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sagesse, les talens et les vertus mettent

Dieu. La sagesse,

seuls de la différence entre eux.

Or, quelle sagesse, quels talens, quelles vertus distinguent les Mamlouks , pour qu'ils aient exclusivement tout ce qui rend la vie aimable et douce?

Y a-t-il une belle terre? Elle appartient aux Mamlouks. Y a-t-il une belle esclave, un beau cheval, une belle maison? Cela appartient aux Mamlouks..

bail

Si l'Égypte est leur ferme, qu'ils montrent le que Dieu leur en a fait. Mais Dieu est juste et miséricordieux pour le peuple. Tous les Égyptiens sont appelés à gérer toutes les places. Que les plus sages, les plus instruits, les plus vertueux gouvernent, et le peuple sera heureux.

Il y avait jadis, parmi vous, de grandes villes, de grands canaux, un grand commerce; qui a tout détruit, si ce n'est l'avarice, les injustices et la tyrannie des Mamlouks?

Qadys, cheyks, imans, tcorbadjis, dites au peuple que nous sommes aussi de vrais musulmans. N'est-ce pas nous qui avons détruit le pape, qui disait qu'il fallait faire la guerre aux Musulmans ? N'est-ce pas nous qui avons détruit les chevaliers de Malte, parce que ces insensés croyaient que Dieu voulait qu'ils fissent la guerre aux Musulmans? N'est-ce pas nous qui avons été dans tous les temps les amis du grand-seigneur ( que Dieu accomplisse ses desseins) et les ennemis de ses ennemis? Les Mamlouks, au contraire, ne se sont-ils pas toujours révoltés contre l'autorité du grand

TOME I. GUerre d'Égypte.

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seigneur qu'ils méconnaissent encore? Ils ne font leurs caprices.

que

Trois fois heureux ceux qui seront avec nous! Ils prospéreront dans leur fortune et leur rang. Heureux ceux qui seront neutres! Ils auront le de nous connaître, et ils se rangeront avec

temps

nous.

Mais malheur, trois fois malheur à ceux qui s'armeront pour les Mamlouks et combattront contre nous; il n'y aura pas d'espérance pour eux, ils périront. >>

Cette proclamation était accompagnée d'un arrêté portant que tous les villages qui prendraient les armes contre l'armée seraient brûlés; que les cheyks feraient mettre les scellés sur les biens maisons et propriétés qui appartenaient aux Mamlouks, et auraient soin que rien ne fût détourné; que les cheyks, les qadys et les imans conserveraient les fonctions de leurs places, que chaque habitant resterait chez lui, et que les prières continueraient comme à l'ordinaire..

Le général en chef envoya prendre, à Alexandrie, le consul français, Bracevich, afin d'avoir, de lui, des renseignemens, tant sur les Anglais que sur ce qui se passait dans la ville, et sur la situation de l'Égypte.

Arrivé à bord de l'Amiral, le consul raconta qu'une escadre anglaise, forte de 14 vaisseaux de ligne, avait paru à une lieue et demie d'Alexandrie, le 10 messidor ( 28 juin ), et que l'amiral Nelson, après avoir fait demander au consul an

glais des nouvelles de la flotte française, avait dirigé sa route vers le nord-est. Bracevich ajouta, que la vue de l'escadre française avait occasioné, dans la ville, un mouvement contre les chrétiens; que lui-même, pour s'embarquer, avait couru les plus grands périls; qu'au surplus la ville et les forts paraissaient disposés à se défendre contre quiconque tenterait de débarquer, à quelque nation qu'il appartînt.

Bonaparte écouta ce récit sans montrer la moindre émotion. L'escadre anglaise pouvait paraître d'un moment à l'autre, et attaquer la flotte et le convoi dans une position défavorable; il n'y avait pas un instant à perdre. Les croisières signalèrent une voile; on la crut anglaise. « Fortune! s'écria Bonaparte, m'abandonneras-tu? Quoi! pas seulement cinq jours! » C'était la frégate la Justice qui rejoignait la flotte. Le général en chef ordonna aussitôt de faire mouiller la flotte le plus près possible de l'anse du Marabou, à trois lieues d'Alexandrie, et d'y commencer le débarquement. Durant la manoeuvre, deux vaisseaux de guerre s'abordèrent et tombèrent sur l'amiral. Cet accident obligea de mouiller à l'endroit même où il était arrivé, à trois lieues de terre. Un vent impétueux du nord et l'agitation de la mer qui se brisait avec force contre les récifs de la côte, rendaient difficile et dangereuse l'approche de la terre; mais rien ne put arrêter l'impatience des

' Comme cette frégate avait déja rejoint à Candie, il est pro bable qu'elle était restée de nouveau en arrière.

soldats. Bonaparte voulut partir à leur tête et surveiller le débarquement. La demi-galère qu'il montait fut bientôt suivie d'une foule de canots, où les généraux Bon et Kléber avaient fait descendre une partie de leurs divisions qui se trouvaient à bord des vaisseaux de guerre. Les généraux Desaix, Reynier et Menou, dont les divisions occupaient les bâtimens du convoi, reçurent l'ordre de débarquer de leur côté sur trois colonnes vers le Marabou. En un instant, la mer fut couverte d'embarcations chargées de soldats. Elles s'avancèrent péniblement à travers cette mer houleuse qui, tantôt menaçait de les engloutir, tantôt les poussant les unes contre les autres, les forçait à s'aborder, et ces périls n'étaient pas les plus grands. A l'approche de la terre, on avait à craindre les brisans dont toute la côte est hérissée. La nuit ajoutait encore à l'horreur de cette situation.

La demi-galère du général en chef s'était approchée le plus près possible du banc de récifs où se trouve la passe qui conduit à l'anse du Marabou; là, il attendit les embarcations que montaient les troupes; mais elles ne purent traverser le banc de récifs qu'assez avant dans la nuit.

La division Menou, qui avait un pratique à bord, fut la première qui mit des troupes à terre, environ 1,800 hommes; la division Kléber en débarqua environ 1,000, et celle du général Bon, 1,500. Les divisions Reynier et Desaix n'avaient pas encore pu gagner la cóte. On n'avait débarqué ni chevaux ni canons, mais il fallait profiter de la

nuit pour se porter sur Alexandrie. Bonaparte envoya donc, sans délai, des éclaireurs en avant; il passa en revue les troupes débarquées, et le 14, à deux heures et demie du matin, il se mit en marche sur trois colonnes.

Au moment du départ, arrivèrent quelques chaloupes de la division Reynier. Ce général prit position pour garder le point de débarquement ; et Desaix eut l'ordre de suivre le mouvement de l'armée, aussitôt que sa division aurait pris terre.

On commanda aussi aux bâtimens de transport d'appareiller, et de venir mouiller à l'anse du Marabou, pour faciliter le débarquement du reste des troupes, et amener à terre deux pièces de campagne, avec des chevaux de trait.

Bonaparte marchait à pied avec l'avant-garde, accompagné de son état-major et des généraux. Il avait recommandé au général Caffarelly, qui avait une jambe de bois, d'attendre qu'on eût débarqué un cheval; mais ce général, sourd à toutes les instances, voulut partager les fatigues d'une marche pénible à travers les sables.

La même ardeur, le même enthousiasme régnaient dans toute l'armée. Le général Bon commandait la colonne de droite, Kléber celle du centre, Menou celle de gauche, côtoyant la mer. Une demi-heure avant le jour, uu des avant-postes fut attaqué par quelques. Arabes, qui tuèrent un officier. Ils s'approchèrent; une fusillade s'engagea' entre eux et les tirailleurs de l'armée. C'étaient les premiers coups de feu que l'armée essuyait en Égypte. A une demi-lieue d'Alexandrie, leur troupe

A

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