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A cinq heures trois quarts, la galiote l'Hercule et la batterie de l'ilot commencèrent à jeter des bombes sur les vaisseaux avancés de l'escadre ennemie; à six heures, les deux avant-gardes se canonnaient.

Une partie des vaisseaux anglais, sous petite voilure, doubla la tête de la ligne française, et vint prendre une position de mouillage et d'embossage de térre à ses vaisseaux, tandis que l'autre partie mouillait à une portée de pistolet de l'autre bord. Par cette manoeuvre, l'avant-garde et le centre français, jusqu'au Tonnant, se trouvèrent enveloppés. En exécutant ce mouvement, deux vaisseaux ennemis échouèrent. On se battait des deux bords avec la plus grande opiniâtreté.

Depuis le commencement de l'action, Brueys était sur la dunette avec tout son état-major, l'ordonnateur de l'escadre et une vingtaine de personnes faisant la fusillade; c'était tout ce qu'on avait pu rassembler pour la mousqueterie. Les personnes destinées à être sur le gaillard, avaient été envoyées, par l'amiral, dans la batterie de douze, où il manquait plus de la moitié de son

armement.

Le combat durait depuis une heure. Brueys fut blessé par deux fois à la figure et à la main; et peu après huit heures, il fut renversé par un boulet. Ayant entendu le contre-amiral Gantheaume donner l'ordre de le porter au poste des blessés, il eut encore le temps de lui dire d'une voix ferme et en lui serrant la main : « Non, un amiral français doit mourir sur son banc de quart. » Il mou

rut au bout d'un quart d'heure. Le capitaine de pavillon, Casabianca, peu de temps après grièvement blessé, ainsi que son capitaine de frégate, furent transportés au poste. Le feu des batteries de vingt-quatre et de trente-six continuait cependant avec la plus grande ardeur; mais obligé à se battre des deux bords, on avait abandonné celle de douze. Les deux matelots d'avant et d'arrière, le Franklin et le Tonnant, étaient, comme l'Orient, pris des deux bords par la tranche et le bossoir. Sur le Franklin, le contre-amiral Blanquet Duchayla fut aussi, vers huit heures, dangereusement blessé.

.

Déjà le vaisseau anglais qui était par le travers de l'Orient, à stribord, avait ralenti son feu, et ne tirait plus qu'à de longs intervalles. Mais obligé à se défendre contre deux vaisseaux qui le combattaient par la tranche de bas bord et le bossoir de stribord, le contre-amiral Gantheaume venait de faire prendre à l'Orient une meilleure position en filant du cable, afin de diriger sa canonnade sur ceux qui l'inquiétaient le plus, lorsqu'il apperçut tout à coup une explosion et le feu sur la dunette. Il était neuf heures un quart.

Alors Gautheaume ordonna de cesser le feu des batteries, de faire monter-tout le monde sur le pont pour éteindre le feu de la dunette; mais les pompes étaient brisées par les balles, les seaux renversés et couverts de débris; dans le tumulte, cet ordre ne fut qu'en partie exécuté. Peu de monde monta sur le pont; on n'avait que de faibles moyens à opposer à l'incendie; il fit, en peu de

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teups, des progrès désespérans. Les mâts venaient de tomber; le feu gagna tout le gaillard et la batterie de douze; celle de trente-six, malgré les ordres de Gantheaume, continuait à tirer avec beaucoup de vivacité. Dans cette cruelle position, il renouvela l'ordre de cesser entièrement le feu, et donna au maître calfat celui d'ouvrir les robinets pour noyer les poudres. Alors tout l'équipage se jeta à la mer par les sabords sur les débris dont elle était couverte. Ayant voulu encore une fois remonter sur le pont, Ganteaume trouva le feu dans la batterie de vingt-quatre et tout le haut embrasé; la batterie de trente-six était déserte et tout le monde à l'eau. Étant venu au sabord de retraite, il trouva le moyen de se jeter sur un grand débris de la galerie, au-dessous des flamet parvint à saisir un canot où étaient environ trente hommes qui ne pouvaient se dégager du vaisseau; après quelques efforts, ils parvinrent enfin à isoler ce canot, et ils s'en allèrent au gré de la lame.

mes,

Une demi-heure après, à dix heures et demie, l'Orient, embrasé dans tous ses quartiers, sauta en l'air.

Le fils de Casabianca, âgé de neuf à dix ans, donna, pendant tout le combat, des preuves de sang froid qui furent remarquées de tout l'équipage. Quand le feu eût gagné la deuxième batterie, il alla trouver son père au poste des blessés. Lorsque le vaisseau fut entièrement évacué, et que les flammes gagnaient la troisième batterie, un matelot, resté auprès du capitaine Casabianca,

offrit en vain à cet enfant de le sauver; il ne voulut pas abandonner son père. Ils périrent ensemble dans l'explosion '.

Elle suspendit pendant un quart d'heure le combat. Sans se laisser abattre par ce cruel événement, les Français recommencèrent le feu. Le Franklin, le Tonnant, le Peuple Souverain, le Spartiate, l'Aquilon le soutinrent jusqu'à trois heures du matin. De trois à cinq heures il se ralentit de part et d'autre. Entre cinq et six il redoubla et devint terrible Le 15 thermidor (2 août), à midi, le combat durait encore; il ne se termiua qu'à deux heures, lorsque tous les vaisseaux français furent pris ou détruits.

Thévenard, commandant de l'Aquilon, était mort sur son banc de quart; Du Petit-Thouart, capitaine du Tonnant, eut les deux cuisses emportées par un boulet. Il voulut rester sur son banc de quart, un autre boulet lui emporta un bras; il demanda une pipe, fuma pendant quelques minutes, s'écria: « Équipage du Tonnant, ne vous rendez jamais! » ordonna de jeter son corps à la mer plutôt que de le laisser tomber au pouvoir des Anglais, et expira.

Tout avait été décidé par l'explosion de l'Orient; dès ce moment la bataille fut perdue, car la division du contre-amiral Villeneuve ne prit qu'une faible part au combat. A une heure après midi il coupa les cables du Guillaume-Tell qu'il montait, et prit le large emmenant le Généreux

1 Courrier d'Égypte, du 16 fructidor.

et les frégates la Diane et la Justice. Les trois autres vaisseaux se jetèrent à la côte sans se battre. Les Anglais n'ayant pas deux vaisseaux en état de manoeuvrer, ne purent poursuivre Villeneuve; il gagna bientôt le large. Leur perte fut considérable, mais ils la cachèrent. L'amiral Nelson fut blessé. Leurs vaisseaux éprouvèrent de grands dommages. La perte des Français fut immense, et leur escadre anéantie.

D'après un calcul assez vraisemblable, la totalité des hommes à bord des treize vaisseaux composant l'escadre française, était de.

A déduire :

Sur les deux vaisseaux emmenés par Villeneuve..

Échappés du vaisseau le Timo-,

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8,930

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1,300

400

5,005

3,105

Renvoyés à terre par Nelson, en vertu d'un cartel, comme prisonniers de guerre, y compris 1,500

blessés..

Officiers, charpentiers, calfats 2

par lui retenus

200

Il en avait donc péri dans le combat. . .

3,925

Le tableau suivant fait connaître le sort de tous les vaisseaux qui composaient l'escadre au mouillage d'Abouqyr.

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