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sel; mille réflexions, mille circonstances, depuis son avénement, revinrent dans sa mémoire confirmer toutes ses craintes, et il s'étonna de n'avoir pas deviné depuis longtemps ce qui était devenu incontestable. Il apprit enfin qu'il devait agir et se considérer uniquement comme roi de Hollande, et son impatience fut extrême de retourner à la Haye, de changer de système, et d'empê cher l'effet de mille petites dispositions que jusque-là il avait prises, dans un esprit trop confiant, pour rapprocher les deux pays, mais qui pouvaient, d'après ce qu'il venait d'apprendre, devenir funestes à la Hollande et à lui-même. Il y avait sur son chemin en retournant, les deux places fortes occupées par les Prussiens, Hameln et Nienbourg; il forma le projet de les bloquer sans les prendre, afin de pouvoir tenir ses troupes occupées non loin de la Hollande, et de n'être pas obligé de les envoyer en Prusse. Quant à lui, il résolut de rentrer, après avoir obligé le corps de troupes qui était sorti de Hameln et courait le pays, de rentrer dans la place. Ce corps rentra aussitôt qu'il eut avis de l'approche de l'armée hol

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landaise. Celle-ci se présenta devant Hameln; il s'engagea un combat dans lequel la garde hollandaise à cheval et les hussards hollandais prirent seuls part, Les Prussiens furent repoussés dans leurs retranchemens et perdirent cent hommes, tués, blessés ou prisonniers; les Hollandais eurent une vingtaine d'hommes mis hors de combat ; Le colonel Loyer, adjudant du paļais, fut du nombre des morts; et, parmi les blessés, Laatz lieutenant colonel aux gardes à cheval.

Le général Daendels occupa Reinteln, place située sur le Weser, entre Hameln et Nienbourg, nécessaire pour appuyer le blocus de ces deux forteresses, et pour en interrompre les communications.

Le lendemain on investit la place, et l'on s'établit sur la montagne de la citadelle. La nuit suivante, il arriva plusieurs courriers de l'empereur, avec l'injonction de se rendre dans le Hanovre pour en prendre possession; le maréchal Mortier devait se rendre à Hambourg avec la moitié des troupes du roi; on ne devait point s'occuper d'Hameln et de Nienbourg.

Mais l'armée prussienne était dispersée, Blucher venait d'être forcé à Lubeck; le roi voyait maintenant assez clairement qu'on voulait faire de lui un simple officier de la grande armée. Il eût été inexcusable, s'il se fût laissé entraîner encore à une commission semblable à celle de Cassel, après l'expérience qu'il avait eue. Il mit donc toutes les troupes françaises sous les ordres du maréchal Mortier; il fit venir de Hollande le général Dumonceau, auquel il confia le commandement de toutes ses troupes, et qu'il chargea du blocus des places fortes du Weser. Il refusa même de traiter pour la capitulation, comme on le lui offrit peu de temps avant son départ. Il écrivit à son frère qu'il était obligé de retourner de suite en Hollande, et qu'il ne pouvait plus se rendre en Hanovre et à Hambourg, comme l'empereur le voulait. Il rentra donc ainsi avec la triste conviction qu'il était sur le trône contre l'intention secrète du pouvoir qui devait être son appui.

Peu de jours après, les places de Hameln

et de Nienbourg se rendirent sur la simple sommation du général Savary, aide de camp de l'empereur.

C'est dans ce temps-là que les journaux firent connaître les détails des négociations avec lord Lauderdale. Parmi les pièces publiées sur ces négociations, on remarqua en Hollande l'article suivant. (Voyez la réponse à la première note de lord Lauderdale, du 7 août 1806.) « Ainsi donc, sans la res>>titution de ses colonies, la Hollande » deviendrait forcément une province de » l'empire français; car, en acceptant la >> couronne de Hollande, le prince Louis a » déclaré formellement son intention d'y >> renoncer, si les colonies hollandaises n'é>> taient restituées à la paix générale, etc. » L'on s'imaginera aisément l'étonnement de celui-ci à cette lecture. Non-seulement il ne manifesta pas, à son avénement, cette intention formelle, comme on le dit dans cette note, mais il n'en eut connaissance que lorsque ces pièces furent publiées par les journaux. Bien loin de là, il déclara à son avénement aux cinq députés hollandais, « qu'il s'expatriait malgré lui; qu'il

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» n'avait point une grande ambition, mais » qu'il n'était point insensible à l'honneur >> de commander à deux millions de ses » semblables; qu'il ferait tous ses efforts » pour justifier leur confiance, pour remplir » la glorieuse destinée d'être utile à une na» tion aussi estimable. Qu'ils pouvaient ́» compter qu'en arrivant sur les frontières, » il serait déjà Hollandais; qu'avant tout, quel » que fût l'état de souffrances de la nation, » il mettrait son bonheur et sa gloire à les » adoucir, etc. >>

Cette déclaration, comme on voit, est bien différente de celle qu'on lui prêta : il avait dit aussi à l'empereur, le jour de sa proclamation: « C'est en devenant Hollan>> dais, c'est en me vouant avant tout aux » intérêts et au bien-être de ma nouvelle » patrie, que je chercherai à me rendre » digne de votre nom, et à prouver que j'ai » toujours été bon Français. »

Mais combien une assertion aussi fausse dut lui donner à penser, et ajouter à ses tristes pressentimens sur le but de son élévation, et aux idées qui lui étaient venues à cet égard, après ses entretiens avec le gé

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