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JUSQU'AU DÉPART DE LA ROY

Le Roy, pour le bien de ses af gner sa bonne justice envers ses s rester le mareschal d'Ancre et sa les causes des troubles de son roya tinent son conseil près de sa per quelle périlleuse conséquence es chasteau du Louvre d'autres arm desarmer les gardes de la Royne plier de demeurer chez elle.

La mareschalle d'Ancre, arreste mary, est conduitte en la chambre

avoit esté retenu, et gardée par quelques archers de la garde du corps, et pendant ce temps le sieur de Maupeou et Arnault, intendant des finances, furent commis pour faire inventaire de ses bagues, hardes et papiers, et entres autres prétieuses reliques ils ont trouvé dans son cabinet quantité de livres de magie, du parchemin vierge, et grand nombre de caractères.

Cela a esté cause qu'après avoir esté interrogée par les sieurs Aubruy et Castille, maistre des requestes de l'hostel du Roy, elle a esté transportée en la Bastille et rasée, et aussitost commission expédiée au parlement pour luy faire et parfaire son procès.

Barbin, qui s'estoit caché dans les escuries de la Royne mère, ayant esté pris, est ramené chez luy et gardé deux jours par les archers du corps, pendant lesquels lesdits commissaires firent inventaire et description de ses papiers, où le secret de toute la tragédie qui se devoit jouer a esté descouvert, avec autres choses qui touchent l'Estat et les finances, dont son commis et agent avoit donné advis. Et après que ledit Barbin a esté interrogé, a esté mené au Fort-l'Evesque, où il a esté deux jours seulement, et depuis conduit à la Bastille, jusques à ce que son procez soit prest d'estre jugé par la cour de parlement, suivant la commission qui en a esté donnée, en vertu de laquelle on informe contre luy.

Quant à la Royne mère du Roy, estant arrestée dans sa chambre, Sa Majesté luy fit incontinent sçavoir qu'elle estoit désormais résolue de sçavoir ses affaires et prendre cognoissance de ce qui se passe en son Estat, désiroit qu'elle ne s'en meslast plus et qu'elle luy en laissast le soing; qu'elle la prioit de trouver bon de se retirer, qu'elle donneroit ordre à son partement, et au surplus qu'elle s'asseurast que Sa Majesté l'honoreroit

tousjours comme sa mère. Cela fut exécuté, et alors la Royne demeura dans sa chambre, et ceux qui avoient charge de sa conduite y travaillèrent incessamment.

Et comme la Royne désira veoir la Roy avant partir, quelques jours se passèrent en quelques allées et revenues pour chercher moyen honneste et seur en ceste entreveue; car la Royne avoit désir de sçavoir le subject de ce changement inopiné, et de représenter au Roy qu'en sa conduite elle n'avoit eu autre dessein que son service, et par là l'obliger à une continuation.

Le conseil d'autre part, bien que Sa Majesté eust pris une résolution inesbranlable et s'y fust fortifiée par le hasard qu'elle avoit couru, et qu'elle n'appréhendast nullement les paroles ny les gestes de sa mère, toutefois les charmes de la nature sont tels qu'il est presque impossible aux hommes d'y résister, à plus forte raison à ceux qui n'ont encor atteint cette force entière, aussi que tous les ordres de l'Estat en général et chacun en particulier ne désiroit plus vivre sous la loy d'une femme, dont aussi tous les jours y avoit plainte à Sa Majesté.

Cela fut cause qu'il fut arresté que Sa Majesté verroit ladite dame en présence de Messieurs de son conseil, que ladite dame ne diroit que les parolles dont on demeura d'accord et qui luy seroient baillées par escript, et le Roy aussi ne luy repartiroit que ce qui auroit esté concerté, afin de contenir un chacun en respect. Cependant fut résolu que les princesses et quelques dames de la cour pourroient veoir ladite dame Royne, ce qui a esté exécuté.

Le Roy donc assigne le départ de la Royne sa mère au troisiesme jour de may, et desseigne à ce mesme jour le sien et de la Royne sa femme pour le bois des Vin

ciennes; et ce bruit estant commun et cogneu de tout Paris, Sa Majesté fut vísitée de toutes les compagnies souveraines et de tous les ordres de ladite ville, et, assistée de monseigneur le duc de Longueville et de grande quantité de seigneurs et gentils-hommes, receut les harangues qui luy furent faictes.

Le parlement députa messieurs de Verdun, premier président, Dosembray et l'Escalopier, présidents au mortier, Courtin, Pelletier et autres conseillers; et estant arrivez au Louvre dans la chambre du conseil, où Sa Majesté estoit séante avec tous messieurs dudict conseil, ledit premier président, portant la parolle pour la compagnie, loua Sa Majesté à merveilles sur son courage, sur sa prudence et sur sa bonne justice, détesta. jusques à l'extrémité la mémoire du marquis d'Ancre, les actions de sa femme, et leur mauvais dessein et conduitte;

Remonstre que la Royne, mère de Sa Majesté, de son naturel bonne et fort affectionnée au bien du Roy et de l'Estat, avoit esté abusée par des arts magiques et incognus; que la simplicité du sexe avoit esté surprise et trompée par la subtilité de ces ames détestables; que cela estoit excusable à une femme autant qu'il seroit punissable en un homme, et que c'estoit chose grandement pitoyable d'avoir veu ceste princesse si possédée par des personnes de rien; que le coup de la mort dudit marquis est d'autant plus louable qu'il estoit nécessaire, et que Sa Majesté avoit acquis une gloire immortelle de s'estre faict recongnoistre pour Roy et maistre; que la cour l'avoit chargé d'asseurer Sa Majesté du service très humble de chacun en particulier et de leur fidélité; qu'ayant apris son départ ils s'estoient rendus près d'elle pour y recepvoir l'honneur de ses commandemens et

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