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avoir un double caractère. Tantôt c'est un duel international dans toute l'acception du mot, dans les mêmes conditions, avec des chances à peu près égales. En voulant empêcher de telles guerres, le légitimisme ne rendait pas un bien grand service à l'Europe; des guerres de ce genre ne se répètent pas souvent dans la vie internationale des peuples civilisés : c'est trop risquer que d'entrer en lutte avec un adversaire dont les forces sont égales aux vôtres. Pour que ces guerres se produisent, il faut des circonstances exceptionnelles et particulièrement favorables, ou bien un «< génie militaire. >>

Ou bien la guerre de conquête a lieu dans des conditions d'une inégalité inique. L'Etat qui attaque est armé de « pied en cap, » il a une armée excellente, très bien organisée, tandis que l'attaqué est faible, mal armé ou peu peuplé.

C'est ce que l'on peut appeler du brigandage international. Les guerres qui présentent ce caractère se rencontrent plus souvent dans l'histoire que celles de la première catégorie. Elles ne se font pourtant pas sans risques pour l'agresseur. Deux ou trois guerres de ce genre peuvent se faire avec succès, mais bientôt une coalition se formera au nom du principe de l'équilibre politique et le châtiment ne se fera pas attendre. Les interventions comme celles qui se produisirent à Naples, au Piémont et en Espagne présentent moins de dangers que les guerres de conquêtes des Etats forts contre les faibles. En effet quand il y a une inégalité

de forces trop grande entre les parties belligérantes, l'énergie du désespoir chez l'Etat faible peut en partie la compenser; la guerre peut traîner en longueur et être ruineuse pour le conquérant. L'Etat qui intervient n'a pas à craindre ce danger; une partie de la population sera toujours pour lui; mais ce sera, certes, une minorité qui trahira les intérêts du pays. Les guerres de conquête entre adversaires de force inégale, nous l'avons dit, peuvent amener des coalitions; mais les interventions? Elles se produisent aux termes des décisions d'un Congrès des grandes puissances de l'Europe. La puissance intervenante n'est dès lors plus responsable, c'est un simple mandataire, un délégué de l'aréopage diplomatique de l'Europe; si elle échoue, ceux dont elle tient son mandat lui porteront secours.

La théorie légitimiste ne peut donc en aucune façon sauvegarder le principe subjectif du droit international. Bien au contraire, en diminuant les guerres de conquêtes, en favorisant les guerres d'intervention, elle viole de la manière la plus grossière l'indépendance des membres de l'union internationale. Et cette violation politique n'est pas un fait politique accidentel; il se répéterait toujours si le principe de la légitimité régnait dans les relations internationales. Dire qu'à la tête de chaque Etat de l'union internationale, il y a un délégué de la Providence, responsable seulement devant Dieu, c'est dire en même temps que les réformes politiques ne doivent émaner que de ce représentant de Dieu; son bon plaisir décidera; les réclamations des

sujets ne comptent pour rien. Mais trouvera-t-on beaucoup de représentants de la puissance souveraine conformes à cet idéal, et qui, sans raison, consentiront à abdiquer le pouvoir illimité et sans contrôle dont ils jouissent? Le peuple, voyant l'organisation de l'Etat rester stationnaire, commence à exprimer hautement son mécontentement; des complots s'ourdissent, des sociétés secrètes se forment; enfin, éclate la révolution armée. Le souverain prête serment à la Constitution, mais un Congrès s'assemble et déclare ne pas reconnaître comme obligatoire le serment prêté à des hérétiques politiques. Le Congrès trouve nécessaire le rétablissement de l'ancienne organisation politique. Pour y parvenir, le Congrès a recours aux armées. Les droits primordiaux d'un membre libre de l'association internationale sont ainsi foulés aux pieds. On détruit théoriquement et pratiquement le principe subjectif du droit international, sans lequel le principe objectif, c'est-à-dire le principe de l'union juridique des nations, ne peut pas exister. Pour que ce dernier principe existe, il faut, en effet, reconnaître préalablement l'indépendance des membres de l'union internationale. Sinon, pas d'union internationale; nous sommes en face d'une confédération d'Etats; et ces sortes d'associations appartiennent au domaine du droit politique et non à celui du droit international.

APPENDICE

Rectifications et additions.

Page 46, note, ligne 1, lire Tractatus au lieu de Fructatus.

Page 119, note, ligne 1, lire: pertractatum au lieu de pertractantum.

Page 226, note, ligne 2, lire Vsevolod-Danewsky.

:

Page 370, ligne 7, lire: Le 20 mai 1850.

ligne 15, lire atteint en 1853.

note 3, ajouter: - V. aussi Tatischew, La

rupture diplomatique entre la Russie et la Turquie en 1853, dans l'Istoritscheski Vestnik (Messager historique), janvier 1892, p. 155.

Page 371, ligne 13, ajouter : - Une fois la Palestine conquise par les Croisés, le patriarche grec quitta Jérusalem et y fut remplacé par un patriarche latin. Constantinople devint alors la résidence des patriarches grecs de Jérusalem, et ce, pendant toute la durée du royaume de Jérusalem, dont Godefroy de Bouillon avait été le fondateur. Le retour dans la Ville sainte ne leur fut possible

S. I.

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