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Gantheaume, échappé à l'incendie de l'Orient, après avoir vu successivement les derniers vaisseaux rendus ou détruits et Villeneuve gagner la haute mer, jugeant sa présence inutile sur la plage d'Abouqyr, se rendit à Alexandrie et rédigea son rapport. Kléber, qui du haut du phare, avait été témoin du combat, expédia, le jour même, son aide-de-camp Loyer pour porter ce rapport à Bonaparte, et lui manda : « Votre présence ici me semble nécessaire; dans une telle circonstance vous ne sauriez être remplacé. »> L'aide-de-camp se rendit par mer à Rosette, d'où le général Menou l'expédia, le 18, par un aviso, sur le Nil.

Les communications étaient encore si difficiles

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que Loyer fut onze jours en route, et n'arriva auprès de Bonaparte que le 26. Il revenait alors de son expédition contre Ibrahim-Bey; il partait de Salhieh et n'en était pas éloigné de deux lieues. Il supporta ce malheur avec courage, et dut même affecter de la sécurité pour ne pas affaiblir, dans l'armée, la confiance qui lui devenait plus que jamais nécessaire. Il prit à part l'aide-de-camp de Kléber et s'entrețint avec lui. Après avoir entendu son récit avec l'apparence de la plus grande impassibilité, il dit avec le même sang-froid: « Nous n'avons plus de flotte: eh bien! il faut rester dans ces contrées, ou en sortir grands comme les anciens . »

Nouveau Cortez, ses vaisseaux étaient brûlés; mais il n'en avait pas ordonné l'incendie, et tout autre que lui en eût été accablé. Comme on le verra bientôt, ce revers répandit un grand découragement dans l'armée. Avec tout autre général, dès ce moment, elle eût été perdue.

« Tu dois bien croire, écrivait le commissaire des guerres Miot à son frère, 28 thermidor', combien cet événement rend notre situation embarrassante dans ce pays; et elle enlèverait l'espérance à toute l'armée, si l'on ne connaissait pas le génie du général en chef qui la dirige. » En effet, Bonaparte mesurant hardiment sa situation, et persuadé qu'il pouvait sans vaisseaux con

D'après Miot, Expédition en Égypte, page 79, ce serait à l'ordonnateur en chef que Bonaparte, de retour au Kaire, aurait adressé ces mots.

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⚫ Correspondance interceptée, tome II, page 115.

quérir encore l'Égypte et conserver sa conquête, écrivait au général Kléber, alarmé de la prépondérance maritime des Anglais : « Ils nous obli geront peut-être à faire de plus grandes choses que nous n'en voulions faire!» A quoi ce géné ral répondit : « Oui, nous l'entreprendrons cette grande chose, et je préparé déjà toutes mes facultés 2 »

Il restait dans le port d'Alexandrie:

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Les équipages de tous ces bâtimens étaient de 4,948 hommes.

De retour au Kaire, Bonaparte écrivit à Gantheaume: «< Le tableau de la situation dans laquelle vous vous êtes trouvé est horrible. Quand vous n'avez point péri dans cette circonstance, c'est que le sort vous destine à venger un jour notre

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marine et nos amis; recevez-en mes félicitations; c'est le seul sentiment agréable que j'aie éprouvé depuis avant hier J'ai reçu, à mon avant-garde, à trente lieues du Kaire, votre rapport qui m'a été apporté par l'aide-de-camp du général Kléber. Je brûle du désir de conférer avec vous; mais avant de vous donner l'ordre de venir au Kaire, j'attendrai quelques jours, mon intention étant, s'il est possible, de me porter moi-même à Alexandrie . »

Le général en chef nomma Gantheaume commandant des débris de la marine; et le chargea de se concerter avec l'ordonnateur Leroy, pour l'armement et l'approvisionnement des frégates l'Alceste, la Junon, le Carrère, le Muiron, des vaisseaux le Dubois et le Causse, des bricks et avisos, en un mot, de tout ce qui restait; de nommer tous les commandans, de faire tout ce qui serait possible pour retirer de la rade d'Abouqyr tout ce qui y était resté; de lui envoyer l'état des officiers, des matelots et des bâtimens existans; d'adresser au ministre de la marine une relation de l'affaire, telle qu'elle avait eu lieu ; de faire prévenir de suite Malte et Corfou de ce qu'aurait fait Villeneuve, afin qu'on s'y tînt en surveillance et à l'abri d'une surprise. Bonaparte lui envoya 15,000 fr. pour distribuer aux officiers de l'armée qui auraient le plus de besoins, après en avoir prélevé 3,000 pour ses besoins particuliers 2.

'Lettre du 28 thermidor ( 15 août).

• Idem.

Dans ce moment même, Gantheaume envoyait à Bonaparte un second rapport, et lui disait: « Après avoir été acteur dans un aussi cruel événement, hors d'état de continuer mes services dénué de tout, il est absolument urgent que je me présente en France, et j'attends vos ordres à cet égard '. >>

Bonaparte envoya, à l'ordonnateur Leroy, 100,000 fr. pour les travaux les plus pressans; lui annonça une pareille somme par décade, outre les fonds qui lui seraient remis des contributions frappées à Alexandrie et à Damiette.

Pour nourrir la grande quantité d'hommes qui se trouvaient réunis à Alexandrie, il donna l'ordre au général Menou d'y expédier, de Rosette, tous les blés et autres approvisionnemens destinés pour l'escadre, et qui lui avaient été envoyés du

Kaire.

Dans la lettre que Bonaparte écrivit au Directoire sur la perte de la flotte, on voit par le soin avec lequel il rapportait les ordres qu'il avait donnés à Brueys, le 15 messidor et postérieurement, combien il mettait d'importance à se laver de la moindre participation au parti qu'avait pris l'amiral de rester un mois au mouillage d'Abouqyr. Préoccupé de cette pensée, il s'exprime par fois dans des termes qui ne sont pas tout à fait conformes à ceux de ses ordres. Comme il desirait garder la flotte, il est permis de croire qu'il ne trouva pas mauvais que l'amiral restât dans la rade

*Lettre du 29 thermidor (16 août).

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