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encore quelque respect pour sa dignité: ils consentaient à le reconnaître pour leur suzerain; à lui prêter hommage lorsqu'il était assez fort pour l'exiger; à suivre sa bannière pendant vingt ou quarante jours lorsqu'il était en guerre avec quelqu'un de ses voisins; à fournir enfin des aides pour payer sa rançon lorsqu'il était prisonnier, pour armer son fils aîné chevalier ou pour marier sa fille. Eux-mêmes se soumettaient à une sorte de hiérarchie politique, où chacun prenait sa place, plus haut ou plus bas, selon la part d'autorité que lui ou son père avait jadis usurpée. Ainsi, au-dessous d'un duc il y avait des comtes; au-dessous d'un comte, des vicomtes; puis de simples seigneurs. C'est la réunion de ces propriétaires souverains, dont quelques-uns étaient vassaux inimédiats du roi, et le reste vassaux des possesseurs de grands fiefs, qui forma la société féodale (*).

CHAPITRE PREMIER.
CHRONOLOGIE HISTORIQUE DES
GRANDS FIEFS.

I. Sud-ouest de la France. Fiefs de l'ancien royaume d'Aquitaine restés français entre la Loire, le Rhone inférieur, les Pyrénées et l'Océan." (Navarre, Gascogne, Béarn, Foix, Languedoc, Roussillon, Guyenne, Poitou, Auvergne, Angoumois, Saintonge, Périgord, Marche, Limosin, Berry et Bourbonnais.)

COMTÉ, PUIS ROYAUME DE NAVARRE. Fondé en 860, réuni à la France en 1591. Capitale Pampelune.

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pire des Francs. Dès l'an 858, on trouve un prince du nom de Garcie désigné comme roi de Pampelune. Ses successeurs sont: Garcie (880-905), qui se retira dans un monastère pour céder le trône à son frère Sanche Ier, lequel battit les Sarrasins près de Pampelune, en 907, et, pour réparer la perte de la grande bataille de la Jonquera, sortit du couvent, où, après un règne glorieux, il s'était enfermé à l'exemple de Garcie 1er; Garcie II (926 à 970); Sanche II (970-994), qui épousa l'héritière du comté de Jaca ou d'Aragon; Garcie III (994-1000), surnommé le Trembleur, malgré sa bravoure; enfin Sanche III (1000-1035), qui réunit,du chef de sa femme, la Castille à son royaume héréditaire, mais fit bientôt de cette contrée l'apanage de son second fils Ferdinand, auquel il donna le titre de roi. Lorsqu'il mourut, il laissa à l'aîné de ses fils, Garcie IV, la Navarre avec les provinces de Biscaye, d'Alava et de Rioja; deux autres, Gonzalès et Ramire, se partagèrent le comté d'Aragon, qui forma ainsi le royaume de Sobrarve et de Ribagorce, et celui d'Aragon. Quant au second de ses fils, Ferdinand, il possédait déjà le celui de Léon, après la mort de son royaume de Castille, auquel il joignit

beau-frère Bermude III. Ainsi la maison de Navarre occupait les quatre trônes d'Espagne, réduits à trois, lorsqu'en 1038, la mort de Gonzalès, roi de Sobrarve et de Ribagorce, réunit tout l'ancien comté d'Aragon dans les mains de Ramire. Mais la Navarre, qui donnait au onzième siècle des rois à toute l'Espagne chrétienne, vit s'éteindre au treizième sa dynastie nationale, à la mort de Sanche VII, dernier roi de la race d'Aznar.

1234.

Thibaut IV, comte de Champagne, hérita alors de cette couronne du chef de sa mère Blanche, sœur du dernier roi.

1284.

A la dynastie de Champagne succéda la dynastie des Capétiens, par suite du mariage de Jeanne Ire avec le

deuxième fils de Philippe le Hardi. L'année suivante, le nouveau roi de Navarre monta sur le trône de France sous le nom de Philippe IV le Bel. Jeanne, du consentement de son époux, conserva l'administration de ses États. Elle chassa les Aragonais et les Castillans de la Navarre, y établit des gouverneurs d'une sagesse éprouvée, et fit jouir ses sujets d'une tranquillité dont ils étaient privés depuis longtemps. « Cette reine, dit Mézeray, tenait tout le monde enchaîné par les yeux, par les oreilles, par le cœur, étant également belle, éloquente, généreuse et libérale. » C'est elle qui fonda, en 1304, le collége de Navarre et de Champagne dans l'université de Paris.

1305-1328.

Jeanne le meurt en 1305.Ses trois fils lui succèdent, Louis le Hutin jusqu'en 1316, Philippe le Long jusqu'en 1322, et Charles le Bel jusqu'en 1328. A la mort de ce dernier, Jeanne II, fille de Louis le Hutin, qui avait été dépouillée, par ses deux oncles, moyennant une indemnité de cent cinquante mille livres et une rente de quinze mille, de son royaume de Navarre, ainsi des que comtés de Champagne et de Brie, rentra en possession de ses droits, et se fit proclamer, à Pampelune, avec son époux Philippe, comte d'Évreux, petitfils de Philippe le Hardi, et chef de la quatrième dynastie navarraise, dite d'Évreux. Les cortès, avant la céré monie, firent jurer aux deux époux qu'ils ne feraient battre une nouvelle monnaie qu'une seule fois pendant leur règne, qu'ils ne confieraient qu'à des indigenes la garde des forteresses, qu'ils n'engageraient ni aliéneraient le domaine royal, et qu'enfin ils laisseraient le gouvernement à leur fils aîné dès qu'il aurait vingt ans accomplis. Les Navarrais étaient déclarés libres de leur serment de fidélité si ces engagements étaient violés.

1331.

Philippe d'Évreux, de concert avec les États, établit un parlement en Na

varre.

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Jeanne II meurt à Conflans, près de Paris. Elle a pour successeur Charles II, dit le Mauvais, « prince, dit Mézeray, qui avait toutes les bonnes qualités qu'une méchante âme rend pernicieuses: l'esprit, l'éloquence, l'adresse, la hardiesse et la fibéralité. » Sa vie, qui ne fut qu'un tissu de perfidies, de trahisons et d'assassinats, appartient à l'histoire de France plutôt qu'à celle de la Navarre. On verra plus loin tous les maux qu'il causa à la France sous les règnes de Jean II et de Charles V.

1387.

Mort de Charles le Mauvais. Un drap imbibé d'eau-de-vie, dans lequel on l'avait enveloppé pour ranimer ses forces épuisées par les débauches, ayant pris feu par l'imprudence de son valet de chambre, il perit dans les plus horribles douleurs. Son successeur fut Charles III, dit le Noble, qui possédait toutes les vertus opposées aux vices de son père.

1404.

Charles III fait avec Charles VI, roi de France, un traité par lequel il renonce à toutes ses prétentions sur les comtés de Champagne, de Brie, d'Évreux, etc., pour douze mille livres sur différentes seigneuries que le roi érige en sa faveur en duché-pairie, sous le nom de duché de Nemours. A partir de ce règne, l'héritier présomptif du trône de Navarre prend le titre de prince de Viane.

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La reine Blanche meurt, laissant la couronne de Navarre, qui lui apparte nait, à son fils aîné, Don Carlos, prince de Viane, âgé de vingt ans ; mais Jean II ne peut se résoudre à la lui abandonder. Il en résulte une guerre civile, dans laquelle Don Carlos, vaincu par son père à la bataille d'Estella, se retire en Italie, 1457, auprès de son oncle Alphonse. Celui-ci, en mourant, 1448, laisse à Jean les trônes d'Aragon et de Sicile.

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Léonore, veuve depuis 1472, lui succède dans le royaume de Navarre; mais, au bout de vingt-quatre jours, la mort lui enlève une couronne qu'elle avait peut-être achetée par un crime. François Phoebus, son petit-fils, lui succède sous la régence de sa mère Madelaine de France, fille de Charles VII. Cette princesse met un terme aux troubles qui, sous le règne de Jean, avaient rempli le royaume, par suite de la rivalité qui existait entre les deux puissantes familles de Beaumont et de Grammont. Le jeune roi, couronné à Pampelune en 1481, meurt à Pau le 30 janvier 1483.

1483-1517.

Catherine, sa sœur, régna après lui, également sous la régence de sa mère; mais la couronne de Navarre, aussi bien que le comté de Foix et les vicomtés de Béarn et de Bigorre qui y appartenaient, lui furent disputés par Narbonne. Il y eut à ce sujet une son oncle Jean de Foix, vicomte de guerre civile, suivie de plusieurs transactions. La contestation ne fut définitivement décidée en faveur de Henri d'Albret, fils de Catherine, qu'en 1517, par un arrêt du parlement de Paris.

Catherine avait été fiancée, en 1484, à Jean d'Albret, fils d'Alain le Grand, qu'elle épousa en 1494, et qui fut coud'un caractère doux, enjoué et libéral, ronné avec elle. Jean Il était un prince mais frivole, et n'aimant pas les occupations sérieuses. Populaire à l'excès, il allait dîner sans cérémonie chez tous ceux qui l'invitaient, prenait part à tous les divertissements de ses sujets, et dansait souvent sur la place publique avec leurs femmes ou leurs filles. Le pauvre roi, lui aussi dansait sur un volcan: en 1512, Ferdinand le Catholique, roi d'Aragon, sous prétexte que Jean était l'allié de la France, et qu'il avait été excommunié par le pape, s'empara de toute la partie de la Navarre située au sud des Pyrénées. Jean et Catherine ne purent conserver que la basse Navarre, située sur la pente septentrionale des Pyrénées, et la prin

cipauté de Béarn. Toutes les tentatives que fit Jean pour arracher à l'usurpateur Pampelune et la haute Navarre restèrent sans succès, et, en 1515, Ferdinand réunit pour toujours ce royaume à la Castille. Jean, l'année suivante, tenta un dernier effort, et essuya une nouvelle défaite. Ce fut alors que Catherine lui dit : « Si le ciel « nous eût fait naître, vous Catherine « et moi Don Juan, nous n'aurions pas < perdu la Navarre. » Les deux époux ne survécurent pas longtemps à ce malheur. Jean II mourut le 24 juin 1516; Catherine le 11 février 1517.

1517-1555.

Henri II, leur fils, âgé de treize ans, leur succéda. On verra dans la chronologie des rois de France les tentatives qui furent faites par François Ier pour lui rendre ses États héréditaires. Henri suivit le roi de France dans son expédition d'Italie, et fut fait prisonnier avec lui à la bataille de Pavie; mais une ruse de son page Vivès lui fournit le moyen de s'évader. L'an 1526, il épousa Marguerite de Valois, duchesse d'Alençon, sœur de François Ier, princesse célèbre pour son esprit et ses talents. Par suite de ce mariage, le roi de France donna toute la succession d'Armagnac à Henri, qui se trouva ainsi possesseur de presque toute la Guyenne. Henri mourut à Pau, le 25 mai 1555, ne laissant qu'une fille, Jeanne d'Albret, qui lui succéda avec son second époux, Antoine de Bourbon, duc de Vendôme. 1555-1572.

Antoine, s'il faut en croire quelques historiens, imagina un singulier Inoyen pour recouvrer la haute Navarre. Il envoya une ambassade en Afrique, au roi de Fez, pour lui proposer une alliance, s'engageant à lui faciliter les moyens de recouvrer le royaume de Grenade, que ses ancêtres avaient possédé, à la condition que, de son côté, il lui ferait restituer la Navarre ou l'aiderait à s'en emparer. On conçoit qu'un tel projet resta sans exécution. Antoine et Jeanne, qui embrassèrent avec zèle le calvinisme, jouèrent un rôle important dans les

troubles de religion qui désolèrent la France. Il suffira de dire ici qu'Antoine mourut en 1562, des suites d'une blessure qu'il avait reçue au siége de Rouen, et que Jeanne fut, dit-on, empoisonnée à Paris, en 1572, au moyen d'une paire de gants parfumés que lui avait vendue un Italien de la cour de Catherine de Médicis.

1572-1607.

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Henri III, son fils, âgé de dix-neuf ans, lui succéda, et prit le titre de roi de Navarre. Né à Pau le 13 décembre 1553, il fut d'abord nommé comte de Viane. Son aïeul, Henri II, en le voyant naître, s'écria: «Voilà mon vengeur! et ne négligea rien pour que cette prédiction pût se réaliser un jour. En 1589, Henri III monta sur le trône de France sous le nom de Henri IV. La courageuse opposition du procureur général la Guesle, qui, malgré trois lettres de jussion, engagea le parlement à refuser l'entérinement des lettres par lesquelles Henri déclarait que ses biens patrimoniaux restaient séparés du domaine royal, força ce prince à les réunir aux possessions de la couronne, par l'édit de 1607, confirmatif de l'arrêt de 1591. Henri augmenta ainsi son nouveau royaume du vicomté de Béarn, du royaume de basse Navarre, des comtés d'Armagnac, de Foix, d'Albret, de Bigorre, du duché de Vendôme, du comté de Périgord et du vicomté de Limoges.

DUCHÉ DE GASCOGNE. Fondé vers 628, réuni au duché de Guyenne en 1052. Capitale Bordeaux.

628-735.

Les Basques, nommés aussi Vascons et Gascons, ne furent jamais complétement soumis, ni par les Romains, qui placèrent une garnison à Bayonne pour défendre l'Aquitaine contre leurs incursions, ni par les Visigoths, qui dominèrent des deux côtés des Pyrénées, ni enfin par les Francs mérovingiens, qui ne firent que de courtes et rares expéditions dans le midi de la Gaule. En 628, un de leurs chefs nationaux, Amand, donna sa fille en mariage à Caribert, qui venait de re

cevoir de son frère Dagobert le royaume de Toulouse ou d'Aquitaine. De ce mariage, qui mêlait le sang des Mérovingiens avec celui du plus ancien peuple de la Gaule, naquirent deux fils, Boggis et Bertrand, qui héritèrent de leur aïeul le duché de Gascogne, et de leur père l'Aquitaine. De leurs deux fils, l'un Hubert, si célèbre comme patron des chasseurs, devint évêque de Liége; l'autre, Eudes ou Odon, régna sur les pays situés entre la Loire, l'Océan, les Pyrénées, la Septimanie et le Rhône. Reconnu pour roi d'Aquitaine par Chilpéric II, en 717, il fut battu, en 719, par Charles Martel, qu'il fut contraint plus tard d'appeler contre les Arabes.

735-1052.

Son fils Hunald lui succéda en 735, à titre de duc de Gascogne et d'Aquitaine, mais sous la condition de l'hommage aux maires carlovingiens; ceux-ci, qui se préparaient à priver enfin de la couronne les descendants de Clovis, ne pouvaient voir sans crainte s'affermir, entre la Loire et les Pyrénées, une dynastie mérovingienne qui serait peut-être un jour tentée de revendiquer ses droits sur le reste des pays soumis à la domination des Francs. C'est là le secret de cette haine héréditaire des deux maisons, l'explication des guerres sanglantes de Charles Martel, de Pepin et de Charlemagne, et de la persécution qui poursuivit Hunald, tué dans Pavie par les Pavesans qu'il excitait contre les Francs; son frère Remistan, mis à mort par Pepin; son fils Waïfre, assassiné par les agents de l'ancien maire du palais; son petitfils Loup, le vainqueur de Roncevaux, pris et condamné par Charlemagne à être pendu.

A la mort de Waïfre, Charlemagne avait réuni l'Aquitaine au reste de samonarchie, et donné, en 768, la Novempopulanie (entre les Pyrénées et la Garonne) à Loup Ier, neveu de Hunald, avec le titre de duc héréditaire des Gascons, dont il jouit jusqu'en 774. Loup 1er étant mort à cette époque sans laisser d'enfants, Loup II, fils de Waïfre obtint de Charlemagne le duché de

Gascogne. Loup, associant à ses haines de famille la haine des Basques contre tous les, conquérants des Gaules, Celtes, Romains, Visigoths ou Francs, prépara l'embûche de Roncevaux, où périt l'arrière-garde de Charlemagne à son retour d'Espagne. Nous avons dit plus haut que Charlemagne le fit pendre. Ses deux fils, Adalric et Loup Sanche, obtinrent cependant le duché de Gascogne, moins le comté de Fezensac que Charlemagne en détacha (778).

Fidèle à ses souvenirs, cette famille continua la guerre contre les Carlovingiens jusqu'à l'année 819, où un petitfils d'Adalric, Loup Centule, fut contraint de se retirer en Castille auprès d'Alphonse le Chaste. Totilon, parent de Louis le Débonnaire, fut nommé par ce prince duc de Gascogne, avec les comtés de Fezensac et de Bordeaux. Pendant cinquante-trois ans, le duché fut ainsi administré par des chefs amovibles; mais, en 872, les Basques allèrent chercher en Castille un descendant de Loup Centule, Sanche le Montagnard, qui régna sur la Gascogne comme duc héréditaire, sans vouloir reconnaître l'autorité des rois de France, et fit de Bordeaux la capitale de son duché. Au-dessous de lui étaient les comtes des Basques, de Béarn, d'Aire, de Dax, de Bigorre, de Fezensac, de Lectoure et de Bordeaux. Cette nouvelle dynastie mérovingienne subsista jusqu'en 1032, époque où Sanche Guillaume mourut sans laisser de fils. Bernard II, comte d'Armagnac et descendant, comme Sanche-Guillaume, des anciens ducs mérovingiens de Gascogne, s'en empara, de 1040 à 1052; mais Gui-Geoffroi, fils de Guillaume V, comte de Poitiers, le força de le lui vendre moyennant la somme de quinze mille sous. Depuis cette époque, le duché de Gascogne et le comté de Bordeaux furent réunis au duché de Guyenne ou d'Aquitaine.

VICOMTÉ DE BÉARN.

Fondée en 819. Réunie aux comtés de Foix et d'Armagnac en 1290. Capitale Morlas, puis Pau.

819-1134.

Le Béarn, borné au nord par la Cha

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