il n'y a de dieu que Dieu, et Mahomet est son prophète. Au milieu de ce cirque s'élevait un obélisque de granit de 70 pieds de hauteur. Sur l'une de ses faces était gravé en lettres d'or : A la Répu blique française, l'an vII, sur celle opposée: A l'expulsion des Mamlouks, l'an vi. Sur les côtés latéraux, ces deux inscriptions étaient traduites en arabe.

Des bas-reliefs ornaient le piédestal de cet obé

lisque. Sur le tertre environnant, sept autels de forme antique, entremêlés de candélabres, supportaient des trophées d'armes surmontés de drapeaux tricolores et de couronnes civiques. Au milieu de chacun de ces trophées était placée la liste des braves de chaque division, morts en délivrant l'Égypte du despotisme des Mamlouks.

Lorsque toutes les troupes furent réunies sur la place d'Esbeckieh, le général en chef s'y rendit, accompagné de l'état-major général, des généraux de division, de leur état-major, du commissaireordonnateur en chef, des commissaires des guerdes administrations et des savans, ainsi que du kiaya du pacha, de l'émir-hadji, et des membres du divan, tant du Caire

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Le général en chef et son cortége vinrente se placer sur la plate-forme environnant l'obélisque. De superbes tapis couvraient le tertre. Toutes les musiques de demi-brigades réunies exécutaient des marches guerrières, et firent entendre des airs patriotiques et des chants de victoire.

Les troupes, après avoir exécuté, avec la plus étonnante précision, les manoeuvres et exercices à feu ordonnés par le général en chef, vinrent se ranger autour de l'obélisque. Un adjudant-général donna lecture de la proclamation du général en chef; elle fut écoutée dans le plus grand silence, et accueillie par les cris mille fois répétés de vive la République! L'orchestre exécuta ensuite un hymne de la composition de Parceval, musique de Riguel, ainsi que la Marche des Mar

TOME I.

-Guerre d'Égypte.

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seillais, le Chant du départ, et d'autres airs patriotiques. Toutes les troupes défilèrent ensuite dans le plus grand ordre, devant le général en chef, qui se retira au quartier-général, accompagné comme il l'avait été en se rendant sur la place. Tout l'état-major, tous les généraux, tous les chefs de corps, les employés des administrations, les Arabes, les savans, le kiaya du pacha, l'émir, les membres du divan, les agas et commandans turcs, avaient été invités à dîner par le général en chef.

Une table, de cent-cinquante couverts, somptueusement servie, était dressée dans la salle basse de la maison qu'il occupait. Les couleurs françaises étaient unies aux couleurs turques; le bonnet de la liberté et le croissant, la table des Droits de l'homme et le Koran se trouvaient sur la même li

gne. La gaîté française était modérée par la gravité turque. On laissa aux Musulmans la liberté des mets, des boissons, et ils parurent très-satisfaits des égards que l'on eut pour eux.

Au dessert plusieurs toasts furent portés; voici les principaux ::

Le général en chef: A l'an 300 de la République Française !

Un de ses aides-de-camp : Au Corps-Législatif et au Directoire-Exécutif!

Le citoyen Monge, président de l'Institut d'Égypte: Au perfectionnement de l'esprit humain; aux progrès des lumières!

Le général Berthier: A l'expulsion des Mamlouks; au bonheur du peuple d'Égypte!

Chacun de ces toasts fut accueilli par les applaudissemens de tous les convives, et chaque fois lá musique exécutait des airs analogues. Des couplets patriotiques, chantés par des militaires, terminè rent gaîment ce banquet civique.

A quatre heures, les courses commencèrent. Le premier prix de celle à pied fut gagné par le capo. ral Pathon, du 1er. bataillon de la 75. demi-brigade: le second, par Mariton, aussi caporal dans le 3°. bataillon de la même demi-brigade.

Les courses de chevaux étaient attendues avec une grande impatience par tous les spectateurs. Chacun désirait voir les chevaux français disputer le prix avec les chevaux arabes. La réputation de ces derniers était grande, mais ce jour devait la voir détruire. L'espace à parcourir était de 1,350 toises. Au signal donné, six chevaux, dont cinq arabes, s'élancèrent dans la carrière; le cheval français eut constamment l'avantage sur les autres. Il arriva le premier au but sans être fatigué, tandis les autres étaient hors d'haleine. En conque séquence le premier prix fut donné au citoyen Sucy, commissaire-ordonnateur en chef, propriétaire du cheval, qui avait parcouru en quatre minutes l'espace déterminé; le second prix au général Berthier, propriétaire d'un cheval arabe, arrivé le second au but, ayant mis pour parcourir l'espace quatre minutes dix secondes; le troisième, au citoyen Junot, aide-de-camp du général en chef, propriétaire d'un cheval arabe arrivé le troisième au but, ayant employé pour parcourir l'espace, quatre minutes quinze secondes.

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Les vainqueurs des courses furent promenés triomphe autour du cirque'.

La fête fut célébrée de la même manière dans les provinces et avec toute la solennité que comportaient les localités.

Quelques jours après, il y eut au Kaire plusieurs réunions de Français pour fêter l'anniversaire du 13 vendémiaire an 4, de cette journée qui mit Bonaparte en évidence. On y porta ce toast en son honneur: « dans l'espace de trois ans il a laissé bien loin, derrière lui, les hommes de tous les pays et de tous les siècles. Puisse-t-il vivre assez pour être témoin de l'admiration de l'Europe libre et de l'Afrique civilisée!» Bénaben lut une ode de sa composition où l'on remarquait cette strophe:

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Revenons à l'administration intérieure de l'Égypte.

Le traitement des membres des divans et des agas fut fixé par le général en chef à le général en chef à 1,200 fr. par an pour chacun; la solde des janissaires à huit médin par jour, et une ration de pain. Cette de

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Voyez le Courrier d'Égypte, du 6 vendémiaire an VII.

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