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Il restoit 348 millions pour l'entretien de la guerre, de la marine, des affaires étrangères, de la maison du roi, des ponts-etchaussées, des gages, des secours, des indemnités..... et tout étoit payé.

Le produit des impositions s'élève aujourd'hui à plus d'un milliard, et ni les rentiers ni les pensionnaires, ni les gagistes ne sont payés, le Luxembourg est un gouffre qui absorbe tout et ne rend rien.

«En 1709 la France soutenoit une guerre générale et malheureuse, plusieurs défaites sanglantes obligeoient de renouveller à grands frais de nombreuses armées; un hiver mémorable vint combler les malheurs publics... Cependant, dans son compte rendu au regent, le contrôleur-général Desmarets nous apprend que la dépense de cette année ne passa pas 241 millions, et dans cettesomme étoit comprise celle de 19,526,coo pour l'achât des grains dont la France manquoit.

En évaluant le marc d'argent de ce tems-là, à 26 livres 4 sols tournois, la dépense n'eut encore été monnoie d'aujourd'hui que de 481 millions (1).

(1) Le compte de Desmarcts est terminé par ces paroles remarquables. Les ennemis de la France sc persuadèrent que

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Et il n'y a pas d'année que la république, depuis sa fondation, n'ait dépensé plus de 1200 millions, sans compter plus de deux milliards envahis sur l'étranger. Et de plus, a dit M. Mallet, « elle a fait banqueroute à tous ses engagemens, à ses assignats, à ses mandats aux créanciers, aux pensionnaires, aux hôpitaux. Elle a laissé dégrader les routes, les canaux, les édifices publics ». Elle a réduit son crédit à néant, ses ports à l'inaction, ses soldats au pillage pour vivre, et laissé dépérir tous ses établissemens...

Il fut un tems où le directoire demandoit tous les jours un nouvel impôt au corps lé gislatif ses besoins croissoient avec les moyens qu'on lui donnoit de les satifaire... Enfin, après avoir épuisé toutes les ressources du génie fiscal, après avoir imposé les cartes, les quittances, les journaux, les affiches les voitures, les cheminées, et trois fois les fenêtres dans une année; après avoir établi les

l'établissement du dixème seroit impossible, mais ayant vu que tous les citoyens se prêtoient aux besoins de l'état, que la levée se faisoit paisiblement et sans resistance. ils le regardèrent comme une ressource inépuisable pour la guerre, et l'on peut dire que ce fut un des principaux motifs qui les détermina à faire la paix.

octrois

octrois de bienfaisance, les droits de passe, les droits d'entrées, les impôts de guer e; après avoir triplé les droits de timbre, de greffe et d'enregistrement; tous ces impôts partiels faisant couler trop lentement à leur gré le pactole dans leurs poches, ils ont dit: qui nous empêche de tout prendre, lorsque pour avoir il suffit de demander? Et ils ont demandé l'emprunt force; cet emprunt est le nec plus ultrà de la folie unie à la scélératesse. Tous les bons écrivains se sont élevés à la-fois contre son établissement; de tous les points de la France, un cri général et terrible s'est élevé contre ses auteurs ; trois fois les monstres ont reculé devant celui qu'ils venoient d'enfanter: un quatrième effort les a rendus maîtres du champ de bataille. L'emprunt forcé fut sanctionné sur le rapport de Lebrun; et pour répondre à la demande de 100 millions faite par le directoire, le corps législatif las apparemment d'entendre parler tous les jours de finances et d'im pôt, lui accorda un milliard, ayant l'air de lui dire tiens, monstre dévorateur, prends, dévores et laisses nous tranquilles. Tranquilles! bourreaux! tandis que vous li rez un peuple entier à la torture; tranquilles!

C

Q

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au milieu du sombre désespoir des uns et des malédictions éclatantes des autres !

Tranquilles, parce que vous n'avez point de remords!

Désabusez-vous, malheureux ! trente millions d'hommes sont sur le point de vous demander compte de votre scélératesse ou de votre ineptie...

Les peuples ne sont pas lâches, parce qu'ils souffrent long-temps. Mais ils souffrent beaucoup, parce qu'ils peuvent être long-tems trompés (1). L'erreur a été longue, mais enfin elle est dissipée; et la terrible vérité a porté son flambeau dans vos ténébreux mystères,et le moment de la justice est arrivé.

Ramel qui ne fut ministre des finances pendant quatre ans que parce que pendant tout ce tems-là on n'en put pas trouver de plus fripon que lui, ce Ramel ne passoit,

(1) «Un peuple peut aisément souffrir qu'on exige de lui de nouveaux tributs, il ne sait pas s'il ne retirera point quelqu'utilité de l'emploi qu'on féra de l'argent qu'on lui demande. Mais quand on lui fait un affront, il ne sent que son malheur, et il y ajoute l'idée de tous les maux possibles. >>

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MONTESQUIEU. Décadence des Romains.

avant son ministère, que pour un dégoûtant avare... Il a su joindre à ces deux qualités celle d'un effronté coquin.

Les nombreux coquins mon moins effrontés qui l'entouroient, vendoient publiquement sa signature et sa protection.

Il étoit reçu dans ce tripôt odieux que pour toucher un quart de pension, de pension, d'indemnités, de rentes ou de salaire, il falloit en abandonner la moitié aux employés...

A qui s'en prendre? Ils étoient tous d'intelligence. A qui s'en plaindre? Ils étoient tous complices. La chaîne des copartageans dans cette épouvantable curée remontoit depuis le garçon de bureau du ministre jusqu'au directeur lui-même...

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II y a encore neuf cents commis à la trẻsorerie qui touchent depuis deux jusqu'à six mille francs de gages. Prenez quatre mille pour moyenne proportionnelle; voilà donc une administration qui, sans compter le pillage et le gaspillage, coûté annuellement à la république 3 millions 600 mille livres et ainsi des autres.

On se rappelle que Louvois fit la guerre à toute l'Europe avec dix-sept commis...On en paie aujourd'hui plus de 3000 pour faire

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