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retraite, et que la bataille était perdue; mais la multitude de cadavres mamlouks que roulait le Nil, rassura bientôt la flottille sur l'issue du combat.

Les divisions Desaix, Reynier et Dugua, après avoir poursuivi les Mamlouks, jusqu'à la nuit, revinrent à Gizeh ; déjà cette ville était au pouvoir des Français. Bonaparte descendit de cheval à Embabeh, et se rendit à pied à la maison de campagne de Mourad-Bey, à Gizeh; le contentement était peint sur son visage. Cette habitation ne ressemblait en rien aux châteaux d'Europe. L'étatmajor eut beaucoup de peine à en reconnaître la distribution et à s'y loger. Là, pour la première fois l'armée trouva en Égypte le luxe et les arts de l'Europe. Les jardins étaient remplis d'arbres magnifiques et de berceaux de vignes chargées de raisins. L'espoir d'un riche butin avait ranimé les forces du soldat. Les divisions Bon et Menou. occupaient le camp retranché, nageaient dans l'abondance. On avait trouvé de nombreuses provisions de bouche, et des bagages. Sur le corps de chaque Mamlouk, les soldats trouvaient une bourse de trois, quatre et cinq cents pièces d'or ; car on sait qu'ils avaient coutume de porter toute leur fortune avec eux, quant ils allaient combattre. Leurs vêtemens étaient extrêmement riches et éclatans de magnificence, leurs cimetères et leurs pistolets ciselés d'or et d'argent'; les harnois, les selles et les housses de leurs chevaux éblouissaient les yeux par leur luxe et leur richesse. Le champ de bataille était devenu un marché. Au

milieu des cadavres, on vendait des chevaux, des armes, des vêtemens, des chameaux. C'était la joie la plus bruyante dans le silence de la mort; les uns mangeaient, buvaient; d'autres se couvraient la tête d'un turban ensanglanté; celui-ci revêtait une pelisse, son trophée; personne ne songeait plus aux souffrances qu'il avait endurées. Le chef de brigade Destaing fut nommé général de brigade.

Pendant la nuit, la division Menou passa un bras du Nil, et prit position dans l'île de Roudah. Toute la rive droite offrait l'aspect d'un vaste incendie; les flammes, qui dévoraient la flottille ennemie, s'élevaient à une grande hauteur, et éclairaient le champ de bataille jusqu'aux Pyramides.

Lorsque, le 3 thermidor au matin, Mourad-Bey se préparait à livrer bataille, Seïd-Aboubeker, pacha du Kaire, où il représentait le fantôme de suzeraineté du sultan, avait été extrêmement embarrassé sur la conduite à tenir dans une circonstance aussi critique. La lettre que Bonaparte avait chargé le commandant de la caravelle de lui envoyer, ne lui était point parvenue; il ignorait donc les vues du général. Réuni à Ibrahim-Bey, plus prudent et moins belliqueux que Mourad, il avait invité Baudeuf, l'un des principaux négocians français, à leur faire connaître le but de l'expédition. N'en étant point lui-même instruit, celui-ci avait répondu que les intentions de la France ne pouvaient être hostiles contre la Porte, et que probablement elle ne voulait qu'un passage pour aller attaquer les possessions anglaises

dans l'Inde. Le pacha et le bey avaient décidé que Baudeuf se rendrait auprès de Bonaparte pour entrer en négociation; mais au moment où il allait partir, on avait appris que les Français en étaient venus aux mains avec Mourad Bey. Alors, réuni à Seïd-Aboubeker, Ibrahim, avec deux mille Mamlouks, avait disposé son camp sur la rive droite du Nil, et, moins confiant que MouradBey, avait pris avec lui ce qu'il avait de plus précieux. Il avait été témoin immobile de la bataille des Pyramides et de la défaite de Mourad. Dans la nuit du 3 au 4 thermidor, il leva son camp, et, accompagné du pacha, se retira vers Belbeïs, sur la route de Syrie, emmenant avec lui ses trésors et ses esclaves.

La ville du Kaire, abandonnnée de ses maîtres, devint, de la part de la population, un théâtre de désordre et d'horreur. Pendant toute la nuit, la confusion y fut à son comble. Le peuple se porta avec fureur aux palais de ses tyrans; ceux des beys furent dévastés; celui de Mourad fut incendié. On tenta d'attaquer la maison où s'étaient réfugiés les négocians français; mais les assaillans furent arrêtés par la bonne contenance de l'Italien Barthélemi, qui s'y trouvait aussi enfermé. Les principaux cheyks des mosquées et les agas des janissaires et de la police parvinrent enfin à réprimer ces excès.

Le lendemain, 4 thermidor (22 juillet), Bonaparte adressa cette proclamation aux habitans:

<< Peuple du Kaire, je suis content de votre

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conduite; vous avez bien fait de ne pas prendre parti contre moi; je suis venu pour détruire la race des Mamlouks, protéger le commerce et les naturels du pays.. Que tous ceux qui ont peur se tianquillisent que ceux qui se sont éloignés rentrent dans leurs maisons; que la prière ait lieu comme à l'ordinaire, comme je veux qu'elle continue toujours. Ne eraignez rien pour vos familles, vos maisons, vos propriétés, et surtout pour la religion du prophète que j'aime. Comme il est urgent qu'il y ait des hommes chargés de la police, afin que la tranquillité ne soit pas troublée, il y aura un divan composé de sept personnes qui se réuniront à la mosquée de Ver. Il y en aura tou jours deux près du commandant de la place, et quatre seront occupés à maintenir la tranquillité publique et à veiller à la police. »ebb to as lar duo il Comas, al db Fip, a'volusi zuo Nort ...Bonaparte envoya aux cheyks et aux notables du Kaire cette proclamation et celle qu'il avait adressée aux Egyptiens Jien débarquant à Alexandrie. Il leur écrivait en même temps de faire pas¬ ser de son côté tous les bateaux qu'ils avaient-sur la rive droite de lui envoyer une députation en témoignage de leur soumission, et de faire préparer du pain, de la viande de la paille et de l'orge pour l'armée. Soyez sans inquiétude, ajoutait-il ear personne plus que moi ne désire contribuer à votre bonheur.& el ab Jusutoonbb tub'obagai 9} Instruit que le pacha h'avait point reçu sa lettre di 20 messidor,letle croyant resté au Kaire, Bonaparte Itu écrivit dé) nouveau pour l'assurer

TOME I GUERRE D'EGYPTE.

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des intentions pacifiques de la Répubique envers la Porte-Ottomane.

Bientôt une députation des grands cheyks, précédés du cheyk de la grande mosquée, de JémilAzar et du kiaya du pacha parut sur le Nil. Elle se rendit à Gizeh, auprès du général en chef, annonça qu'Ibrahim-Bey était parti avec le pacha; que les janissaires s'étaient assemblés et avaient décidé de se rendre; qu'elle venait traiter de la reddition de la ville et implorer la clémence du vainqueur. Les députés restèrent plusieurs heures à Gizeh, où on employa les moyens qu'on crut les plus efficaces pour les confirmer dans leurs bonnes dispositions, et leur inspirer de la confiance. Le kiaya dit que, le pacha étant parti, il avait cru de son devoir de venir à Gizeh, puisque le général en chef déclarait que ce n'était pas aux Turcs, mais aux Mamlouks qu'il faisait la guerre. Il eut une conférence avec Bonaparte qui le persuada. Ce kiaya entrevoyait l'espérance de jouer un grand rôle et de faire fortune. Il promit donc d'engager Ibrahim-Bey à se retirer de l'Égypte, et les habi tans du Kaire à se soumettre.not hilo o ob tor

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Bonaparte répondit à la députation, que le désir des Français était de rester amis du peuple égyptien et de la Porté Ottomane; que les moeurs, les-usages et la religion du pays seraient scrupu leusement respectés. Elie revint au Kaire accoms pagnée d'un détachement de la 32. demi-brigade, commandé par le brave Dupuis, que Bonaparte avait nommé général de brigade subile champ de bataille des Pyramides. Ce corps défila dans les

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