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alors il était au comble de ses désirs. Outre les travaux du ménage, les femmes s'occupaient à filer la laine qu'elles vendaient ensuite dans les villages d'Égypte, où elle était mise en oeuvre. Dans les voyages, elles se plaçaient avec leurs enfans sur des chameaux ou des dromadaires. Ces tribus changeaient fréquemment de canton, et osaient souvent faire paître leurs bestiaux dans les terres cultivées. Alors les cultivateurs montaient à cheval et leur donnaient la chasse.

On comptait en Égypte une soixantaine de tribus d'Arabes Bédouins, formant une population d'à

peu près cent vingt mille âmes, capable de fournir vingt mille cavaliers. Quelques-unes d'entre elles étaient presque toujours en paix avec le gouvernement, lui prêtaient des secours, et faisaient toutes les caravanes de Suez et de Syrie; tels étaient les Terrabins, les Houahytas, les Bilys, les Anadis, etc., qui habitaient les déserts autour de la Basse-Égypte.

Tous les Arabes établis en Égypte, quelles que fussent leur condition et leur origine, cultivateurs ou errans, en paix ou en guerre entre eux et avec le gouvernement, avaient un avaient un grand esprit national. Ils rêvaient le retour de la patrie arabe, se croyaient supérieurs aux naturels du pays et aux Ottomans, et nés pour commander sur les bords du Nil.

Il y avait en Égypte environ deux cent mille Osmanlis ou Ottomans. Ils s'y étaient établis lors de la conquête de Sélim, dans le seizième siècle; c'étaient parmi eux que se formait le corps des

janissaires et spahis. Ils étaient constamment avilis et humiliés par les Mamlouks.

Les Mamlouks ou Circassiens, quoique la moins nombreuse des trois races établies en Égypte, possédaient cependant les richesses et la force. Leur origine remonte à la conquête de l'Égypte par l'empereur Sélim. Il établit dans ce pays, comme dans le reste de l'empire turc, une milice de janissaires et de spahis, et un pacha qui représentait le grand - seigneur, avec l'autorité d'un vice-roi sur toute la province. Mais dans la crainte de voir échapper sa conquête, et relever l'empire arabe, si cette charge tombait entre les mains d'un homme entreprenant et ambitieux, ce sultan i e voulut point confier le gouvernement de l'Égypte à la seule autorité d'un pacha. Pour balancer son influence, il créa une milice de Mamlouks, commandée. par 24 beys égaux en pouvoir, et le pacha, contenu par eux, ne pouvait travailler à s'affranchir.

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Quoique attribué à Sélim, ce système d'administration et de gouvernement établi en Égypte, avait à peine été ébauché par lui ; et il est réellement l'ouvrage de son fils Soliman H.

Le pacha était le chef du gouvernement ; son pouvoir était limité par le grand et le petit divan, qu'il convoquait et présidait. Il résidait au Kaire ; ses fonctions étaient annuelles, à moins qu'elles ne fussent prorogées par le grand-seigneur.

Le grand divan statuait sur les affaires générales du pays, le petit divan sur les affaires d'un moindre intérêt. Le kiaya, ou lieutenant du

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pacha, le defterdar, le rouznamgy, un député de chacun des corps de l'armée y siégeaient; ils étaient membres nés du grand divan, qui se composait en outre de l'émir-haggy, du qady du Kaire, des principaux cheyks descendans de Mahomet, des quatre mnouphty - ulémas, et d'un grand nombre d'ogaq.

Il y avait dans chaque province, suivant son importance, un ou plusieurs divans chargés de défendre les intérêts de la province, ayant avec le gouvernement les mêmes rapports que le divan du Kaire avec le pacha.

Il y avait des tribunaux. pour la justice, tenus par les qadys, à la tête desquels étaient le Qadyasker-Effendi. Les pièces juridiques devaient être signées par lui. Les plaideurs étaient libres de choisir le tribunal. Lorsqu'une des parties avait des inquiétudes sur l'intelligence ou l'équité du qady, elle avait recours aux gens de loi qui disaient ce que la loi et la justice prononçaient sur le cas exposé; car on tenait pour principe que le droit était un ; qu'il n'y avait pas deux manières de l'envisager, et que personne ne pouvait aller contre son évidence.

Les troupes victorieuses que Sélim avait laissées en Égypte, furent partagées en six ogaq. Elles en formaient la garnison. Leur force réunie avait été fixée à 20,000 hommes, mais elle fut rarement complète. L'ogaq des janissaires était le premier en rang. L'aga, qui en avait le commandement, avait sur toute la milice la même autorité qu'un général.

Des vingt-quatre beys, douze étaient destinés à des missions extraordinaires; les douze autres avaient des emplois spéciaux, tels que kiaya du pacha, commandans de Suez, Damiette et Alexandrie, defterdar, émir-haggy, émir - khazneh gouverneurs des provinces de Girgeh, Bahyreh, Menoufyeh, Garbyeh et Charqyeh.

La maison de chaque bey se composait de quatre cents à huit cents esclaves, nommés Mamlouks, superbement équipés et tous à cheval, ayant chacun pour les servir deux ou trois fellâh, ce qui portait la maison ordinaire d'un bey à quinze cents hommes. Les beys avaient en outre plusieurs officiers pour le service d'honneur de leur maison. Les lieutenans des beys, nommés kachefs, commandaient sous eux cette milice, et étaient seigneurs de plusieurs villages; ils avaient de vastes propriétés territoriales dans les provinces et une habitation au Kaire.

Les beys et Mamlouks ne pouvaient se recruter qu'en Circassie. Les jeunes Circassiens étaient vendus par leur mère, ou volés par des gens qui en faisaient leur métier, et ensuite vendus au Kaire par des marchands de Constantinople. Il était extrêmement rare que l'on admît parmi les Mamlouks des Noirs ou des Ottomans. Les esclaves faisant partie de la maison d'un bey, étaient adoppar lui et composaient sa famille. Intelligens et braves, ils s'élevaient successivement de grade en grade. A sa mort, un bey désignait son successeur parmi ses esclaves; c'était ordinairement son kachef, et lors même que sa mort était im

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prévue, on connaissait généralement, aux faveurs dont il l'avait comblé pendant son vivant, celui qu'il désirait avoir pour successeur.

Les fonctions des beys étaient de maintenir la police, de vider les différens de village à village, de défendre les cultivateurs contre les Arabes et de protéger la perception des impôts.

Le defterdar était dépositaire du registre des propriétés; il en visait les titres.

L'émir haggy portait à la Mekke et à Médine les présens annuels du grand-seigneur, et protégeait la caravane qui se joignait à lui.

L'émir khazneh, conduisait par terre à Constantinople les revenus qui devaient être versés dans le trésor du sultan.

Les provinces de Qélioubeh, Mansourah, Gizeh et Fayoum, étaient gouvernées par des kachefs qui avaient la même autorité que les beys. Les actes des uns et des autres devaient être confirmés par les divans particuliers des provinces.

A l'exception du kiaya et des commandans de Suez, Damiette et Alexandrie, que la Porte nommait, les nominations des beys aux autres emplois étaient faites par le grand-divan, confirmées par le pacha et le grand-seigneur; ils étaient inamovibles.

Cet ordre de choses dura deux siècles, pendant lesquels l'Égypte fut soumise et tranquille; mais des beys ambitieux se révoltèrent contre la Porte, se perpétuèrent dans leurs places, se servirent des ogaq pour dominer dans le divan, et des Mamlouks pour asservir les ogaq. Peu à peu ces

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