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ou de l'état-major des croquis de la situation des villages, de recueillir des renseignemens sur la population et le produit des impôts '.

Bonaparte leur écrivait :

«Les Turcs ne peuvent être conduits que par la plus grande sévérité; tous les jours je fais couper cinq ou six têtes dans les rues du Kaire. Nous avons dû les ménager jusqu'à présent pour détruire cette réputation de térreur qui nous précédait aujourd'hui, au contraire, il faut prendre le ton qui convient pour que ces peuples obéis sent; et pour eux, obéir c'est craindre'.

:

Il recommandait à Vial, aussitôt son arrivée à Damiette, d'en prévenir le citoyen Blanc, directeur général de la santé à Alexandrie, d'établir de suite un lazaret dans la première de ces villes; › de ne laisser rien sortir du port; il lui ordonnait de lever à Damiette une contribution extraordinaire de 150,000 fr.; de percevoir les douanes et les impositions directes et indirectes comme à l'ordinaire; de faire réparer les forts situés à l'embouchure du Nil, de manière à les mettre à l'abri d'un coup de main; de se faire instruire et de l'avertir de tout ce qui se passerait à Acre et en Syrie; de se mettre en correspondance avec une frégate française qui croisait aux embouchures du Nil, ainsi qu'avec les bombardes, afin de s'en servir, et de les faire avancer jusqu'au Kaire, à mesure que le Nil s'accroîtrait 3.

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Lettre de Bonaparte à Zayonschek, du 12 thermidor (30 juillet). *Lettres des 12 et 13 thermidor à Zayonschek et Menou. 3 Lettre du 8 thermidor.

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Dans la capitale de l'Égypte, l'armée se trouva de suite très-riche en denrées, mais très-pauvre en numéraire. En échange de quelque argent, qu'avaient fourni des négocians d'Alexandrie, Boparte avait donné des lingots; il chargea Kléber de convoquer ces négocians et de leur proposer de rendre contre des denrées ces lingots avec lesquels on battrait monnaie au Kaire.

L'armée avait grand besoin de ses bagages; Bonaparte envoya à Rosette l'adjudant-général Almeyras avec un bataillon de la 85°. et une grande quantité de vivres pour l'escadre, et le chargea d'embarquer à son retour tous les effets de l'armée et de les escorter jusqu'au Kaire. Il ordonna à Kléber de les faire transporter à Rosette, entre autres les vins, eaux-de-vie, tentes, souliers, etc., et l'imprimerie arabe et française. « J'attends, lui écrivait-il, des nouvelles de votre santé; je désire qu'elle se rétablisse promptement et que vous veniez bientôt nous rejoindre. Nous avons essuyé plus de fatigues que beaucoup de gens n'avaient le courage de le supposer; mais dans ce moment nous nous reposons au Kaire, qui ne laisse pas de nous offrir beaucoup de ressources1.»

En attendant que les hauteurs d'Alexandrie fussent retranchées, Kléber arrêta un système provisoire de défense. Les troupes continuèrent à bivouaquer sur la place; on leur distribua des nattes et tout ce qui pouvait les garantir de l'hu

Lettre du 9 thermidor.

midité pendant la nuit, et les mettre pendant le jour à l'abri de l'excessive chaleur.

La garnison était de 1000 hommes, non compris les grenadiers. La garde journalière, réduite autant que possible, était de 400. Un renfort était indispensable; on espérait le tirer des vaisseaux, s'ils entraient dans le port.

On n'obtenait rien des Turcs et des Arabes qu'à force d'argent. Le schérif Koraïm disait au général Kléber qui s'en plaignait : « Pour gagner la confiance des habitans, il faut payer largement leurs services. Mourad - Bey est généralement aimé, parce qu'il donne comme il prend, à tort et à travers ».

Pour avoir des ouvriers du pays aux travaux de la place, il fallut donc les payer. On donna à un travailleur 20 sous par jour, 25 sous à un piqueur arabe chargé de 18 hommes, 9 fr. à un chef, espèce d'ingénieur, ayant la surveillance et la police des ateliers.

Kléber établit une commission de subsistances pour le service journalier, composée du commissaire de la place, de l'agent des vivres et du consul Magallon. Cette commission fut chargée de faire construire des fours, de se pourvoir de tous les ustensiles nécessaires aux hôpitaux, d'acheter des bestiaux pour ne pas répandre l'alarme en faisant des réquisitions.

On espérait avoir dans les citernes assez d'eau pour la consommation jusqu'au prochain débordement du Nil.

1

Pour réprimer les excès commis la nuit par des Français et des Turcs, il fut convenu entre Kléber et le schérif que les patrouilles seraient composées d'hommes des deux nations.

Conté fut chargé d'établir des télégraphes à Rosette, à Abouqyr, à Alexandrie, à Kérioun et à Damanhour.

Kléber écrivit au général en chef: « Quoiquema plaie ne doive se cicatriser que dans un mois d'ici, rien ne m'empêchera de me rendre au Kaire, où du moins d'aller joindre ma division. Je regarde Alexandrie comme un lieu d'exil, permet tez-moi d'en sortir le plus tôt possible».

Le 25 messidor, on eut une alerte à Alexandrie. Un Français, canonnier marin, fut assas-. siné dans le moment même où, d'un autre côté, le domestique d'un officier du génie était jeté dans la mer. On cria aux armes Français et Arabes coururent dans les rues, les uns pour se renfermer chez eux, les autres pour se rendre à leur poste. Le tumulte fut à son comble; le canonnier, frappé d'un coup de sabre fort grave et de huit coups de stylet, fut porté dans la maison du général Kléber. Il fit battre la générale, enyoya chercher le schérif, et convoqua les chefs musulmans. Il se plaignit de cet attentat, fit apporter - sur un brancard le canonnier mourant, leur rappela leurs sermens, et leur demanda justice et vengeance. En leur faisant le tableau des forces qui les environnaient, il leur déclara sa résolution

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d'abîmer leur ville, dût-il s'enterrer sous ses ruines, pour punir la moindre violence exercée sur un Français. « Quand Mourad-Bey serait à vos portes, leur dit-il, une marine formidable n'estelle pas là pour réduire vos maisons en cendres? >> Il termina en ordonnant que les coupables seraient recherchés et punis suivant toute la rigueur des lois, et qu'on remît entre ses mains huit otages à son choix. Les cheiks ayant osé répondre qu'ils livreraient le coupable, si le peuple y consentait, le général leur déclara qu'il regarderait toute réunion des Musulmans comme séditieuse et que si, dans l'intervalle de cinq jours, le meurtrier n'était pas puni, il ferait pendre un des otages au bout d'une vergue Après une séance de cinq heures, on obtempéra à ce qu'exigeait le général, et sur la demande des notables de la ville il prit en outre un otage de chaque quartier pour leur répondre à eux-mêmes de la tranquillité des habitans. D'après les rapports et les circonstances qui avaient précédé ou accompagné cet événement, le général était tenté de croire que c'était une sédition manquée. Il en prit occasion pour faire diriger quelques ouvrages contre la ville.

Le 26 messidor, il adressa cette proclamation à la garnison:

« Soldats! Un de vos frères d'armes a été as

sassiné hier; il a reçu huit coups de stylet et un coup de sabre. Un autre a été jeté à la mer; j'en ai demandé vengeance; je l'obtiendrai, ou il sera impossible de découvrir les coupables.

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