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Gance qui divise les royalistes les expose à toutes les surprises.

Les républicains sont incomparablement moins nombreux que les royalistes; mais ils sont indissolublement unis par la complicité des mêmes crimes, lorsque les autres sont essentiellement épars par la rivalité des mêmes intérêts.

Il suffit aux républicains, pour s'entendre et se rallier, de prononcer quelques mots sa→ cramentels, tels que ceux d'émigrés, de chouans, de réaction, de 10 août, de 21 janvier, etc...

Mais, quels sont les points de ralliement entre les divers royalistes, qui tous se croient exclusivement appellés à relever le trône et à lui servir d'appui? Qu'y a t-il de commun entre les royalistes de ag et ceux de go; entre les partisans de Monsieur et ceux du duc d'Orléans; entre la faction d'Angleterre et celle d'Espagne, etc. ?...

Pour se défendre, ou pour attaquer, les républicains n'ont besoin de masquer ni leur pensée, ni leur contenance, ce qui rend leur action uniforme et assure leurs coups: at lieu qu'en attaquant, comme en se défendant, les royalistes sont forcés de déguiser

et leur but et leurs moyens, non-seulement à leurs ennemis, mais à leurs alliés ; ce qui entrave leur marche et déconcerte infailli blement leurs opérations.

Le royalisme est une opinion que ses partisans avouent avec orgueil dans le secret, mais qu'en public ils sont forcés de déguiser d'un manteau républicain; ce qui leur donne une fausse allure, et presque toujours un maintien équivoque.

Le républicanisme, au contraire, est un systême que ses défenseurs ont eu l'adresse d'environner du double appareil des lois et des bayonnettes; ce qui donne à leur physionomie l'audace qui supplée le droit, et à leur parti la force qui supplée le nombre.

Les républicains ont dans tous les instans de leur vie une pensée prédominante; c'est celle de leur coulpe. Cette pensée les tient perpétuellement en haleine, provoque et soutient leur surveillance, leur fait oublier les nuances d'opinion, les jalousies de métier, les rivalités et les ressentimens, N'at-on pas vu Barras caresser Germain, et Lareveillère s'attacher à Merlin?

Les royalistes, dominés par un fol orgueil, aussi jaloux de faire remonter leurs opinions

à la séance royale du 22 juin, que leur no blesse au 13. siècle, sans cesse occupés et des services qu'ils ont rendus et du prix qu'ils y mettent, ne sont sur leurs gardes que contre leurs alliés. Ils s'embarrassent beaucoup moins de résister aux assauts de l'ennemi commun, qué de mesurer la distance qui les sépare les uns des autres; de grossir leurs rangs, que d'épurer leur filiation; de profiter des occasions présentes, que de rappeller les époques passées; d'oublier enfin des erreurs presqu'inévitables dans le cours d'une longue révolution, que de nourrir l'espoir de les classer un jour dans l'ordre des crimes punissables. N'ai je pas ouï dire à tel fat, soi-disant marquis, que Cochon avoit voté la mort du roi ; et à tel autre imbécille, soi-disant agent de Louis XIII, que Carnot avoit été le collégue de Robespierre.

Ce que le fat et l'imbécille disoient, ils le pensent tous. L'arrêt prononcé contre Carnot et Cochon l'est également contre tous ceux qui furent patriotes sans distinction de tems, ni de motifs, ni de repentir. (Voyez un misérable pamphlet intitulé : Lanterne Magique).

Avec plus ou moins d'aigreur ou de dis

simulation ils confondent dans les mêmes rängs et dans la même proscription Barras et Barthelemi, Buonaparte et Pichegru, Antonelle et Portalis.

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Que nous importe, disoient ils alors, comme aujourd'hui, d'obeir à Carnot ou à Merlin, si nous ne pouvons remettre le souverain légitime sur son trône?

Bien plus, ils préféreroient le dernier, dégoûtant du sang de leurs parens et de leurs amis, par la raison que sa domination seroit moins longue. Détestable logique ! étrange aveuglement... C'est en raisonant et agissant avec cette absurdité que les royalistes ont fait le 5 Octobre, le 10 Août, le 13 Ven démiaire et le 18 Frutidor.

CHAPITRE V I.

Troisième cause du 18 Fructidor, tirée de l'imprudence d'avoir séparé la cause des armées de celle des conseils.

Ast illis, quos arma tegunt et balteus ambit.
Quod placitum est, illis prestatur tempus agendi.

JUVENAL.

QUOIQU'EN ait dit Pastoret, la force mo

rale de la raison est nulle devant celle des

canons...

Le directoire laissa les conseils s'enivrer 'des fumées de vanité qui s'exhaloient de son propre sein, et s'entoura de retranchemens plus solides.

« Nous nous jettons dans vos bras, écrivoient les triumvirs à Buonaparte, peu de jours avant la catastrophe, Il est de votre intérêt, il est dans votre pouvoir de nous sauver. ?»

Et le général, après avoir délibéré pendant trois jours au fonds de son château de

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