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ternelle confusion des beys et Mamlouks, nos ennemis communs.

Je prie votre excellence de croire aux sentimens d'amitié et de haute considération, etc.. >> Lorsque les troupes françaises obligèrent Ibrahim-Bey d'évacuer la province de Charqyeh, Bonaparte lui avait écrit qu'il acceptait pour médiateur le pacha d'Égypte, et qu'il vînt le trouver. Il écrivit directement au pacha pour lui renouveler son désir de le voir revenir au Kaire pour y reprendre ses fonctions, et le prier de ne pas douter de la considération que l'on aurait pour lui, et du plaisir qu'il aurait à faire sa connais

sance 2.

Il écrivit au pacha de Damas plusieurs lettres pour l'assurer que les Français n'étaient pas ennemis des Musulmans, et le prier d'être persuadé du désir où ils étaient de vivre en bonne intelligence avec lui, et de lui donner tous les signes de la plus parfaite amitié 3.

3

Bonaparte confia au jeune Mailly de ChâteauRenaud, officier de l'état-major, la mission de porter à Lataquie un paquet pour Constantinople; d'après ses instructions, rédigées avec le plus grand soin, il devait partir directement pour Lataquie sur une djerme qui lui serait fournie à Damiette; avoir pour première attention d'éviter

Lettre du 5 fructidor.

2 Lettre du 14.

3 Idem.

les croisières anglaises; engager le patron à changer de route lorsqu'il s'en verrait menacé; ne s'approcher même qu'avec précaution des petits bâtimens venant de la côte, et ne les hêler que lorsqu'il serait sûr que ce n'étaient pas des corsaires; les patrons de barque, reconnaissant facilement au large les djermes de leur pays. Il lui était recommandé, en cas de visite, de cacher soigneusement ses paquets, et de faire ce que la prudence lui dicterait; et comme il portait l'habit oriental de ne parler qu'en langue turque avec son interprète arabe.

Parvenu à la marine de Lataquie, Mailly devait demander à parler à Codja-Hanna-Coubbé, intendant du gouverneur, et noliseur du brigantin français la Marie, arrivé à bon port à la rade de Damiette, le II fructidor, lui faire valoir la permission qu'avait donnée le général en chef à ce bâtiment, de faire son retour en riz, pour alimenter son échelle et la ville d'Alep; demander de suite la permission de communiquer avec Geoffroy, proconsul de la République Française à Lataquie, résidant à un demi-quart de lieue de la marine, et, assisté de cet agent, se rendre chez le gouverneur, auquel il remettrait une lettre du général en chef.

Il fallait que Mailly prévît qu'il y avait des espions anglais à Lataquie, et que, pour mieux masquer l'expédition de son paquet pour Constantinople, il eût soin de dire au gouverneur, et de répandre dans le public que le général en chef avait envoyé sur toute la côte divers officiers

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pour engager les pachas à laisser toute liberté de commerce avec l'Égypte, et que sa mission particulière se bornait à Lataquie et à Alep. Pendant cette ouverture, le proconsul aurait la facilité d'envoyer sur-le-champ un messager qui se rendrait en deux jours à Alep. Choderlos, consul français, le garderait un jour ou deux tout au plus, pendant lesquels il donnerait au général en chef les nouvelles les plus authentiques qu'il aurait pu recueillir de la légation de Constantinople, ou par des correspondances particulières, sur la situation de cette capitale, les mouvemens en Romélie, en Syrie, etc., et en général sur tout ce qui pourrait intéresser le général en chef.

Mailly attendrait chez le proconsul le retour du message; se tiendrait très-réservé, sur les nouvelles d'Égypte, en tant qu'elles pourraient entraver sa mission; et, dans le cas où il trouverait le peuple de Lataquie en fermentation, il pourrait dire comme de lui-même : « Le bruit constant au Kaire est que l'expédition des Français est terminée, et, sans l'échec arrivé à notre escadre, notre armée se serait déjà retirée; mais en attendant de nouvelles forces maritimes, les ports de l'Égypte sont ouverts aux négocians musulmans, et ceux de Lataquie peuvent en toute sûreté y envoyer leur tabac qui fait toute leur

richesse ».

Le messager étant de retour d'Alep, Mailly devait mettre sur-le-champ à la voile, tâcher de n'aborder aucune terre et de s'en retourner en droiture à Damiette, d'où il se rendrait sur-le

champ près du général en chef. Il mettrait la même prudence à cacher ses dépêches, et dans le cas où il se verrait forcé de les jeter à la mer, ou qu'elles fussent interceptées par les Anglais, son voyage ne serait pas inutile sous le rapport des nouvelles, en prenant à Lataquie la précaution de faire écrire en arabe les plus saillantes et de les confier à son interprète, ou de les cacher dans un ballot de tabac '.

Bonaparte expédiait beaucoup de bâtimens pour donner de ses nouvelles en France; mais il n'en avait pas reçu depuis le 18 messidor.

er

Il écrivit au consul français à Tripoli, le 1o. fructidor, pour l'instruire des progrès de l'armée, et, comme les Anglais étaient maîtres de la mer, il le priait d'expédier un courrier à Malte, ou à Civita-Vecchia, ou à Cagliari, d'où il gagnerait facilement Toulon; de lui remettre une lettre dont il lui envoyait copie; de dire que l'armée de terre était victorieuse et bien établie sans maladies et sans pertes de monde ; que le général en chef se portait bien et qu'on n'ajoutât pas foi en France aux bruits que l'on faisait courir; de lui envoyer de Tripoli un courrier pour lui faire parvenir les nouvelles qu'il aurait reçues de France, et d'écrire à Malte pour qu'on lui envoyât toutes les gazettes qu'on y recevait; de lui expédier indispensablement, au moins une fois par décade, un courrier qui irait par mer jusqu'à Derne et de là traverserait le désert; qu'il rem

Instruction de Bonaparte, du 26 fructidor.

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bourserait tous les frais; qu'il n'osait aventurer de l'argent au travers du désert; mais que s'il se trouvait à Tripoli un négociant qui eût besoin d'avoir 6,000 francs au Kaire, le consul pouvait les prendre et tirer une lettre de change sur le général en chef; d'ailleurs il paierait bien tous les courriers qui lui apporteraient des nouvelles

intéressantes 1.

Le brick le Lodi arriva à Alexandrie le 5 fructidor, mais il était parti de Toulon le 2 messidor. Il avait soutenu un combat glorieux contre le brick anglais l'Aigle, qui était allé couler bas à Porto-Longo. Il avait traversé la croisière anglaise, et, pour éviter d'être pris, s'était échoué sur la côte entre Abouqyr et Alexandrie, où l'adjudant-général Camin fut tué par les Arabes. Bonaparte écrivit à Sennequier, commandant de ce brick, pour louer sa conduite, et l'assurer qu'il récompenserait sa bravoure 2.

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-En faisant connaître au schérif de la Mekke l'entrée de l'armée française en Égypte, Bonaparte l'assura de la ferme intention où il était de

protéger de tous ses moyens le voyage des pélerins dans la ville sainte; que les mosquées et toutes les fondations que Médine et la Mekke possédaient en Égypte continueraient à leur partenir comme par le passé. «Par les lettres que vous écriront le divan et les différens négocians de ce pays, lui mandait Bonaparte, vous

Lettre du 1er. fructidor.

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