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l'apogée du pouvoir royal; c'est le dernier progrès de la monarchie. Mais alors, il arrive à la royauté, ce qui, après le dixième siècle, était arrivé à la féodalité. Elle se trompe sur le rôle que la Providence lui avait assigné. Elle n'était qu'un instrument, elle se croit une fin; toutes ces forces de la nation, qui avaient été réunies en un faisceau unique, et placées dans ses mains pour écraser les ennemis du dehors, après avoir anéanti les résistances intérieures, elle veut les employer à son seul profit. Dès lors elle doit tomber, et, en effet, sa chute est rapide: du siècle de Louis XIV à 1789, il n'y a pour transition que la régence et le règne de Louis XV.

Cependant, cette époque de décadence pour la royauté est encore pour la nation une époque de progrès. Le despotisme de Louis XIV n'avait fait qu'anéantir la puissance politique de la noblesse, dernier débris de l'ancienne féodalité : les désordres de la régence et du règne de Louis XV avilissent les nobles, et leur enlèvent ainsi les derniers prestiges d'un passé qui n'était pas sans gloire, tandis que, loin de la cour, le travail et la pratique des vertus domestiques font grandir la bourgeoisie et le peuple, aux mains desquels va passer le pouvoir politique.

Le jour vient enfin où la royauté, impuissante pour arrêter le mal, et trop peu généreuse pour vouloir sincèrement le bien, amène elle-même une révolution, qui ne l'entraîne que parce qu'elle n'a pas voulu la diriger. Dans le récit de ces grands événements, où tant de passions se trouvèrent aux prises, nous nous sommes imposé la plus sévère impartialité; nous n'avons émis un jugement qu'après un examen long et consciencieux des écrits et de la conduite des hommes appelés par la Providence à jouer un rôle dans ce drame terrible, qui dure depuis près d'un demi-siècle et dont nos neveux seuls doivent voir le dénoûment.

Voilà ce que sont nos Annales. Dans cette partie, nous avons souvent pris pour guides les écrivains originaux et les auteurs récents qui ont imprimé un mouvement si remarquable à l'histoire nationale, MM. Aug. Thierry, Guizot, Michelet, Sismondi, Mignet, Thiers, etc. Nous avons aussi consulté quelques ouvrages d'un ordre moins élevé, et parmi lesquels nous nous plaisons à citer l'histoire parlementaire de la révolution francaise, les recherches de M. Weiss sur les causes de la décadence de l'industrie et du commerce en Espagne au dix-septième siècle, l'histoire moderne de M. Ragon et celle de M. Macé, ancien élève de l'École normale et professeur d'histoire au collége royal de Nantes. Nous nous plaisons à reconnaître ici que ce dernier livre nous a été particulièrement utile pour l'histoire des guerres d'Italie sous Charles VIII, Louis XII et François Ier.

Le Dictionnaire qui accompagne les Annales en est, nous l'avons déjà dit, le complément nécessaire : c'est là que le lecteur trouvera des détails qui ne pouvaient figurer dans la première partie de l'ouvrage sans y faire perdre de vue l'enchaînement des faits, et sans interrompre l'ordre chronologique du récit. C'est aussi dans le Dictionnaire que se trouvera l'histoire particulière des rois, des grands vassaux, des fiefs, des abbayes, des ordres religieux et politiques, des communes, des villes, des institutions, des lettres et des arts, du commerce et de l'industrie, enfin la biographie des hommes célèbres, qui est aussi l'un des éléments essentiels de l'histoire générale d'une nation.

Nous avons fait tous nos efforts pour ne laisser échapper aucun événement important sans le rapporter, aucune institution remarquable sans en faire l'histoire; enfin, nous avons cherché à n'oublier aucun des hommes qui ont exercé une influence réelle soit sur les événements de l'histoire générale de la France, soit sur ceux de l'histoire particulière de leur ville ou de leur province.

Il pourra arriver que des hommes dont l'influence a été grande dans telle ou telle localité, ou dans la spécialité à laquelle ils se sont livrés, paraissent à quelques personnes n'avoir pas joué un rôle assez important pour mériter une place dans une histoire de la nation. C'est une objection que nous avons prévue, mais à laquelle nous n'avons pas cru devoir nous arrêter. Convaincus que la gloire nationale se compose du faisceau de toutes les gloires particulières, nous avons voulu tenir compte de toutes les célébrités, si petites qu'elles fussent; nous avons voulu que tous les points du sol de la France pussent trouver dans notre ouvrage leurs titres au souvenir et à la reconnaissance de la nation.

Nous n'avons pas négligé la géographie, base de toute étude historique. Notre Dictionnaire fera connaître toutes les modifications territoriales que les événements politiques ont imposées au sol de la patrie, tous les fiefs, toutes les seigneuries dont la réunion a enfin constitué la France. Pour compléter ce travail, nous avons ajouté aux Annales un atlas, dont les cartes, rédigées d'après les auteurs originaux et les travaux les plus estimés des savants modernes, permettront au lecteur de suivre un à un tous les changements que les divisions géographiques de notre territoire ont subis, depuis César jusqu'aux traités de 1815 (*).

L'archéologie, qui fournit à l'histoire de si précieux renseignements, tient aussi sa place dans notre Dictionnaire. De nombreuses gravures feront connaître les édifices, les médailles et les monnaies, les meubles et

(*) Cet atlas est dû à M. Louis Dussieux, professeur d'histoire et l'un des rédacteurs de l'Encyclopédie nouvelle. Voyez l'avertissement qui suit notre préface.

les costumes de toutes les époques. Nous nous sommes surtout attaché à reproduire les monuments les plus importants parmi ceux qui étaient déjà connus, et à faire dessiner et graver les plus remarquables d'entre ceux qui étaient encore inédits. Rien de ce qui est véritablement intéressant ne sera omis, et on aura, pour la première fois, l'histoire de l'art par les monuments, depuis Clovis jusqu'à nos jours. M. Lehormant, conservateur à la Bibliothèque du roi, et membre de l'Académie des inscriptions et belleslettres, a bien voulu nous aider dans le choix que nous avions à faire. Il a mis à la disposition de M. Lemaître, chargé particulièrement de ce travail, les collections du cabinet des antiques, et désigné à cet artiste habile les sujets les plus curieux comme objets d'art ou comme monuments historiques.

Quant à la rédaction des différents articles dont se compose le vaste répertoire que nous offrons au public, il était impossible à un seul homme de bien remplir une pareille tâche. Nous avons dû nous adjoindre un certain nombre de collaborateurs, que des études spéciales ont mis en état de traiter d'une manière approfondie les questions de diverse nature qui devaient trouver place dans le Dictionnaire.

C'est ainsi que MM.Yanosky et Weiss, anciens élèves de l'École normale, professeurs d'histoire, déjà connus par des dissertations justement estimées du monde savant, auront en partage les articles historiques relatifs aux événements qui ont précédé la révolution. Une portion de ce travail sera confiée à M. Lacroix, professeur d'histoire au collége royal de Reims, et à M. Amédée Renée, ancien rédacteur en chef du Journal de l'instruction publique, dont le talent, comme écrivain, s'est fait connaître par plusieurs articles publiés dans nos principales revues. Pour les cinquante dernières années, les travaux préparés par différents rédacteurs, qui ont fait une étude approfondie de cette période importante, et notamment par M. Desgenettes, seront plus particulièrement revus par le directeur de cette publication. L'histoire de nos institutions militaires sera rédigée par deux anciens officiers de l'armée, aussi distingués par leurs connaissances que par leurs services. M. Ch. Emmanuel, ancien rédacteur du Moniteur ottoman, et l'un des collaborateurs de l'Encyclopédie nouvelle, doit traiter de tout ce qui se rattache à la diplomatie, et notamment des rapports de la France avec les autres États du monde, sujet plein d'intérêt, et trop négligé jusqu'à ce jour.

L'histoire de nos institutions religieuses, politiques et judiciaires, sera due à M. Rapetti, jeune savant déjà connu par des travaux remarquables sur l'histoire du droit français, et à M. Aug. Lemoine, qui réunit à des

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connaissances étendues en jurisprudence, une érudition classique aussi variée que solide.

MM. Pierron, Jacquinet et Bouchot, professeurs agrégés de l'université, se sont chargés de la philosophie et de l'histoire littéraire, qui ne pouvaient être remises à des mains plus habiles.

M. Vaisse, professeur à l'école royale des sourds-muets de Paris, s'occupera de tout ce qui concerne l'instruction publique et la pédagogie.

Les matières d'érudition et d'archéologie seront l'objet des recherches de M. Léon Renier, qui apportera dans ses investigations une critique sévère et judicieuse. Il sera secondé par M. Ludovic Lalanne, que l'Académie des inscriptions et belles-lettres vient de couronner pour un savant mémoire sur le feu grégeois, par M. Ch. Laumier, membre de l'Académie de Besançon, et par M. Duchalais, qui, jeune encore, s'est déjà fait un nom dans la numismatique.

M. Louis Dussieux, l'un des rédacteurs de l'Encyclopédie nouvelle, s'est réservé la partie des beaux-arts, à laquelle lui donnaient droit des travaux antérieurs, notamment un livre favorablement accueilli par le public et dont il prépare en ce moment une seconde édition.

Les questions relatives aux sciences sont confiées à des hommes spéciaux et d'un mérite reconnu, tels que M. Léon Lalanne, ingénieur des ponts et chaussées; M. Aug. Duplay, médecin en chef des hôpitaux ; M. Victor Ragaine, docteur en médecine, etc.

Tout ce qui se rapporte à nos colonies transatlantiques sera le partage de M. Linstant, citoyen d'Haïti, qui vient d'obtenir le prix fondé par Grégoire sur l'abolition de l'esclavage des nègres.

Il restera au directeur de cette vaste entreprise le soin de choisir les sujets qui doivent être traités, de répartir le travail, de coordonner les recherches de ses collaborateurs, de mettre de l'unité dans la rédaction. Pour cette tâche qui ne sera pas la moins pénible, il n'épargnera ni son zèle ni son temps, et s'estimera heureux s'il peut livrer à ses concitoyens un livre qui ranime en eux l'amour de la patrie commune, et le désir d'atteindre le but auquel la Providence nous a constamment conduits.

AVERTISSEMENT DE L'AUTEUR DE L'ATLAS.

Suivant l'auteur de cet atlas, la géographie historique ne doit pas se
borner à une description physique et topographique du pays dont elle
s'occupe ce doit être en quelque sorte.une manière de retracer, à l'aide
d'une suite de cartes, les époques les plus importantes de l'histoire de ce
pays, un moyen de faire saisir d'un seul coup d'œil ce que, dans un livre,
de longs développements peuvent seuls faire comprendre. Il lui a donc
semblé qu'un travail de ce genre, destiné à servir de complément aux
Annales de l'histoire de France, devait être fait au point de vue diplo-
matique, et montrer surtout les différentes phases de la nationalité fran-
çaise. Ainsi, ce que l'auteur a voulu représenter, c'est l'histoire du déve-
loppement de cette nationalité qui commence aux diverses races gauloises,
et qui, modifiée par Rome, le christianisme et la Germanie, se confond,
durant cinq siècles, avec l'histoire romaine, pendant quatre siècles avec
l'histoire des Francs, se dégage, au neuvième siècle, de la domination
étrangère, mais morcelée par la féodalité, et parvient à l'unité politique, vers
le milieu du quinzième. Dès lors, resserrée dans des barrières qui ne sont
pas celles que Dieu lui a assignées, la France lutte constamment pour ob-
tenir ses limites naturelles ; mais lorsqu'elle les a atteintes, elle a le mal-
heur de les dépasser, en suivant la fortune d'un nouveau César, dont la
chute fait perdre à la nation une partie de ses conquètes. Voilà ce que
l'auteur de cet atlas s'est proposé de rendre sensible. Il ne se dissimule pas
les imperfections de son travail; mais il espère qu'on les lui pardonnera
en faveur de l'idée qu'il s'est efforcé de faire ressortir.

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TABLE ANALYTIQUE DES CARTES DE L'ATLAS.

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