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arriva près de Rome avec son armée. A la vue des portes ouvertes et des murailles sans gardes, il soupçonna d'abord quelque ruse; mais, lorsqu'il se fut assuré de la vérité, il prit possession de la ville, fit cerner le Capitole par un corps d'élite, et conduisit le reste sur le Forum, d'où les Gaulois se répandirent dans les rues et les maisons voisines. Là, un spectacle extraordinaire frappa leurs yeux. Devant les maisons patriciennes ils virent de nobles vieillards revêtus d'ornements consulaires et immobiles sur leurs chaires d'ivoire. C'étaient des sénateurs qui avaient préféré la mort à la fuite. Ne sachant si c'étaient des dieux ou des hommes, les Gaulois n'osèrent longtemps faire un pas en avant; enfin, l'un d'entre eux s'étant hasardé à s'approcher de Manius Papirius, lui passa doucement la main sur sa longue barbe; mais Papirius l'ayant frappé de son bâton et blessé à la tête, le barbare tira son épée et le tua. Dès lors le massacre commença. Après avoir passé plusieurs jours à piller et à saccager la ville, les Gaulois finirent par y mettre le feu.

Cependant le siége du Capitole trainant en longueur, les Gaulois, qui commençaient à manquer de vivres, changèrent le siége en blocus, et ravagèrent les contrées voisines. Camille, alors exilé, mais toujours dévoué à son ingrate patrie, engagea les Ardéates à prendre les armes contre les barbares, auxquels il fit essuyer plusieurs défaites. Toutefois ceux qui campaient au pied du Capitole tentèrent de s'en emparer par une attaque nocturne, et peu s'en fallut qu'ils ne surprissent les Romains plongés dans le sommeil; mais les oies consacrées à Junon donnèrent l'alarme, et Manlius repoussa les barbares qui, découragés, ne recevant point de renforts, et décimés d'ailleurs par des chaleurs pestilentielles, qui, aujourd'hui encore, rendent si dangereux le séjour de Rome et surtout de sa campagne, consentirent à se retirer moyennant mille livres d'or. S'il faut en croire une tradition contredite par de graves histo

riens, Camille, nommé dictateur, arriva au moment où le Brenn pesait l'or, et ajoutait aux poids son épée avec le baudrier, en s'écriant: Malheur aux vaincus! « La coutume des « Romains, dit Camille, est de ra<< cheter leur patrie avec le fer et non « avec de l'or. » Et alors la guerre recommence, et le dictateur, dans un combat aussi long que terrible, met les Gaulois en déroute et en fait un horrible carnage. Mais cette tradition, que l'orgueil national dut préférer, est assez peu vraisemblable; et il est beaucoup plus naturel de croire que les Romains durent leur salut autant à leur or qu'à leur opiniâtreté et à leur courage.

Quoi qu'il en soit, les barbares reparurent encore quatre fois dans l'espace de quarante ans ; mais les Romains s'étaient habitués à leur manière de combattre; l'habileté de Camille, qui écrasa une armée gauloise sur les bords de l'Anio (367), celle de C. Sulpicius et de Popilius Lænas, qui battirent aussi deux fois les barbares (358 et 350), enfin les exploits de Manlius Torquatus et de Valérius Corvus, qui tuèrent en combat singulier deux Gaulois de taille gigantesque, délivrèrent Rome des craintes que lui avaient inspirées ces terribles ennemis.

VERS 350.

C'est à cette époque, selon l'opinion l'invasion des Belges dans le nord de la plus vraisemblable, que se rapporte la Gaule. Ils ne purent dépasser la chaîne des Vosges ni le cours de la Marne et de la Seine; mais deux de leurs tribus, les Arécomiques et les Tectosages, pénétrèrent à travers le territoire gaulois jusqu'aux Pyrénées orientales, où Toulouse devint leur capitale. 281.

Ce fut de cette ville que partit, en 281, une horde nombreuse qui, traversant la forêt Hercynienne et longeant la rive droite du Danube, rencontra en Illyrie les anciens compagnons de Sigovèse. Dans cet intervalle de trois siècles, ceux-ci s'étaient prodigieusement multipliés et s'étaient

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étendus jusqu'aux frontières de l'Épire, de la Macédoine et de la Thrace. Vers l'an 335, quelques-uns de leurs députés s'étaient rendus au camp d'Alexandre, sur la frontière de Thrace, pour voir le héros macédonien: « Que craignez-vous? leur demanda le futur conquérant de la Perse. Que le ciel ne tombe, avaient-ils répondu. » — «Voilà un peuple bien fier, dit-il. » Cependant il fit alliance avec eux. Quand la mort d'Alexandre et les querelles de ses successeurs eurent laissé la Grèce et l'Asie sans défense, les anciens émigrants gaulois et les nouveaux venus s'unirent pour profiter de ces discordes, et trois cent mille barbares se jetèrent sur la Grèce : ils étaient divisés en trois corps. L'un, commandé par Cérétrius, envahit la Thrace, et l'enleva pour jamais à la Macédoine. Le second, commandé par Belgius, entra en Macédoine et défit Ptolemée Céraunus dans un combat où ce prince fut tué (279). Alors les Macédoniens mirent à leur tête un noble nommé Sosthènes, qui vainquit à son tour et repoussa les Gaulois. Mais, l'année suivante (278), le troisième corps, sous les ordres du Brenn luimême et d'Acichorius, vint fondre sur la Macédoine, écrasa en passant Sosthènes et son armée, et se dirigea sur Delphes. Les Grecs les attendaient aux Thermopyles. Les Étoliens, les Phocéens, les Locriens, les Béotiens, les Mégariens et les Athéniens s'étaient réunis, et avaient, rassemblé vingt mille hommes. Les Gaulois, repoussés d'abord avec perte, pénétrèrent en Phocide par le même sentier qu'avait suivi autrefois Xerxès. Arrivés près de Delphes, un tremblement de terre et une tempête mirent la consternation et le désordre dans leur armée, et les Grecs en profitèrent pour les tailler en pièces. Le Brenn, désespéré, se tua lui-même, et les débris de son armée périrent dans leur retraite par la faim, la fatigue et le fer des Grecs.

278.

Plusieurs corps échappèrent cependant et allérent, sous la conduite de Léonor et de Luther, ravager la Thrace.

Après des courses nombreuses, ils s'emparèrent de la Chersonnèse et de Lysimachie de là, ils apercevaient l'Asie où les attendaient tant de richesses, qu'ils ne pouvaient atteindre faute de vaisseaux. Heureusement Nicomède, roi de Bythinie, vivement pressé par un compétiteur et par les Syriens, les prit à sa solde, leur fit passer le détroit, et, en récompense de leurs services, leur donna des terres considérables, où ils formèrent, entre le Pont, la Paphlagonie, la Cappadoce et les royaumes de Bythinie, de Pergame et de Syrie, un nouvel État puissant et redouté de ses voisins. En effet, campés pour ainsi dire au centre de l'Asie Mineure, les Galates (*) la pillèrent à loisir, sans distinction d'amis ou d'ennemis. Le bruit de leurs cruautés et de leurs rapines jeta bientôt un tel effroi dans cette population dégénérée et sans courage, qu'à leur approche tous fuvaient, et que les femmes mêmes se tuaient pour ne pas tomber entre leurs mains.

Pour prévenir ces ravages, il fallut que de toutes parts les villes libres et les royaumes consentissent à payer tribut; le roi de Svrie lui-même, si l'on en croit Tite-Live, se soumit à leur fournir une solde de guerre, malgré la victoire qu'il remporta sur eux en 277, grâce à ses éléphants, et qui lui valut de la reconnaissance de l'Asie le surnom de Sauveur.

Quand les Gaulois eurent cessé d'errer dans l'Asie Mineure, leurs bandes exploitèrent encore la faiblesse des rois asiatiques en se mettant à leur solde, et, suivant l'expression de Justin, ils se répandirent comme un essaim dans l'Asie. Ils devinrent bientôt la milice nécessaire de tous les Etats de l'Orient, belliqueux ou pacifiques, monarchiques ou républicains. L'Égypte, la Syrie, la Cappadoce, le Pont, la Bythinie en entretinrent des corps à leur solde; ils trouvèrent surtout un emploi lucratif de leur épée chez les petites démocra

(*) C'est ainsi que les Grecs avaient modifié le nom de Gaulois.

ties commerçantes, qui, trop faibles en population pour suffire seules à leur défense, étaient assez riches pour les bien payer.

Durant une longue période de temps, il ne se passa guère dans toute l'Asie d'événement tant soit peu remarquable où les Gaulois n'eussent quelque part.

Tels étaient, dit encore Justin, la terreur de leur nom et le bonheur constant de leurs armes, que nul roi sur le trône ne s'y croyait en sûreté, et que nul roi déchu n'espérait d'y remonter, s'il n'avait pour lui le bras des Gaulois. D

L'influence des milices gauloises ne se borna pas aux services du champ de bataille; elles jouèrent un rôle dans les révoltes politiques, et, plus d'une fois, on les vit fomenter des soulèvements, rançonner des provinces, assassiner des rois, disposer des plus puissantes monarchies. Ainsi quatre mille Gaulois en garnison dans la province de Memphis, profitant de l'absence du roi Ptolémée-Philadelphe, occupé à combattre une insurrection à l'autre bout de son royaume, complotèrent de piller le trésor royal et de s'emparer de la basse Egypte; mais Ptolémée, prévenu à temps, les fit passer, sous un prétexte spécieux, dans une île du Nil, où il les laissa mourir de faim. En Bythinie, le roi Ziélas, fils de Nicomède, soupçonnant, de la part des Gaulois à sa solde, quelque machination pareille, résolut de faire assassiner tous leurs chefs dans un grand repas où il les invita; mais ceux-ci, avertis à temps, le prévinrent en l'égorgeant à sa table inême.

Une autre fois, le bruit se répandant de la mort de Séleucus, compétiteur de son frère Antiochus au trône de Syrie, les Gaulois auxiliaires de ce dernier résolurent de tuer eux-mêmes Antiochus; ils espéraient qu'au milieu des troubles qui suivraient l'extinction des Séleucides, ils pourraient plus librement ravager la Syrie. Ils s'emparèrent doncd'Antiochus, qui ne parvint à conserver la vie qu'en se rachetant, dit Justin, comme un voyageur se rachète des mains des brigands, à prix d'or.

273.

Les rois d'Asie n'étaient pas les seuls a louer des mercenaires gaulois; Pyrrhus en avait toujours un grand nombre à sa solde dans sa carrière aventureuse; il en était surtout entouré dans ses dernières guerres. Ainsi ce furent les Gaulois qui seuls, entre toutes ses troupes, essayèrent d'enlever Sparte d'assaut; ce furent deux mille d'entre eux qui sauvèrent son armée en se faisant tuer jusqu'au dernier sur la route d'Argos; ce fut enfin avec ce qui lui en restait qu'il entra dans Argos, où il reçut la mort de la main d'une vieille femme.

241-237.

Mais c'était la riche république de Carthage qui dépensait le plus d'or à solder des mercenaires; ses armées en étaient uniquement composées, et les Gaulois y comptaient toujours pour un grand nombre. Mais autant l'on pouvait être sûr de leur courage, autant il fallait redouter leur mécontentement quand la solde s'arriérait ou que la disette se faisait sentir. Carthage en fit une cruelle expérience, après la première guerre punique, lorsque, son trésor se trouvant vide, elle ne put satisfaire à leurs exigences; ils coururent aux armes, entraînèrent dans leur révolte les mercenaires des autres nations, et commencèrent, sous la conduite du Campanien Spendius, de l'Africain Mathos, mais surtout du Gaulois Autarite, cette guerre sanglante que l'antiquité nomma la guerre inexpiable, et qui réduisit pendant quelque temps la puissante Carthage à ses seules murailles.

237-222.

L'année même où se terminait la guerre inexpiable, Rome commença sa longue lutte contre les Gaulois cisalpins. Les incursions de ces peuples dans l'Italie centrale avaient laissé un terrible souvenir. Aussitôt que l'on apprenait à Rome une nouvelle prise d'armes des Gaulois, la terreur était à son comble; on déclarait qu'il y avait tumulte, et alors il fallait que

tous, jusqu'aux prêtres, prissent les armes. Quand les Romains virent toute l'Italie autour d'eux parfaitement docile au joug, ils songèrent à ces terribles ennemis du nord de l'Italie, et entreprirent d'en débarrasser la péninsule, mais en les attaquant prudemment les uns après les autres, et en semant la division parmi eux. Rome commença par les Gaulois boïens et les Liguriens. Cette première guerre fut heureuse, grâce à des dissensions intestines. Les Boïens firent peu de résistance. Rome crut un instant que les terribles Gaulois avaient perdu leur ancien courage, et ne poussa pas plus loin la guerre contre eux; elle crut même pouvoir poser les armes, et fermer le temple de Janus pour la première fois depuis Numa (235).

Mais cette paix fut de peu de durée; bientôt il fallut de nouveaux combats pour rejeter les Liguriens dans les Apennins. Dans le même temps, le tribun Flaminius ayant proposé de distribuer au peuple les terres enlevées aux Sénons en 283, après la destruction de cette peuplade, les Boïens prirent les armes et essayèrent de former une ligue entre toutes les nations de l'Italie septentrionale; mais les Vénètes, ennemis des Gaulois et d'origine différente, refusèrent d'y entrer. Les Liguriens étaient épuisés; les Cénomans, jaloux sans doute des Insubres et des Boïens, avaient vendu leur alliance à Rome. Les Boïens et les Insubriens restés seuls appelèrent à leur secours les Gésates. Le sénat s'alarme à cette nouvelle, et déclare qu'il y a tumulte; sept cent mille fantassins et soixante-dix mille cavaliers se tiennent prêts à repousser l'invasion de ces redoutables ennemis. Déjà l'armée gauloise était en Étrurie et cinquante mille Romains avaient été détruits près de Clusium, quand le hasard fit débarquer sur ses derrières les légions qui revenaient de la Sardaigne, tandis que l'armée consulaire lui bar rait le chemin de Rome. La victoire de Télamone (225) sauva Rome; celle de l'Addua (223), la prise de Milan, la défaite des Gésates, et la mort de leur

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Sitôt que Rome fut débarrassée d'Annibal, dont l'armée était presque toute gauloise (*), elle s'occupa de mettre fin à ses terreurs, en accablant les Cisalpins. Ceux-ci la prévinrent par un soulèvement général. L'incendie de Plaisance et l'attaque de Crémone annoncèrent leur prise d'armes; mais le consul Furius parut bientôt avec une armée romaine, et trente-cinq mille Gaulois restèrent sur le champ de bataille. Une perte de six mille hommes, éprouvée l'année suivante par les Romains, ranima le courage des Gaulois, qui, pendant deux ans, tinrent tête aux deux consuls; mais la défection des Cénomans, au moment d'un combat décisif, fit éprouver aux Insubriens un revers sanglant. Une seconde défaite, qui leur coûta quarante mille guerriers, la ville de Como et vingt-huit châteaux forts, les obligea à demander la paix. Les Boïens résistèrent encore de lutter contre une puissance qui pendant cinq années; mais incapables pouvait disposer de huit cent mille soldats, ils préférèrent, plutôt que de partager le joug des autres Cisalpins, quitter leur patrie, et alièrent chercher sur les bords du Danube un pays où ils pussent vivre libres, et qui reçut d'eux le nom de Boiohemum (Bohême). Plus tard, ils quittèrent encore les bords du fleuve pour se fixer dans la contrée appelée de leur nom Boiaria (Bavière).

189.

Dans le même temps où Rome étendait sa domination sur les Gaulois de l'Italie, elle accablait ceux de l'Asie Mineure. Le consul Manlius les força dans les défilés du mont Olympe, et les contraignit de renoncer à leurs

(*) A Cannes il perdit 5,500 hommes dont 4000 Gaulois et seulement 1500 Africains ou Espagnols,

brigandages. Ainsi, Rome retrouvait partout les mêmes ennemis et partout les accablait.

113.

Ceux des bords du Danube, sous le nom de Scordisques, furent attaqués en 115 par le consul Caton, qui échappa seul à la destruction de son armée. Mais les consuls des deux années suivantes exercèrent contre eux de sanglantes représailles. Ainsi, toutes ces hordes, sorties de la Gaule, avaient été détruites ou asservies, et il ne restait plus d'elles que le souvenir de leurs terribles dévastations.

109-102.

La Gaule elle-même avait déjà été envahie; à la sollicitatioir des Massaliotes, Rome avait attaqué et vaincu les Vocontiens et les Salyens, et fondé en 124 la villé d'Aix pour surveiller les peuples qu'elle venait de soumettre; mais ce voisinage effraya les Arvernes et les Allobroges, qui s'unirent pour chasser les nouveaux venus. Une sanglante défaite, éprouvée sur les bords du Rhône, mit fin à cette ligue et à l'indépendance des Allobroges, dont le territoire, joint à celui des peuplades liguriennes déjà soumises, forma une province romaine (121), qui, par la fondation de Narbonne en 119, s'étendit entre les Pyrénées, les Cévennes, le Rhône et les Alpes. L'invasion des Cimbres, qui traversèrent toute la Gaule et pénétrèrent jusqu'en Espagne, faillit envelopper les vainqueurs et les vaincus dans une commune ruine; mais leur défaite par Marius, près d'Aix, délivra les Gaules et la Province (102).

§ III. Guerre de l'indépendance.

(58-48.)

Mais le temps approchait où Rome allait tenter la conquête de la Gaule entière. Après avoir, pendant quinze siecles, porté la guerre avec l'effroi de leur nom dans toutes les contrées de l'ancien monde, les Gaulois la reçurent enfin, un demi-siècle avant notre ere, au sein de leur patrie, grâce à l'ambition d'un Romain qui avait

besoin d'une guerre glorieuse pour s'enrichir et s'assurer une armée nombreuse et dévouée. Voici quelle était à cette époque la situation de la Gaule: au sud-est la province romaine, comprenant le territoire de Marseille et plusieurs pays entre les Alpes, le Rhône et les Cévennes, que les Romains avaient successivement conquis; au sud-ouest, l'Aquitaine et ses vingt peuplades; sur le Rhône supérieur, les Edues; à leur gauche, dans le Jura, les Séquanes; à leur droite, dans les Cévennes, la puis-' sante confédération des Arvernes; au nord-est, les Belges, les plus belliqueux et les plus opiniâtres des Gaulois; à l'ouest, la confédération des cités armoricaines, où les Vénètes, puissants par leur marine, tenaient le premier rang; enfin au nord, les Morins, et entre la Seine et la Loire, divers peuples, parmi lesquels dominaient les Carnutes, dont le pays était le centre de la religion druidique.

Depuis l'invasion des Cimbres, les peuplades germaniques jetaient des yeux d'envie sur la Gaule, et se pressaient sur les bords du Rhin; les Suèves surtout n'attendaient qu'une occasion de saisir cette proie: elle se présenta bientôt. Un jour, ils virent

arriver au milieu d'eux des Gaulois implorant leur secours : c'étaient des députés des Séquanes qui, opprimés par les Édues, alliés et amis du peuple romain, voulaient opposer à cette alliance celle des barbares d'au delà du Rhin. Arioviste, chef de plusieurs tribus suéviques, les accueillit avec empressement, et passa le Rhin avec quinze mille guerriers. Deux batailles suffirent pour ruiner la puissance des Edues. Mais les Suèves oublierent bientôt qu'ils n'étaient entrés dans la Gaule qu'à titre d'alliés des Séquanes : une fois au milieu de ces riches contrees, ils ne voulurent plus les quitter, prirent le tiers du territoire des Séquanes, exigèrent de nombreux otages, et formèrent à deux pas des frontières romaines une puissance défendue par deux cent mille guer

riers.

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