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guides de Bonaparte, qui était dans le département du Montblanc, ainsi que 25 guides qui étaient res tés en Italie aux hôpitaux ou auprès de Berthier.

Bonaparte mettait tous ses soins à assurer la solde des troupes, leur prêt, leur subsistance, à ce qu'elles eussent le vin ou l'eau-de-vie tous les jours, à ce qu'elles ne manquassent de rien. Il assignait le placement de la cavalerie, de l'infanterie, combinait la proximité des ports d'embarquement avec les moyens de faire subsiter les hommes et les chevaux.

On n'embarquait de chevaux que ce qui était indispensable pour traîner l'artillerie et avoir au débarquement une poignée de cavalerie. Il emmenait 2500 cavaliers à pied avec l'équipement de leurs chevaux; et comme il comptait trouver en Egypte 10 ou 12,000 bons chevaux, il demandait même au Directoire de lui donner plus de cavaliers. Bonaparte ordonna de compléter les musiques des différens corps, et de faire provision de tambours.

Il ne passait que 3 chevaux à un général de division, 2 à un général de brigade, 1 à un chef de brigade et à tous les officiers qui avaient droit à des chevaux; 3 au commissaire-ordonnateur I à un commissaire des guerres; mais il donnait à chacun la liberté d'embarquer le nombre de selles et palfreniers pour les chevaux que la loi lui accordait.

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Il voulait que les lieuteuans et les sous-officiers d'infanterie légère, les sous-officiers de l'infanterie de bataille et les canonniers à pied, fussent armés de fusils.

Il désignait au ministre de la guerre les généraux et officiers supérieurs de toutes armes qu'il désirait employer dans l'expédition, et leur assignait des commandemens ou des destinations.

Il demandait un millier de tentes, des armuriers, des serruriers, des calfats, des charrons toutes sortes d'ouvriers.

A la tête du service de santé étaient le médecin Desgenettes et le chirurgien Larrey. Outre les of ficiers de santé que l'on dirigeait de l'intérieur de la République dans les ports, Bonaparte, persuadé qu'on ne pouvait en avoir trop, écrivait d'en prendre le plus possible à l'armée d'Italie et dans le pays même, français ou italiens. Il déterminait le nombre nécessaire de directeurs d'hôpitaux, de pharmaciens, d'infirmiers. Il voulait une pharmacie à bord de chaque bâtiment pour ses malades pendant la traversée; il recommandait de se pourvoir d'une quantité de médicamens proportionnée à la force de l'armée, c'est-à-dire pour 30,000 hommes.

Il correspondait activement à Paris avec le ministre des finances et la trésorerie; et non content de leur écrire, il allait lui-même les relancer pour accélérer les envois de fonds. Il écrivait aux payeurs et aux ordonnateurs dans les ports pour les leur annoncer les encourager, et soutenir leur confiance. Cependant la commission de la Méditerranée se trouvant un moment embarrassée, envoya l'ordonnateur Suey à Paris pour s'entendre avec Bonaparte : Il répondit : « Vous ne devez avoir aucune inquiétude pour l'argent. Les

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dispositions sont faites depuis long-temps pour qu'il arrive dix millions dans les caisses du payeur de la marine. » Et après avoir fait le relevé des envois, << marchez hardiment, rassurez les fournisseurs. Je viens moi-même de la trésorerie, j'ai vérifié que ces fonds sont en pleine marche1. >>

Dans l'intérieur de la République, presque tous les services étaient plus ou moins en souffrance. Pour les finances, le Directoire était souvent en guerre avec les conseils législatifs; le trésor était dans la pénurie. Mais pour l'expédition d'Égypte ou trouvait de l'argent, on faisait des miracles. Rien n'était épargné, on réunissait toutes les ressources. Le trésor de Berne se trouva là fort à propos. A la demande de Bonaparte, le Directoire donna l'ordre d'en faire passer en poste trois millions à Lyon. Bonaparte écrivit au général Schauenbourg d'en accélérer le plus possible l'envoi, ces fonds étant destinés à l'armée d'Angleterre.

On a imputé à Bonaparte d'avoir favorisé, provoqué même la révolution de la Suisse, dans la vue de s'emparer de ce trésor pour les frais de son expédition. Lorsqu'en frimaire de l'an 6, les troupes françaises entrèrent en Helvétie, on ne parlait en France que de la descente en Angleterre. L'expédition d'Égypte ne fut décidée que le 15 ventôse, et c'est ce jour là même que les Français entraient à Berne. Comment Bonaparte

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et le Directoire auraient-ils pu prévoir qu'on laisserait à leur disposition un trésor qu'il était si facile d'enlever avant l'invasion, et de mettre en

sûreté ?

Général en chef de l'armée d'Italie, Bonaparte avait destiné au marquis de Gallo un présent en diamans valant 100,000 francs. Il écrivit à Berthier de le remettre à Belleville, ministre français à Gênes, à l'un et à l'autre de garder le secret le plus profond, afin que cela ne produisît pas un mauvais effet, et au dernier de vendre ce présent, d'en envoyer le produit à la caisse du payeur, et de n'en disposer que sur son ordre et pour des événemens extraordinaires'.

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Sur la proposition de Bonaparte, Estève fut nommé payeur-genéral de l'armée d'expédition, et Poussielgue contrôleur.

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L'expédition d'Égypte n'est pas une invasion de barbares qui vont y porter le pillage et la dévastation. Soit qu'elle devienne le point d'appui d'une expédition dans l'Inde, soit qu'on se borne y fonder une colonie française, les élémens que Bonaparte a rassemblés pour en faire la conquête, ne lui suffisent pas pour la conserver outre des généraux, des soldats, des canons, il lui faut des administrateurs, des savans, des artistes, des ouvriers. Pour établir et multiplier ses relations avec les habitans du pays, pour répandre parmi eux ses ordres, ses conseils, ses desseins, ses

'Lettre du 13 germinal.

pensées, il lui faut d'habiles interprètes, des Enropéens qui aient vécu dans l'Orient.

Cinq jeunes de langue, Raige, Belletête, Chézy, Laporte et Jaubert; l'ancien consul français au Kaire, Magallon; Venture, employé aux relations extérieures, et Panuzen, interprète, furent attachés à l'expédition ; il voulut avoir aussi Peyron, qui avait été longtemps agent du gouvernement royal auprès du sultan Tippo-Saïb, et qu'il espérait faire passer aux Indes pour y renouer les anciennes intelligences.

Il désigna des savans et des artistes pour l'accompagner. C'étaient Dangés, Duc-la-Chapelle, astronomes; Costaz, Fourier, Monge, Molard, géomètres; Conté, chef de bataillon des aërostiers; Thouin, Geoffroy, Delille, naturalistes ; Dolomieu, minéralogiste; Berthollet, chimiste, Dupuis, antiquaire; Isnard, Lepère ( Gratien ), Lancret, Lefebvre, Chézy, ingénieurs des ponts et chaussées'. Leurs places en France leur étaient conservées ; il leur était alloué une indemnité de route et un traitement extraordinaire. Pour leur cacher leur véritable destination, on annonçait aux uns qu'ils iraient à Bordeaux, aux autres qu'ils iraient à Flessingue. Monge était à Rome; Bonaparte, qui avait beaucoup d'amitié pour lui, lui écrivit : « Nous avons un tiers de l'Institut et des instrumens de toute espèce. Je compte sur l'imprimerie arabe de la Propagande et sur vous,

1 Cette liste fut ensuite modifiée, mais surtout augmentée.

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