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situation politique et militaire des choses dans le pays où il commande.

Dans le cas où la cour de Vienne voudrait intervenir pour garantir le Pape contre les efforts que notre situation à son égard pourrait nous mettre en état de tenter contre lui, le Directoire vous autorise, citoyen général, à assurer l'Empereur que les conditions de l'armistice conclu avec le Pape seront observées de notre part aussi long-temps qu'elles le seront par le Pape lui-même. Cette assurance pourra même, si l'Empereur le désire, fournir le texte de l'un des articles de l'armistice général que vous êtes appelé à arrêter avec la cour de Vienne.

Le Directoire exécutif a déja manifesté de la manière la plus authentique le désir de contribuer, par tous les moyens qui sont en son pouvoir, à amener une paix générale qui fixe d'une manière invariable les intérêts politiques de l'Europe, et assure sa tranquillité et son bonheur futurs, en rétablissant entre les puissances un équilibre convenable et salutaire. La voix de l'humanité s'est fait entendre; partout elle réclame fortement que l'on s'occupe généralement de ce grand objet : c'est pour y parvenir plus sûrement que le Directoire exécutif s'est déterminé à demander l'armistice entre l'Autriche et la République française; mais comme il lui importe de seconder efficacement le vœu général pour la paix, et de donner les preuves les plus convaincantes de la loyauté et de la réalité de ses intentions, il vous charge de demander en son nom, à Sa Majesté l'Empereur, Roi de Hongrie et de Montholon.-Tome V1. 27

Bohême, qu'il soit envoyé sur-le-champ, soit à Bâle, soit à Paris, de la part de l'Empereur, un ou plusieurs plénipotentiaires, pour traiter de la paix définitive; de son côté, la République française nommera également des plénipotentiaires pour le même objet; et si Sa Majesté, mue par les mêmes sentiments, consentait à cette mesure, il conviendrait d'arrêter, avec les personnes qu'elle nommera pour négocier avec nous à ce sujet, que les alliés respectifs seront invités à envoyer aussi leurs plénipotentiaires à Bâle, ou à charger de leurs lettres de créance ceux des plénipotentiaires appelés à cette réunion auxquels ils jugeront à propos de remettre le soin de leurs intérêts.

- Telles sont, général, les instructions que le Directoire vous donne en vous confiant une mission honorable, et dont le résultat sera sans doute profitable aux intérêts généraux de l'Europe et à ceux de la Rés publique en particulier.

BARRAS, président.

Le Ministre des relations extérieures au général Clarke.

Paris, 10 nivôse an 5 ( 30 décembre 1796).

J'ai reçu, citoyen général, les lettres que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire ; je me ferai un devoir et un plaisir de mettre sous les yeux du Directoire les excellentes réflexions qu'elles contiennent. Je pense, comme vous, que notre intérêt et une saine politique deman

dent que le gouvernement français attende encore pour se prononcer sur le sort du nord de l'Italie; qu'une décision prématurée pourrait former un grand obstacle à la paix; qu'un peuple aussi dépourvu dé · nergie, esclave des préjugés les plus dégradants, soutiendrait assez mal le rôle de peuple libre; qu'il sera toujours temps de l'affranchir absolument, ou de lui assurer une constitution plus heureuse et plus libre au moment où nous traiterons de la paix de l'Italie. Dans mes relations avec les députés de Milan, je ne leur ai jamais rien dit qui contrariât ces principes, et ce que vous me marquez me confirme plus que jamais dans la résolution d'être toujours aussi circonspect. Si ma lettre vous trouve encore à Milan, vous pouvez démentir hautement Savador. Il est vrai que, l'hiver dernier, je l'avais envoyé dans le Milanais pour connaître la disposition des esprits, les forces de nos ennemis, etc.; mais cette mission a cessé aussitôt que Bonaparte eut franchi l'Apennin; et, dès auparavant, je m'étais bien aperçu que je ne pouvais tirer presque aucun parti de cet homme, sur lequel on me donna, à peu près à cette époque, des renseignements trèspeu favorables. Lors même qu'il était chargé d'aller à la découverte, ma correspondance avec lui était à peu près nulle; depuis que nous sommes maîtres de Milan, elle l'a été entièrement.

Je ne serais point étonné que la cour de Vienne vous refusât, ou tout au moins tardât beaucoup à vous expédier les passe-ports nécessaires, tant sont serrés et forts les nœuds qui la lient à la cour de Londres; ce

pendant bien des circonstances pourront se réunir pour ébranler son orgueil et la fidélité qu'elle étale pour ses engagements: la descente en Irlande, dont tout jusqu'ici pronostique le succès; la mort de l'impératrice de Russie, les dispositions pacifiques de son successeur, son penchant pour la Prusse, son attachement pour le duc de Wurtemberg, dont l'agrandissement dépend de nous; le mécontentement de tous les princes séculiers d'Allemagne, et le désir qu'ils ont de s'agrandir aux dépens des princes des prêtres; les menaces de la Porte Ottomane, qui réclame pour nous la limite du Rhin, et qui, comme me le marque Aubert-Dubayet, fait marcher des troupes sur le Danube pour soutenir la médiation qu'elle veut interposer entre son voisin qu'elle n'aime guère, et ses anciens amis. On parle aussi d'une coalition qui doit se former en Allemagne pour forcer l'Empereur à faire la paix d'après nos principes. Le général Dubayet, par sa lettre du 19 brumaire, me marque que la Porte a intimé d'un ton ferme et décidé à l'internonce que son intention, en intervenant dans le traité entre l'Empereur et la République, est que, pour préliminaires, il cède entièrement et sans restrictions toute la rive gauche du Rhin conquise ou non, en évacuant de suite Mayence, Cassel et dépendances; que, sur sa demande, la Porte a ordonné aux pachas de Romélie et de Bosnie d'envoyer des troupes sur différents points des frontières d'Allemagne, en même temps qu'elle ferait une nouvelle levée d'hommes près de Belgrade, pour en accroître la garnison; que ce service est fait très-ponc

tuellement; qu'il ne doute pas que, joint à la déclaration de la Porte, il ne produise une puissante diversion. Je vous devais ces détails pour votre gouverne, dans la mission importante dont vous êtes chargé.

Je réponds à votre lettre du 28 frimaire. Je sens, comme vous, combien il importe aux intérêts politiques de la République de ne pas abandonner aux sentiments personnels d'un homme, ou à un ennemi plus entreprenant, un secret qui peut influer sur la destinée d'un de nos alliés naturels; mais il me semble que vous avez sous la main un moyen plus sûr et plus facile d'atteindre ce but. En supposant qu'il fût possible de déterminer le comte de M...... à venir en France, son arrestation, exécutée ici, ferait un éclat inévitable, et pourrait entraîner des inconvénients graves. Il pourrait concevoir des soupçons, et trouver les moyens de nous dérober ses papiers. Aujourd'hui il se trouve dans un pays soumis au gouvernement militaire à peine arrivé de Toscane, il doit être dans la plus entière sécurité; ses papiers doivent être sous sa main; il est facile de s'en emparer en le faisant arrêter sous le moindre prétexte. Dès que nous serions nantis de ses papiers, la liberté lui serait rendue. Le gouvernement serait en possession d'un grand moyen d'influence sur la puissance que ces papiers intéressent; la détention momentanée du comte de M...... ne nous compromettrait en rien, et pourrait n'être regardée que comme une méprise. Voilà, général, comme je crois que cette affaire devrait être prise. Au surplus, je mettrai votre lettre sous les yeux du Directoire, qui

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