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soumettre les populations diverses, conquérir, ce n'était pas assez pour Bonaparte. Procurer aux Égyptiens quelques-uns des avantages de la civilisation, adoucir leur condition, en faire les alliés de ses armes, ramener sur les rivages du Nil les sciences et les arts qui en étaient depuis si longtemps exilés, telle était sa noble ambition. Il va donc ouvrir la carrière aux savans, aux artistes que la République Française a attachés à l'expédition.

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Il chargea Monge, Berthollet et Caffarelli-Dufalga de se concerter pour choisir au Kaire une maison dans laquelle on pût établir l'imprimerie française et arabe, un laboratoire de chimie, un cabinet de physique et un observatoire, où il y eût une salle pour l'institut, et de lui présenter une organisation avec l'état de la dépense '.

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Il arrêta qu'il serait établi au Kaire un institut pour les sciences et les arts, qui s'occuperait principalement, 1°. du progrès et de la propagation des lumières en Égypte; 2°. de la recherche, de l'étude, et de la publication des faits naturels et historiques.

Il en nomma d'abord membres Monge, Berthollet, Caffarelli, Geoffroy, Desgenettes et Andréossy, et les invita à se réunir pour désigner les personnes qui devaient compléter l'institut, et pour faire un réglement d'organisation".

Il fut divisé en quatre sections, de mathémati

'Ordre du 16 thermidor (3 août).

2 Arrêté du 3 fructidor.

TOME I.

GUERRE D'Égypte.

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ques, de physique, d'économie politique, de littérature et beaux-arts, et composé de 36 membres',

ces,

Un des palais des beys fut consacré aux séanà des collections de machines, d'instrumens apportés de France, aux curiosités du pays, des trois règnes de la nature, et au logement des savans. Le jardin devint un jardin de botanique; il était très-vaste, on y éleva un fort dit de l'Institut. Un laboratoire de chimie fut placé au quartiergénéral. Les moeurs simples des savans, leurs travaux, l'utilité dont ils étaient, leur acquirent de la considération dans l'armée et parmi les habitans. Les travaux sont connus; nous nous bornerons donc à en rappeler quelques-uns lorsqu'il y aura lieu, et ici à rapporter quelques vues soumises à l'institut par le général en chef. Ce corps savant ouvrit sa première séance le 6 fructidor.

Monge fut d'abord nommé président, Bonaparte vice-président et Fourier secrétaire perpétuel. Le général en chef proposa ces questions:

1o. Les fours employés pour la cuisson du pain de l'armée sont-ils susceptibles de quelques améliorations, sous le rapport de la dépense du combustible, et quelles sont ces améliorations?

I

Mathématiques: Andréossy, Bonaparte, Costaz, Fourier, Girard, Le Père, Leroy, Malus, Monge, Nouet, Quesnot, Say. -Physique: Berthollet, Champy, Conté, Delille, Descolstils, Desgenettes, Dolomieu, Dubois (remplacé par Larrey), Geoffroy, Savigny.-Économie politique: Caffarelli, Gloutiers, Poussielgue, Sulkowski, Sucy, Tallien.-Littérature et arts: Denon, Dutertre - Norry, Parseval, D. Raphaël, Redouté, Rigel, Ven

ture.

2o. Existe-t-il en Égypte des moyens de remplacer le houblon dans la fabrication de la bière? 3°. Quels sont les moyens usités de clarifier et de rafraîchir l'eau du Nil?

4°. Dans l'état actuel des choses au Kaire, lequel est le plus convenable à construire, du moulin à eau ou du moulin à vent?

5°. L'Égypte présente-t-elle des ressources pour la fabrication de la poudre, et quelles sont

ces ressources ?

6°. Quelle est en Égypte la situation de la jurisprudence, de l'ordre judiciaire civil et criminel, et de l'enseignement? Quelles sont les améliorations possibles dans ces parties, et désirées par les gens du pays?

A la séance du 26 fructidor, Bonaparte remit sur le bureau un exemplaire de la Connaissance des temps pour l'an VII, et invita l'institut à s'occuper de la rédaction d'un almanach comprenant la division du temps selon l'usage des Français, celui des Cophtes et celui des Musulmans. Une commission fut nommée pour faire ce travail.

A la séance du 21 vendémiaire an VII, sur la proposition de Bonaparte, on discuta les questions suivantes, et on chargea des commissions de les examiner.

1o. Recueillir les renseignemens les plus exacts sur les moyens de cultiver la vigne, et désigner les parties du territoire les plus convenables à cette culture;

2o. Accorder un prix au projet le meilleur et

le plus économique de fournir de l'eau à la citadelle du Kaire;

3o. Comment on pourrait utiliser l'immense amas de décombres qui formait en quelque sorte l'enceinte de cette ville.

4°. Établir un observatoire, chercher les moyens d'en accélérer l'établissement, et choisir un emplacement convenable.

5°. Le Meqyas ou Nilomètre du Kaire, pouvant donner lieu à des recherches intéressantes, sous le double rapport de la géographie ancienne et de son usage, décrire exactement ce monument; rappeler les faits historiques dont il était l'objet, indiquer les changemens qu'il avait éprouvés, ou ceux qui seraient dus à l'élévation du fond même du fleuve; en même temps examiner si on pourrait placer avec avantage, dans cet endroit des machines mues par les courants d'eau.

6o. Commencer le plus promptement possible une suite non interrompue d'observations thermométriques et hygrométriques, et des expériences sur les mouvemens lents et les oscillations de l'aiguille aimantée.

7°. Faire creuser des puits dans divers endroits du désert voisin, afin d'examiner avec soin la nature des eaux et toutes les circonstances accessoires.

8. Examiner dans le voisinage de l'aquéduc portant l'eau à la citadelle une quantité assez considérable de colonnes qui semblaient avoir été destinées autrefois à décorer un édifice public:

A la séance du 21 brumaire, sur la proposition

de Bonaparte, l'Institut créa une commission pour examiner les procédés que suivaient les habitans du dans la culture du blé, et les comparer pays avec ceux qui étaient en usage en Europe.

L'Institut d'Égypte correspondait avec l'Institut national de France. A la séance du 16 frimaire, Bonaparte communiqua le résultat des différentes recherches faites sur l'état-civil, l'ordre judiciaire et le système religieux et politique de l'Égypte.

Le 26, il fut nommé président.

A compter de cette époque, on ne voit plus dans les procès-verbaux de l'Institut que Bonaparte ait même assisté à ses séances. Il en fut empêché, sans doute, par les opérations militaires qui interrompirent aussi à plusieurs reprises les travaux de ce corps savant.

On publia deux journaux au Kaire, l'un sous le nom de Décade Égyptienne contenant les travaux de l'Institut et de la commission des sciences et arts, l'autre intitulé Courrier de l'Égypte, faisait connaître la situation politique intérieure et extérieure du pays; c'était le journal officiel.

Tandis que les pouvoirs civils et militaires s'établissaient, Bonaparte, du Kaire, dirigeait leurs opérations et s'occupait de compléter l'organisation de l'armée, d'améliorer les divers services distribuait le blâme et les récompenses, et assurait par des moyens de police la tranquillité de la capitale de l'Égypte. Tel fut le but d'une foule de dispositions isolées prises par le général en chef, et dont nous rapportons ici un choix, pour don

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