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Soldats! vous serez exposés à de pareils événemens tant que vous ne vous conformerez pas aux ordres du général en chef, c'est-à-dire tant que Vous ne respecterez pas les propriétés des habibitans, leurs usages, leurs cultes. Chargé de les protéger, ainsi que je le suis de veiller à votre sûreté, j'ai cru, en calculant les suites de vos excès et de vos désordres, devoir ordonner ce qui suit:

1. Celui qui s'introduirait dans le harem d'un Musulman, sera regardé comme provocateur de . trouble et de meurtre et puni de mort.

II. Celui qui escaladerait le mur de la maison d'un Musulman ou de tout autre, sous quelque prétexte que ce puisse être, sera regardé comme voleur et puni de mort.

III. Celui qui, chassant dans l'intérieur de la ville, tirerait des coups de fusil sur des pigeons, au risque de tuer ou de blesser les habitans, ainsi que cela est arrivé, sera regardé comme assassin et puni de mort..

IV. Celui qui troublerait les Musulmans, soit dans l'exercice de leur culte dans les mosquées, soit dans les bâtimens des bains où ils font leurs ablutions, sera regardé comme provocateur de trouble et de meurtre et puni de mort. »

Kléber fit lire pendant trois jours cet arrêté aux appels de la garnison, ainsi que la proclamation du général en chef, du 3 messidor, sur le viol et le pillage !..

Voyez Pièces Justificatives, no. IV.

Le relâchement de la discipline motivait la sévérité de ces mesures. Le camp, sur la place d'Alexandrie, ressemblait à une halte de Cosaques. Mais le soldat se bâtit de petites cabanes couvertes de feuilles de palmiers, et le camp fut aligné dans son dévelopement et dans sa profondeur. Le coup-d'œil, la salubrité et la défense y gagnèrent également.

L'assassin du canonnier disparut; on procéda contre lui; il fut condamné par les juges du pays à la peine du talion; ils ordonnèrent que sa maison serait démolie. Kléber fit demander par le canonnier lui-même l'annulation de cette dernière disposition du jugement. Il n'espérait cependant pas un grand succès de cet acte de clémence, parce que les Turcs prenaient cela pour un aveu de faiblesse, tandis qu'ils tombaient aux pieds du général lorsqu'il usait de rigueur, ou qu'il montrait seulement de la fermeté. Il ne pouvait compter sur leurs sermens qu'après l'entrée de Bonaparte au Kaire.

Après l'argent, ce dont on manquait le plus, c'était le bois de chauffage aussi les soldats se portaient-ils à des excès difficiles à réprimer; ils enlevaient jusqu'aux roues à chapelets des citernes pour les brûler.

Si j'ai le regret, écrivait Kléber à Bonaparte, de n'avoir pu vous suivre, et de n'avoir pas contribué à vos succès, j'ai du moins l'espérance de vous revoir bientôt. J'attends vos ordres à cet égard » ; et rendant compte des travaux du génie

et de l'artillerie, il s'écriait : «Que de grandés 5 que de belles choses il y aurait à faire ici 1. »

Un employé de l'armée fit courir le bruit à Alexandrie, qu'il y avait eu, à Paris, un mouve ment dans le sens contraire au 18 fructidor de l'an v; que Lamarque, Sieyes et plusieurs autres avaient été déportés; que Talleyrand était ambassadeur à Vienne; Bernadotte ministre de la guerre, et Bonaparte rappelé. Cette dernière assertion produisit une grande sensation. Kléber fit arrêter le nouvelliste pour l'interroger. Ce qui avait donné quelque consistance à ces bruits, c'est qu'un courrier qui, quelques jours auparavant, était arrivé de Toulon, pour Bonaparte, avait pris un air fort mystérieux. Kléber, en informant le général en chef de ce fait, le priait de lui faire connaitre ce qu'il y avait de vrai : « Car je suis résolu, lui mandait-il, de vous suivre partout; je vous suivrai également en France. Je n'obéirai plus jamais à d'autre qu'à vous, et je ne commanderai pas, parce que je ne veux pas être en contact immédiat avec le gouvernement *.

Le général Dumuy, que Kléber avait envoyé avec un petit corps dans le Bahyreh, trouva les habitans de Damianhour insurgés, fut obligé de faire sa retraite et rentra dans Alexandrie.

Kléber résolut de faire un emprunt de 30,000 f, sur le commerce. Koraïm fut d'abord de cet avis. Des députés s'étant réunis avec lui chez le géné❤

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ral en chef, Koraïm fit des difficultés, s'emporta et injuria un interprète français. Kléber réduisit à 15,000 fr. l'emprunt offert par les marchands francs et neutres, et taxa les Musulmans à une contribution militaire de 100,000 fr., payable dans vingt-quatre heures.

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Koraïm, tout en affectant le plus grand zèle pour les Français, travaillait en secret à entraver leurs opérations et à leur aliéner l'esprit des naturels du pays. Kléber dissimulait cependant avec lui; mais il vit clairement qué Koraïm avait donné avis aux Arabes de la marche de Dumuy, fomenté l'insurrection de Damanhour, et que ce schérif cherchait, en trahissant l'armée, à justifier, auprès du gouvernement égyptien, ses premières démarches en faveur des Français. Kléber le fit arrêter et conduire sur un des bâtimens de l'escadre; il le remplaça par Mohammed-el-Guriani, ennemi irréconciliable des beys qui l'avaient dépouillé de tous ses biens."

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Comme le général en chef avait accordé beaucoup de confiance à Koraïm, et recommandé à Kléber de le traiter avec une grande déférence, ce général manda à l'amiral Brueys d'avoir pour son prisonnier, toute la considération due à son rang; et il écrivit à Koraïm qu'il ne voulait que lui fournir les moyens de se rendre auprès du général en chef pour se justifier; et à Bonaparte, que la rentrée de ce personnage dans Alexandrie, ferait un mauvais effet, même parmi ceux de sa nation, dont il n'était ni aimé ni estimé.

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« Il y a trois jours, écrivit l'amiral à Bonaparte,

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que le général Kléber m'a envoyé le schérif d'Alexandrie; je lui ai destiné un grand local pour lui et ses gens; enfin je le traite avec égard et distinction, en attendant que vous ayez prononcé sur son sort. Il paraît fort content, et ne cesse de donner des bénédictions au général Bonaparte et au capitan-pacha, car c'est ainsi qu'il me nomme. Le général Kléber me dit vous avoir rendu compte des motifs qui l'ont déterminé à l'éloigner d'Alexandrie et à l'envoyer à mon bord '. »

Avant d'avoir reçu cette dépêche, et sur l'avis donné par Kléber, qu'il avait fait conduire Koraïm à bord de l'amiral, Bonaparte ayant des preuves de la trahison de Seïd-Mohammed-el-Koraïm, arrêta qu'il paierait une contribution de 300,000 f., à défaut de quoi il aurait la tête tranchée. Il écrivit à Brueys: « Faites bien garder Koraïm. C'est un coquin qui nous a trompés; s'il ne nous donne pas les cent mille écus que je lui ai demandés, je lui ferai couper là tête 2. »

Depuis que Koraïm était à bord de l'Orient, on jouissait, dans l'intérieur d'Alexandrie, de la plus grande tranquillité; on n'entendait plus de propos incendiaires; il ne se manifestait plus de ces terreurs paniques qui prouvaient l'inquiétude et l'irrésolution des habitans. Il n'en était pas de même hors de la ville; l'affaire du général Dumuy, à Damanhour, avait donné une telle insolence aux Arabes-Bédouins, qu'ils osèrent se montrer en

Lettre du 8 thermidor

*Lettre du 9.

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