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près de son frère Charles le Mauvais, roi de Navarre, celui-ci, qui avait eu plus d'un démêlé avec le comte de Foix, donna au jeune homme une bourse renfermant une poudre qui devait rendre, disait-il, à sa mère tout l'amour du comte de Foix, quand celuiei en aurait pris mêlée à ses aliments. Gaston revint à Orthez; mais son père ayant aperçu, un jour qu'il le servait à table, les pendants de la boursette au gipon de son fils, le sang lui mua, et dit : « Gaston, viens avant, je veuil parler à toi en l'oreille. » L'enfès s'avança de la table. Le comte ouvrit lors son sein et desnoulla lors son gipon, et prit un coutel, et coupa les pendants de la boursette, et lui demoura en la main, et puis dit à son fils: Quelle chose est-ce en celle boursette?» L'enfès, qui fut tout surpris et ébahi, ne sonna mot, mais devint tout blanc de paour et tout éperdu, et commença fort à trembler, car il se sentait forfait. Le comte de Foix ouvrit la bourse et prit de la poudre et en mit sur un tailloir de pain, et puis sifila un lévrier que il avoit de lez lui et lui donna à manger. Sitôt que le chien ot mangé le premier morsel, il tourna les pieds dessus et

mourut.

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« Quand le comte de Foix en vit la manière, si il fut courroucé, il y ot bien cause, et se leva de table et prit son coutel, et voult lancer après son fils, et l'eust là occis sans remede; mais chevaliers et escuyers saillirent au devant et dirent : « Monseigneur, pour a Dieu merci! ne vous hastez pas, ⚫ mais vous informez de la besogne << avant que vous fassiez à votre fils « nul mal. Et le premier mot que le comte dit, ce fut en son gascon : «O Gaston! traitour, pour toi et pour « accroistre l'héritage qui te devoit retourner, j'ai eu guerre et haine au « roi de France, au roi d'Angleterre, « au roi d'Espagne, au roi de Navarre « et au roi d'Arragon, et contre eux me a suis-je bien tenu et porté, et tu me < veux maintenant murdrir. Il te vient « de mauvaise nature. Sache que tu en « mourras à ce coup. » Lors saillit ou

tre la table, le coutel en la main, et le vouloit là occir. Mais chevaliers et escuyers se mirent à genoux en pleurant devant lui et lui dirent : « Ha! « monseigneur, pour Dieu merci! « n'occiez pas Gaston; vous n'avez plus « d'enfants; faites-le garder et infor« mez-vous de la matière; espoir ne « savoit il que il portoit, et n'a nulle « coulpe à ce mesfait. Or tost, dit le « comte, mettez-le en la tour, et soit « tellement gardé que on m'en rende « compte. »>

« Lors fut mis l'enfès en la tour de Ortais. Le comte fit adonc prendre grand foison de ceux qui servoient son fils, et tous ne les ot pas, car moult s'en partirent; et encore en est l'évesque de l'Escale, d'encoste Pau, hors du pays, qui en fut souspeconné, et aussi sont plusieurs autres; mais il en fit mourir jusques à quinze très horriblement; et la raison que il y met et mettoit étoit telle, que il ne pouvoit estre que ils ne sceussent de ses secrets, et lui dussent avoir signifié et dit : « Mon

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seigneur, Gaston porte une bourse à « sa poitrine telle et telle. » Rien n'en firent, et pour ce moururent horriblement, dont ce fut pitié, aucuns escuyers; car il n'y avoit en toute Gascogne si jolis, si beaux, si acesmés comme ils étoient; car toujours a été le comte de Foix servi de frisque mesnée.

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Trop toucha celle chose près au comte de Foix, et bien le montra, car il fit assembler un jour à Ortais tous les nobles, les prélats de Foix, de Berne, et tous les hommes notables de ces deux pays; et, quand ils furent venus, il leur démonstra ce pourquoi il les avoit mandés, et comment il avoit trouvé son fils en telle deffaute et si grand forfait que c'étoit son intention qu'il mourust, et que il avoit desservi mort. Tout le peuple répondit à celle parole d'une voix, et dit : " Monsei

«gneur, sauve soit votre grâce! nous « ne voulons pas que Gaston muire; <«< c'est votre héritier, et plus n'en

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un petit, et se pourpensa que il le chastieroit par prison, et le tiendroit en prison deux ou trois mois, et puis l'envoieroit en quelque voyage deux ou trois ans demeurer, tant que il auroit oublié son mautalent, et que l'enfès, pour avoir plus d'aage, seroit en meilleure et plus vive connoissance. Si donna à son peuple congé; mais ceux de la comté de Foix ne se vouloient partir d'Ortais, si le comte ne les asseuroit que Gaston ne mourroit point, tant amoient-ils l'enfès. Il leur ot en convenant; mais bien dit que il le tiendroit par aucun temps en prison pour le chastier. Sur celle convenance, se partirent toutes manieres de gens, et demeura Gaston prisonnier à Ortais.

« Ces nouvelles s'épandirent en plusieurs lieux; et pour ce temps étoit pape Grégoire onzième en Avignon. Si envoya tantost le cardinal d'Amiens en légation, pour venir en Berne et pour amoyenner ces besognes et apaiser le comte de Foix, et oster de son courroux et l'enfant hors de prison. Mais le cardinal ordonna ses besognes si longuement, que il ne put venir que jusques à Béziers, quand les nouvelles lui vinrent là que il n'avoit que faire en Berne, car Gaston, le fils au comte de Foix, étoit mort; et je vous dirai comment il mourut, puisque si avant je vous ai parlé de la matière.

« Le comte de Foix le faisoit tenir en une chambre en la tour d'Ortais, où petit avoit de lumière, et fut là dix jours. Petit y but et mangea, combien que on lui apportoit tous les jours assez à boire et à manger; mais, quand il avoit la viande, il la détournoit d'une part et n'en tenoit compte, et veulent aucuns dire que on trouva les viandes toutes entières que on lui avoit portées, ni rien ne les avoit amenries au jour de sa mort; et merveilles fut comment il put tant vivre. Par plusieurs raisons, le comte le faisoit là tenir, sans nulle garde qui fut en la chambre avecques lui, ni qui le conseillast ni confortast, et fut l'enfès toujours en ses draps ainsi comme il y entra; et si se mérencolia grandement,

car il n'avoit pas cela appris, et maudissoit l'heure que il fut oncques né ni engendré pour être venu à telle fin.

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Le jour de son trépas, ceux qui le servoient de manger lui apportèrent la viande et lui dirent: « Gaston, vez-ci « de la viande pour vous.» Gaston n'en fit compte et dit : « Mettez-la là. • Cil qui le servoit de ce que je vous dis regarde, et voit en la prison toutes les viandes que les jours passés il avoit apportées. Adonc referma-t-il la chambre, et vint au comte de Foix, et lui dit: « Monseigneur, pour Dieu merci! « prenez garde dessus votre fils, car il s'affame là en la prison où il gist, et crois que il ne mangea oncques puis «< qu'il y entra, car j'ai vu tous les « mets entiers tournés d'un lez dont << on l'a servi. » De celle parole le comte s'enfélonna, et, sans mot dire, il se partit de sa chambre, et s'en vint vers la prison où son fils étoit, et tenoit à la male heure un petit long coutel dont il appareilloit ses ongles et nettoyoit. Il fit ouvrir l'huis de la prison et vint à son fils, et tenoit l'alumelle de son coutel par la pointe, et si près de la pointe que il n'en y avoit pas hors de ses doigts la longueur de l'épaisseur d'un gros tournois. Par mautalent, en boutant ce tant de pointe en la gorge de son fils, il l'asséna ne sais en quelle veine, et lui dit : « Ha, traitour! pour« quoi ne manges-tu point?» Et tantost s'en partit le comte sans plus rien dire ni faire, et rentra en sa chambre. L'enfès fut sang mué et effrayé de la venue de son père, avecques ce que il étoit foible de jeûner, et que il vit ou sentit la pointe du coutel qui le toucha à la gorge, comme petit fut, mais ce fut en une veine, il se tourna d'autre part et là mourut (*). »

Ce Gaston Phoebus, regardé, malgré tous ses méfaits, chose, du reste, alors fort commune, comme l'un des princes les plus accomplis de son temps, écrivit un ouvrage sur la chasse, dans lequel il assure que le bon chasseur va tout droit en paradis; « car la chasse sert, dit-il, à fuir les péchés mortels:

(*) Froissard, livre 1, ch. 13.

or qui fuit les sept péchés mortels, selon notre foy, il doit estre saulve. Doncques bon veneur aura en ce monde joye, léesse et déduit, et après aura paradis encore. >>

A la mort de Gaston Phoebus, 1391, ses domaines firent échute à la couronne, en vertu d'une donation faite par Gaston; mais le duc de Berry, oncle de Charles VI, les aliéna en faveur du vicomte de Castelbon, dont la sœur les porta dans la maison des captals de Buch. Ceux-ci, devenus cointes de Foix, quittèrent le parti des Anglais, qu'ils avaient jusqu'alors soutenus, et ce fut Gaston IV qui s'empara, avec l'aide de Dunois, en 1451, de Bayonne, la seule place qui restât aux Anglais dans la Guyenne. En récompense de ces services, Gaston obtint, en 1455, pour son fils aîné, la main de madame Madeleine, fille de Charles VII, et, en 1458, la dignité de pair. Sa faveur se soutint sous Louis XI, qui lui donna le Roussillon et la Cerdagne; enfin son mariage avec Léonore, fille de Jean, roi d'Aragon et de Navarre, donna la Navarre à la maison de Foix. Son petitfils, François Phoebus, réunit ainsi les comtés de Foix et de Bigorre, les vicomtés de Béarn et de Castelbon au royaume de Navarre.

COMTÉS DE MAGUELONE, DE SUBSTANTION ET DE MELGUEIL.

Les comtes de Maguelone (*) parais sent n'avoir subsisté que dans la seconde moitié du huitième siècle, et jusque vers 820. A cette époque, ils disparaissent de l'histoire, et l'on ne trouve plus à leur place que les comtes de Substantion (ville ancienne, qui n'est plus aujourd'hui qu'un petit village à une lieue de Montpellier), et de Melgueil (château à deux lieues de Montpellier), qui se maintinrent jusqu'en 1172. A cette époque, leur domaine fut

(*) Au sixième siècle, Maguelone était ville épiscopale; mais les Sarrasins s'en étant emparés, Charles-Martel ruina cette ville en 737. Rebâtie en 1037 par l'évêque Arnaud, elle subsista jusqu'en 1530, où l'évèché ayant été transféré à Montpellier, la ville fut peu à peu abandonnée.

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La

réuni au comté de Toulouse. monnaie de Melgueil (sous Melgorien) avait autant de cours en Languedoc que celle de Morlas en Gascogne.

SEIGNEURIE DE MONTPELLIER.
Fondée en 975, réunie au domaine en 1349.

Sous la suzeraineté des évêques de Maguelone se trouvait la ville de Montpellier, jadis séparée en deux villages, entre lesquels s'étendait un petit bois. En 975, l'évêque Ricuin donna à Gui Ier l'un de ces deux villages, et le comte de Melgueil y ajouta, en 986, un domaine considérable, qui embrassait la plus grande partie du territoire de Montpellier. En 1204, cette seigneurie, qui s'était fort agrandie, passa à don Pèdre, roi d'Aragon, par le mariage de ce prince avec une fille de GuilJaume VIII. En 1293, Philippe le Bel acheta de l'évêque de Montpellier les deux tiers de la ville, et, en 1349, don Jayme III, roi de Majorque, vendit à Philippe VI, au prix de cent vingt mille écus d'or, la seigneurie de Montpellier, dont le revenu était de trente-deux mille huit cents livres tournois, et celle de Lates, qui en valait quatre cent trente-cinq.

COMTÉ DE ROUSSILLON. Établi vers 830, réuni au domaine en 1659. Capitale Perpignan.

Le Roussillon, province de vingt lieues de long sur neuf de large, était borné à l'est par la Méditerranée; à l'ouest, par la Cerdagne; au nord, par le Languedoc; au sud, par les Pyrénées, qui la séparaient de la Catalogne; mais le comté proprement dit ne comRoussillon, dont la capitale, Perpiprenait qu'une partie de la province de gnan, ne se trouve pas nommée avant le dixième siècle. Au commencement du neuvième, le Roussillon avait déjà des comtes particuliers, qui ne devinrent héréditaires qu'au commencement du dixième. En 1172, ce domaine entra dans la maison d'Aragon, de même que les comtés de Cerdagne et de Bezalu, qui avaient été conférés, en 928, par un comte de Barcelone à son second fils. Louis XI profita des embarras de Jean II d'Aragon pour lui

acheter, en 1462, au prix de deux cent mille écus, les comtés de Roussillon et de Cerdagne; mais ce ne fut que par la paix des Pyrénées, en 1659, que le Roussillon fut définitivement réuni à la couronne.

COMTÉ DE POITIERS.

Établi en 778, conquis en 1205, réuni au domaine

en 1422. Capitale Poitiers.

Lorsque Charlemagne rétablit le royaume d'Aquitaine en faveur de son fils Louis le Débonnaire, il divisa le pays en quinze comtés soumis au duc d'Aquitaine, qui fut en même temps comte de Toulouse. De 778 à 839, Poitiers eut des comtes particuliers, dont le ressort avait une étendue plus grande que la province nommée plus tard Poitou; mais, en 845, Charles le Chauve donna au comte Rainulf Ier le titre de duc d'Aquitaine, que portèrent aussi les comtes de Toulouse, en renfermant le Poitou, la Saintonge et l'Angoumois dans sa juridiction. Après l'usurpation de Hugues Capet, les comtes de Poitiers, toujours ducs d'Aquitaine, étendirent encore leur autorité sur le Limousin et l'Aunis; Guillaume III donna même asile aux fils de Charles de Lorraine, et les proclama rois. Tous les ans, il faisait un pèlerinage à Rome ou à Saint-Jacques de Compostelle en Galice. Honoré de tous les princes de l'Europe, traité comme leur égal, il justifiait cette estime universelle par sa modération, qui lui fit refuser la couronne d'Italie, et par son zèle pour la propagation des lumières. Son second fils, Eudes, qu'il avait eu d'une fille de Sanche-Guillaume, duc de Gascogne, hérita de son duché, qu'il réunit à celui d'Aquitaine à son âvénement au comté de Poitou, en 1038. Ce fut surtout à la cour de Guillaume VII, duc d'Aquitaine et de Gascogne (10871127), que commença à se développer la littérature nommée provençale. Guillaume était bon troubadour et bon chevalier d'armes, dit une vieille chronique, et il courut longtemps le monde pour tromper les dames. Il reste de lui plusieurs pièces de vers. Malgré son zèle pour la croisade et sa dévotion ex

térieure, Guillaume avait des mœurs fort dissolues. Ayant appris que l'évêque de Poitiers voulait l'excommunier, il courut à l'église, saisit le prélat aux cheveux, et, le menaçant de son épée : « Tu m'absoudras, cria-t-il, où tu moùrras. » L'évêque demanda à réfléchir un instant, et en profita pour achever la formule d'excommunication, après quoi il présenta sa tête au duc, en lui disant de frapper. « Je ne t'aime pas assez, reprit Guillaume, pour t'envoyer en paradis; » et il se contenta de l'exiler. La petite-fille de ce Guillaume est la célèbre Éléonore, qui, par son mariage avec Louis le Jeune, roi de France, et ensuite avec Henri, roi d'Angleterre, porta successivement dans ces deux maisons son riche héritage, composé du duché d'Aquitaine, qui comprenait les comtés particuliers de Poitou et de Limousin, avec l'autorité suzeraine sur l'Auvergne et le reste de l'ancienne province nommée par les Romains seconde Aquitaine; du duché de Gascogne ou ancienne Novempopulanie, avec les comtés particuliers de Bordeaux et d'Agen; enfin de la partie de la Touraine placée sur la rive gauche de la Loire. Philippe-Auguste ayant fait déclarer par la cour des pairs la confiscation des possessions anglaises du continent, s'empara, en 1205, du Poitou, qui fut donné comme apanage à Alphonse, frère de saint Louis, puis à

Philippe le Long, à Jean, duc de Berry, puis enfin, en 1369, au dauphin, nommé depuis Charles VII, qui le réunit à la couronne en 1427.

COMTÉ D'AUVergne. Fondé en 780, réuni au domaine en 1610. Capitale Clermont.

Cette province, de trente lieues de long sur quarante de large, est bornée au nord par le Bourbonnais; au sud, par le Rouergue; à l'est, par le Forez et le Velay; à l'ouest, par le Limousin, le Quercy et la Marche. Elle fit d'abord partie du royaume d'Aquitaine sous les rois et ducs mérovingiens, mais elle avait déjà des comtes particuliers qu'elle conserva sous les Carlovingiens. Ce fut Guillaume le Pieux (886-918),

qui fut le premier comte héréditaire d'Auvergne; il était aussi comte de Velay et marquis de Gothie ou de Septimanie, et Eudes le nomma duc d'Aquitaine. Son fils, Guillaume le Jeune, joignit à ces vastes possessions Bourges et le Berry; mais, après la mort de son frère Alfred, qui lui succéda, le comté d'Auvergne et ses dépendances entrèrent dans la maison de Poitiers (928), puis dans celle de Toulouse (932); enfin un vicomte d'Auvergne commença, en 979, une nouvelle dynastie des comtes d'Auvergne.

Ce fut à Clermont, capitale du comté d'Auvergne, que se tint le concile où fut décidée la première croisade. Le comte Guillaume VII y prit part avec l'élite de la noblesse d'Auvergne, Arnaud de Bréon, seigneur de Mardogne, Arnaud d'Apchon, Jean de Murat, Louis de Pondonas, Louis de Montmorin, Jacques de Tournemire, Léon de Dienne, le seigneur de Beaufort et le baron de la Tour.

De retour de la croisade, Guillaume voulut enlever à l'évêque de Clermont l'autorité temporelle qu'il partageait avec le comte de cette ville: il se saisit de la cathédrale et la fortifia comme une forteresse; mais l'évêque ayant imploré l'assistance de Louis le Gros, ce prince accourut avec une armée, intimida le duc d'Aquitaine qui voulait prendre parti pour son vassal, et obligea le comte de faire un accommodement avec l'évêque.

Au douzième siècle, l'Auvergne fut sur les frontières d'Aquitaine ce que le Vexin était sur celles de la Normandie, une cause de guerres perpétuelles entre les rois de France et les rois d'Angleterre, qui, à titre de ducs d'Aquitaine, exigeaient l'hommage des comtes d'Auvergne. Ces guerres furent peu favorables aux comtes, sur lesquels s'étendit peu à peu l'autorité royale. D'abord les évêques de Clermont leur enlevèrent toute la ville, dont ils restèrent en possession jusqu'en 1552; puis Philippe-Auguste les dépouilla de leur comté, dont la plus grande partie, donnée par saint Louis à son frère Alphonse de Poitiers, fut réunie, en

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1271, au domaine, puis érigée, en 1360, en duché, en faveur de Jean, c ,duc de Berry; le reste, c'est-à-dire les châtellenies de Mirefleurs, de la Chypre, de Besse, de Clavières, de Montredon, d'Artonne et de Lezoux, avec la ville de Vic-le-Comte, qui en fut le cheflieu, et la terre de Combrailles, leur patrimoine, demeura aux anciens comtes. Le comté de Boulogne, dont Robert V hérita en 1277, releva quelque peu sa maison, qui, en 1350, donna une reine à la France, Jeanne, fille et héritière de Guillaume XIII, qui épousa le roi Jean. Philippe de Rouvre, qu'elle avait eu de son premier mari, Eudes de Bourgogne, réunit les comtés d'Auvergne et de Boulogne à ses États héréditaires, le comté et le duché de Bourgogne, et le comté d'Artois; mais, apres la mort de ce jeune homme, son riche héritage fut partagé, et un oncle de Jeanne recouvra les comtés d'Auvergne et de Boulogne, qui, en 1422, passèrent par les femmes, avec la baronnie de Montgascon, dans la maison de la Tour.

Le Boulonnais ayant été cédé au duc de Bourgogne par le traité d'Arras de 1435, Louis XI, pour indemniser la maison de la Tour, lui donna le comté de Lauraguais en Languedoc; puis, lorsqu'il eut recouvré, en 1477, le Boulonnais, qui relevait de l'Artois, propriété de la maison de Bourgogne, il transporta l'hommage de ce comté à l'image de Notre-Dame, révérée à Boulogne. La Vierge fut donc déclarée suzeraine du comté, et il se déclara son vassal par le relief d'un cœur d'or du poids de treize marcs, que ses successeurs payeraient à leur ávénement au trône. Des lettres patertes enregistrées au parlement consacrèrent cette singulière suzeraineté, qu'il reconnut lui-même solennellement, en prêtant hommage entre les mains de l'abbé de Notre-Dame. Cette comédie juridique avait un but sérieux; en transportant à la Vierge la suzeraineté du Boulonnais, Louis l'enlevait au possesseur de l'Artois, Maximilien d'Autriche, qui aurait eu le droit de l'exercer.

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