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assez grand nombre autour d'Alexandrie. Ils arrêtaient les messagers et enlevaient les dépêches; ils assassinaient les soldats qui avaient l'impru¬ dence de s'écarter. Deux hommes du poste établi à la colonne de Pompée, poursuivirent un chien à deux cents toises dans la plaine, deux Arabes à cheval sortirent d'une embuscade, tuèrent un soldat d'un coup de pistolet, et blessèrent l'autre mortellement. Kléber convoqua les chefs du pays, et convint avec eux de mesures pour entreprendre sérieusement de pacifier ces hordes du désert. Il fit faire une petite expédition contre elles par le chef d'escadron Rabasse, qui tua quarante-trois hommes. Les Arabes revinrent le lendemain pour enterrer les leurs, et entre autres leur chef, auquel ils élevèrent un petit monument de pierres brutes; mais on ne leur laissa pas le temps de l'achever. On leur donna la chasse, et ils ne reparurent plus,

Kléber était toujours sans nouvelles du général en chef; mais il avait appris, par Menou, son entrée au Kaire. On la célébra avec toute la pompe dont Alexandrie était susceptible. Les agens diplomatiques, les négocians de toutes les nations. et les principaux Musulmans vinrent visiter le général Kléber, et lui protester de leur dévouement et de leur fidélité à la nation française. Pendant la nuit, les marchés, les maisons, les boutiques furent illuminées; les musiques des deux nations échangèrent des sérénades en l'honneur de leurs chefs; les principaux Musulmans se tenaient dans une grande salle, ou allaient et ve

naient pêle-mêle Turcs, Français, et quelques femmes d'officiers et de négocians. On y distribuait largement et gratis des rafraîchissemens et des parfums. Kléber y parut un instant; la joic était générale et paraissait sincère.

Ayant reçu, le 12 thermidor (36 juillet); tout à la fois les dépêches de Kléber, Bonaparte approuva la conduite qu'il avait tenue, notamment l'arrestation de Koraïm, et lui transmit l'ordre d'arrêter encore d'autres individus ses complices. «La chose que nous avions le plus à craindre, lui mandait-il, c'était d'être précédés par la terreur qui n'existait déjà que trop, et qui nous aurait exposés dans chaque bicoque, à des scènes pareilles à celles d'Alexandrie. Tous ces gens-ci pouvaient penser que nous venions dans le même esprit que saint Louis, et qu'ils portent eux-mêmes lorsqu'ils entrent dans les États chrétiens; mais aujourd'hui les circonstances sont tout opposées. Ce n'est plus ce que nous ferons à Alexandrie qui fixera notre réputation, mais ce que nous ferons au Kaire; d'ailleurs répandus sur tous les points, nous sommes parfaitement connus. Je vous prie d'organiser la place d'Alexandrie. Dès que tous les officiers seront nommés et que vos blessures seront cicatrisées, vous pourrez rejoindre l'armée. Vous sentez que votre présence est encore nécessaire dans cette place, une quinzaine de jours'. »

Le général en chef ordonna à Kléber de perce

Lettres du 12 thermidor,

voir, à Alexandrie, 600,000 fr. de contribution extraordinaire destinée, un tiers au service de la marine, un tiers à la solde des troupes, et un tiers aux frais d'administration de l'armée.

Bonaparte ayant acquis de nouvelles preuves de la trahison de Koraïm, chargea l'amiral Brueys de le faire mettre aux fers, et de prendre toutes les précautions pour qu'il ne s'échappât pas; de faire arrêter tous les domestiques et autres individus qu'il aurait avec lui, et de les envoyer, sous bonne escorte, au général Kléber. L'on assurait que son argent était dans une citerne; qu'il avait un registre dans lequel était tout le détail de ses affaires; que plusieurs de ses domestiques étaient au fait de tout, il s'agissait donc de les interroger et de mettre le scellé dans la maison de Koraïm. S'il payait dans les huit jours les 300,000 fr. auxquels il avait été imposé, l'intention du général en chef était qu'on le retînt prisonnier à bord de l'escadre, de manière qu'il ne pût s'échapper, et jusqu'à ce qu'il y eût une occasion sûre de l'envoyer en France. Si dans les cinq jours, il n'avait pas payé le tiers au moins des 300,000 fr.j Bonaparte ordonnait à Kléber de le faire fusiller an

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Mais dans ce moment, Koraïm n'était plus à bord de la flotte. Dès le 11 thermidor, Brueys écrivit au général en chef: «Le schérif d'Alexandrie, détenu à mon bord, a le plus grand désir d'aller vous rejoindre. J'attends vos ordres..> Cependant il ne les attendit pas. Cédant aux

'Lettres du 14 thermidor.

instances de Koraïm, l'amiral le relâcha le 13, et l'envoya à Rosette. Il s'y promena quelques heures en attendant le général Menou qui, en rentrant d'une course, le fit consigner à bord d'un aviso, et l'envoya au Kaire sous bonne et

sûre escorte.

¡Menou était parti d'Alexandrie, pour se rendre à Rosette, avec les guides à pied et à cheval qui étaient restés en arrière et avec des employés. Les vents étant contraires, il avait failli échouer et s'était vu contraint de rentrer. Il était reparti le 23 messidor, et y était arrivé après une navigation extrêmement pénible. Les communications de Rosette avec l'armée, étaient, ainsi que celles d'Alexandrie, interrompues par les Arabes et les habitans. Ils attaquaient les bateaux expédiés sur le Nil, principalement dans les villages de Tfemeh et de Métoubis. On envoya contre eux un aviso et quelques troupes ; ils se soumirent et fournirent des otages.

Quelques jours après, une barque fut attaquée devant la ville de Fouch, dans le territoire de Rosette. Les Français, qui la montaient furent ari rêtés, conduits à Salmieh et fusillés. Menou voulut faire un grand exemple. Il partit avec deux cents hommes sur des barques, descendit à une demi-lieue de Salmieh, et trouva les insurgés à cheval en bataille; ils attaquèrent les premiers, furent reçus à coups de fusils et de canons, et bientôt mis en déroute. Le village,fut livré au pil lage et incendié. En revenant de cette expédition, Menou et sa troupe furent reçus en triomphe dans

les villages et les villes de la province, notamment à Fouèh, où ils furent traités par les principaux

du pays.

Bonaparte ordonna à Menou de lever sur les habitans de Rosette une contribution de 100,000 f. dont le tiers était destiné à l'ordonnateur en chef, pour les dépenses de l'administration, et les deux autres tiers à la solde des troupes.

Tous les généraux auraient voulu être constamment auprès de Bonaparte. Kléber espérait bientôt rejoindre sa division; Menou demandait à réprendre le commandement de la sienne. Le général en chef lui répondit que sa présence était encore pendant quelques jours, nécessaire à Rosette pour l'organisation de cette province.

Desaix, chargé de poursuivre Mourad et de le tenir en échec, était dans son camp retranché, eni avant de Gizeh, sur la rive gauche du Nil. Ses avant-postes et ceux de Mourad étaient en présence.

Ibrahim-Bey attendait à Belbeïs le retour de la caravane de la Mekke pour se renforcer des MamLouks qui l'escortaient, et exécuter une attaqué combinée avec Mourad. Pendant ce temps-là, il soufflait la révolte parmi les fellâh du Delta et les habitáns du Kaire,

La situation des Français était précaire, tant que les Mamluks ne seraient pas chassés de l'Égypte ou au moins éloignés de la capitale; mais avant de les poursuivre, il fallait laisser l'armée se reposer ...bon 19 99

Lettre du 12 thermidor: thos

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