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État et situation de l'Égypte avant l'arrivée des Français.-Races diverses de ses habitans.-Lois; gouvernement; administration.—La flotte française arrive en vue de l'Égypte.-Débarquement à l'anse de Marabou.-Prise d'Alexandrie.—Organisation.-Destination de la flotte.

Avant que l'armée ne débarque en Égypte, il est important de faire connaître cette contrée. Plusieurs voyageurs, et notamment Volney, avaient donné des idées générales sur son étát physique et politique; mais aucun d'eux n'avait été appelé par les circonstances et par ses fonctions à étudier ce pays sous les rapports dont la connaissance était nécessaire à une puissance européenne qui venait s'y établir et le gouverner.

L'Égypte se divise naturellement en Haute Moyenne et Basse Égypte. Elle se subdivise en outre en 17 provinces, dont les limites diffèrent

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Napoléon a dicté, à Sainte-Hélène, toute sa campagne d'Égypte. On attend encore la publication de ce manuscrit; on sait entre les mains de qui il se trouve *. Le général Gourgaud a publié sur cette guerre, sur l'état physique, politique et moral de l'Égypte, divers fragmens dictés par Napoléon, et, quelque incomplets qu'ils soient, l'intérêt qu'ils inspirent fait regretter que le manuscrit ci-dessus désigné n'ait pas encore vu le jour.

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Voyez le Mémorial de Sainte-Hélène, par Las Cases, t. 1, p. t. п, p. 282, 303, 304; t. v, p. 74.

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peu de celles des Nomes, anciennement établis par Ptolémée.

La Haute-Égypte, appelée Sayd, contient deux provinces celle de Siène ou Assouân, qui confine à la Nubie, et celle de Girgeh.

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La Moyenne-Égypte, nommée Ouestanieh, qui s'étend depuis la petite ville de Manfalout, sur le Nil, jusqu'au Kaire, comprend quatre provinces, savoir: Syout, Atfih, Beny-Soueyf et le Fayoum.

La Basse-Égypte, appelée en arabe Bahyreh, renferme onze provinces: cinq à l'est de la branche orientale du Nil, savoir: le Kaire, le Qélioubeh, le Charqyeh, Mansourah et Damiette; trois dans le Delta : le Menoufyeh, le Garbyeh et la province de Rosette dont la capitale est hors du Delta; enfin trois à l'ouest de la branche occidentale du Nil, savoir: Gizeh, Alexandrie et Bahyreh dont la capitale est Damanhour.

L'Égypte comprend aussi quelques pays qui ne sont point adjacens au Nil, et peu connus des Européens à l'époque de l'expédition des Français, tels que la grande et les petites Oasis, la vallée du Fleuve-Sans-Eau et celle des lacs Natron, situés à l'ouest du Nil, dans les déserts de la Libye.

Ainsi l'Égypte se trouve bornée au nord par la Méditerranée, à l'est par l'isthme de Suez et par la Mer-Rouge, au sud par la Nubie turque et à l'ouest par le Grand-Désert. Ses ports sur la Méditerranée sont Alexandrie, Rosette et Damiette, et sur la Mer-Rouge Suez et Qosseyr. Le territoire égyptien s'avance à l'est jusqu'aux sources

de Refah, limites de l'Asie et de l'Afrique. La se trouve le petit fort d'El-Arych, clef de l'Égypte du côté de la Syrie.

L'Égypte produit en abondance du blé, du riz, des légumes, du sucre, du séné, de la casse, du natron, du lin, du chanvre ; mais elle n'a ni bois, ni charbon minéral, ni huile. Elle manque aussi de tabac qu'elle tire de Syrie, et de café que l'Arabie lui fournit. Elle nourrït de nombreux troupeaux et une multitude de volailles ́; on y possède, dans une grande perfection, l'art de faire éclore des poulets par la chaleur artificielle des fours.

Il est à croire que du temps de Sésostris et de Ptolémée, l'Égypte pouvait nourrir 12 ou 15 millions d'habitans sans commerce extérieur et par sa seule agriculture. Des historiens arabes rapportent même que, lors de sa conquête par Amroug, elle contenait 20 millions d'habitans et plus de 20,000 villes; mais depuis cette époque l'Égypte a toujours été en décadence, et, lors de l'arrivée des Français, elle ne contenait pas trois millions d'individus.

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Le Nil prend sa source dans les montagnes de l'Abyssinie; son cours est d'environ 800 lieues dont 200 sur le territoire égyptien. Aussitôt qu'il a franchi le tropique du Cancer, il baigne et entoure un amas d'îles et de rochers de granit, où, éprouvant un léger refoulement, il forme un petit ressaut, connu sous le nom de cataracte de Syène. Là commence l'Égypte. Depuis ce point, et durant un espace d'environ 150 lieues, ce fleuve

coule resserré dans une vallée dont la largeur moyenne est de cinq lieues.

A six lieues au dessous du Kaire, il se divise en deux branches; l'une coule vers le nord-ouest et prend le nom de branche de Rosette, du nom de la ville située à son embouchure; l'autre, coule vers le nord-est et est appelée branche de Damiette. On raconte que, dans des temps plus reculés, le Nil avait sept embouchures. L'espace compris entre ces deux branches a pris le nom de Delta, à cause de sa forme triangulaire; on le regarde comme le produit des anciennes alluvions de ce fleuve qui ont comblé une partie du golfe dans lequel il se déchargeait.

que

Dans le temps où les Portugais faisaient le commerce de l'Inde, le grand Albuquerque proposa au roi de Portugal un projet de stériliser l'Égypte, en détournant le Nil au-dessus des cataractes de Syène pour le jeter dans la Mer-Rouge. Il estimait que ce n'était pas un trop grand sacrifice, pour assurer au Portugal le commerce de l'Inde, de faire disparaître l'Égypte du rang des nations. Effectivement, on eût par là fait de cette contrée un désert, et du Cap de Bonne-Espérance la route unique du commerce des Indes. Le voyageur Bruce ne croyait pas ce projet entièrement inexécutable. Quand Bonaparte conquit l'Égypte, il l'ignorait sans doute, car, lorsque plus tard on l'en instruisit, il en fut singulièrement frappé. Cependant, du temps d'Albuquerque, on ignorait que la Mer-Rouge est supérieure à la Méditerra

TOME I Guerre d'Égypte.

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née de plus de 30 pieds; que le Nil tend naturellement à couler vers l'ouest, et que, s'il n'était pas resserré entre deux chaînes continues de montagnes, il se jetterait dans les déserts de Saharâh et de la Libye. Enfin si on parvenait, après les efforts les plus prodigieux que la puissance de l'homme ait jamais osé entreprendre, à réaliser ce gigantesque projet, il en résulterait indubitablement une grande révolution physique sur ce point du globe. Loin de fermer la route de l'Inde par l'Orient, il est à croire, au contraire, que la MerRouge, grossie par les eaux d'un des plus grands fleuves du monde, ferait irruption par l'isthme de Suez, y établirait une communication permanente, et rendrait à la Méditerranée un affluent qui lui est dû par la nature.

L'étroite vallée du Nil est la seule partie de l'Égypte qui soit cultivée et habitée; tout le reste n'est qu'un immense désert dont plusieurs bras s'avancent même en divers points jusqu'aux rives de ce fleuve.

« Pour se peindre ces déserts, dit Volney, que l'on se figure, sous un ciel presque toujours ardent et sans nuages, des plaines immenses et à perte de vue, sans arbres, sans ruisseaux, sans montagnes. Quelquefois les yeux s'égarent sur un horizon ras et uni comme la mer. En d'autres endroits, le terrain se courbe en ondulations, ou se hérisse en rocs ou rocailles. Presque toujours également nue, la terre n'offre que des plantes ligneuses, clairsemées, et des buissons épars dont

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