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donnés, vous m'admettrez à votre audience, pour que je puisse dissiper tous les doutes et soupçons qu'on a cherché à répandre sur ses vues ultérieures, et raffermir entre vous la bonne harmonie et la bonne intelligence; et, si vous jugez à propos de m'accorder cet honneur, mes voeux seront remplis, et je ne cesserai de prier Dieu pour la conservation de vos jours.

Au même.

<< Après vous avoir prié d'agréer les voeux que je fais pour votre prospérité, j'ai l'honneur de vous informer qu'en conséquence de la réponse que vous m'avez faite par l'entremise de votre serviteur le Reis-Mustapha, il ne me reste plus qu'à retourner vers le général en chef Bonaparte, votre ami particulier; et en effet il ne m'appartient de vous demander les raisons pas pour lesquelles vous n'avez pas trouvé à propos de me recevoir et de me donner un moment d'audience. Je partirai avec un grand regret, celui de n'avoir pu moi-même vous témoigner les sentimens d'estime et d'amitié que le général en chef Bonaparte a et aura toujours pour vous. Je prendrai cependant la liberté de vous assurer que la République Française est disposée à resserrer les liens de bonne harmonie qui l'attachent à vous, et à vous en donner des preuves convaincantes toutes les fois qu'elle trouvera quelque chose à faire pour vous. Mais pour vous mettre plus à même de juger des sentimens distingués du général en chef envers vous, je dois vous envoyer la lettre qu'il

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vous a écrite, et, si vous le jugez à propos, vous me chargerez de lui en porter la réponse. Agréez les adieux que je vous fais d'ici, et les, voeux que ne cesserai de faire pour votre prospérité. »

Djezzar, comme tous les Orientaux, se servait souvent d'allégories et de paraboles. Voici l'apelogue par lequel il expliquait les raisons qui le rendaient ennemi des Français

« Un esclave noir, disait-il, après un long voyage où il avait souffert tous les genres de privations, arriva dans un petit champ de cannes à sucre. Il s'y arrêta, s'abreuva de cette liqueur délicieuse, et se détermina à s'établir dans ce champ. Un moment après passèrent deux voyageurs qui se suivaient. Le premier lui dit : salamaleck (le salut soit avec toi). « Le diable t'emporte», lui répondit l'esclave. Le second voyageur s'approcha de lui et lui demanda pourquoi il avait si mal accueilli un propos plein de bienveillance.

J'avais de bonnes raisons pour cela, répliquat-il; si ma réponse eût été amicale, cet homme m'aurait accosté, se serait assis auprès de moi, il aurait partagé ma nourriture, l'aurait trouvée bonne, et aurait cherché à en avoir la propriété exclusive. >>

Les négocians français, établis à Jaffa, ayant fait part de leurs sollicitudes au général en chef, il leur répondit :

« Je n'ai reçu qu'aujourd'hui, citoyens, votre lettre du thermidor. Je vois avec peine la 9 position dans laquelle vous vous trouvez; mais les nouvelles ultérieures que l'on aura eues de nos

principes, auront, j'en suis persuadé, dissipé toutes les alarmes qui vous entouraient. '

Je suis fort aise de la conduite de l'aga gouverneur de la ville : les bonnes actions trouvent leur récompense, et celle-là aura la sienne.

Malheur, au reste, à celui qui se conduira mal envers vous! Conformément à vos désirs, le divan, composé des principaux cheyks du Kaire, le kiaya du pacha, et le mollah d'Égypte, et celui de Damas, qui se trouvent ici, écrivent en Syrie, pour dissiper toutes les alarmes. Les vrais Musulmans n'ont pas de meilleurs amis que nous 1. »

Les notables musulmans du Kaire écrivirent en effet en Syrie dans les mêmes termes qu'au schérif de la Mekke, et rappelèrent tous les titres que le général en chef s'était acquis à la confiance des vrais croyans.

Le climat de l'Égypte est sain; mais la peste règne souvent sur ses côtes.

Le général en chef établit une administration destinée à faire exécuter, autant que les circonstances et les localités le permettraient, les réglemens sanitaires du lazaret de Marseille, le plus vaste, le plus commode et le mieux administré de toute l'Europe. Il plaça à la tête de cette administration, sous le titre d'ordonnateur des lazareths, le citoyen Blanc, un des anciens conservateurs de celui de Marseille. Les autres employés furent choisis parmi les anciens capitaines du commerce, et les gardiens de santé parmi les

Lettre du 10 fructidor.

marins de tout grade, habitués à la navigation du Levant. Déjà des mesures avaient été prises pour l'établissement de lazarets à Alexandrie, Rosette et Damiette. Le général en chef créa au Kaire un bureau de santé et de salubrité pour cette ville.

L'ophtalmie est une maladie du pays. Saint Louis ramena de son expédition une foule d'aveugles; c'est pour eux que fut établi, à Paris, l'hospice des Quinze-Vingts.

pous

Cette maladie fut la première qui se déclara dans l'armée. Les gens de l'art n'étaient pas plus d'accord sur les moyens de la traiter que sur les causes qui la produisaient. Des empyriques du pays surprenaient la crédulité des militaires qui en étaient atteints. La chaleur brûlante du jour, la réfraction des rayons du soleil par la blancheur des corps répandus sur le sol; l'usage immodéré des liqueurs spiritueuses et des femmes; la sière entraînée par l'air; surtout la suppression de la transpiration cutanée par le passage subit du chaud au froid; l'humidité et la fraîcheur des nuits pour les militaires qui bivouaquaient, furent regardés par les chirurgien et médecin en chef comme les causes de l'ophtalmie. Ils publièrent des avis pour engager les militaires à prendre tous les moyens de se garantir de la fraîcheur des nuits. Traitée selon les préceptes de l'art, l'ophtalmie n'avait point de suites fâcheuses, et, quand elle était suivie de cécité, ce n'était que par la confiance du soldat dans les remèdes des empyriques, par sa négligence à se rendre à l'hô

pital, et à observer le régime qui lui était pres

crit.

Une des premières sollicitudes du général en chef fut d'établir des hôpitaux. Le Kaire offrait des ressources, mais tout était à créer. La maison d'Ibrahim-Bey fut érigée en hôpital pour 500 malades. Il y en eut aussi dans les principales villes, sans compter les hôpitaux régimentaires. Bonaparte rechercha et régla avec un grand soin tout ce qui pouvait prévenir les maladies ou en abréger la durée et les guérir. Les bains, la propreté, les mesures hygiéniques devinrent le texte habituel de ses ordres du jour; on le verra se charger lui-même d'exécuter ses ordonnances, et affronter la contagion. Il visita le grand hôpital du Kaire, quelques jours après son établissement, et témoigna son mécontentement de la pénurie d'eau, d'eau-de-vie, de médicamens dans laquelle il l'avait trouvé. Il ordonna que les officiers fussent mis dans des chambres séparées, ce qui lui paraissait essentiel dans un pays où tout homme malade était obligé d'aller à l'hôpital; et il requit deux moines de Terre - Sainte pour y être toujours de planton, afin de servir d'interprètes et de soigner les malades '.

Depuis le 15 messidor jusqu'au 30 fructidor, il entra dans les hôpitaux 1,500 malades, et il n'en mourut qu'environ 60 2.

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Vaincre, chasser les beys et les Mamlouks,

Lettre à l'ordonnateur en chef, du 16 thermidor.

Desgenettes, Histoire Médicale, etc., p. 17.

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