Abbildungen der Seite
PDF
EPUB
[ocr errors]

flotté sur les tours de Notre-Dame avant qu'il eût été possiblé aux armées du Rhin d'accourir au secours de leur gouvernement.

Le projet de s'emparer de Nantes avait été lẹ résultat naturel des succès des deux armées royales; pendant que Charette conquérait toute la Vendée inférieure, Cathelineau était entré à Parthenay le 10 mai, le 13 il avait occupé la Chataigneraye, après un combat assez chaud : cependant le 16, le général Chalbos avait remporté à Fontenay une victoire éclatante; le général d'Elbée avait été blessé dans cette affaire, et le découragement s'était mis parmi ses troupes, une grande partie de l'artillerie vendéenne et la fameuse Marie-Jeanne étaient restées au pouvoir des bleus. La superstition des paysans en fut frappée, et les chefs profitèrent de leur douleur populaire, pour les ramener au combat et leur inspirer la volonté de reprendre cette idole de leur fanatisme. Il n'y a pas de petits moyens en fait de fanatisme, ce sont ceux qui sont à la portée du peuple qui sont les meilleurs celui-là devait réussir sur des esprits aussi simples et aussi ardents en même temps.

:

En effet, le 24, cette armée désespérée la veille se présenta pleine de confiance sous les murs de Fontenay. On assure que les Vendéens n'avaient que quatre cartouches par homme, et que les six pièces qui composaient toute leur artillerie

n'avaient que trois coups à tirer; mais ils voulaient reprendre la Marie-Jeanne. Ils avaient à combattre treize mille hommes et trente-sept pièces de canon. L'ordre d'attaque était Lescure à l'aile gauche, Bonchamp à l'aile droite, Baudry et Royrand au centre. Laroche-Jacquelein commandait la cavalerie qui comptait à peine six cents chevaux. Les républicains étaient commandés à l'aile droite par le général Dayat, à l'aile gauche par le général Chalbos, au centre par le général Nouvion. Les généraux vendéens haranguèrent ainsi leurs soldats: Mes amis, nous n'avons pas de poudre, allons en courant reprendre Marie-Jeanne. Mais le feu de l'artillerie républicaine arrête tout-à-coup l'élan des Vendéens, qui tombent à genoux et offrent leur vie à Dieu. Bonchamp avec ses Bretons armés de leurs longs bâtons se précipite sur les pièces, les canonniers républicains tombent assommés sous les terribles bâtons de ces paysans, la cavalerie vendéenne soutient cette étrange attaque. Les pièces sont enlevées par la charge de Bonchamp. Lescure, de son côté, livrait un combat acharné où l'on se battait corps à corps, partout les rangs étaient rompus. Le général Chalbos voulut profiter de ce désordre, et ordonna une charge de flanc à sa gendarmerie, mais celle-ci refusa, s'enfuit et découvrit l'aile gauche qui tout d'abord fut attaquée et renversée par La

[ocr errors]

roche-Jacquelein. La déroute des républicains devint générale. Le général Chalbos lui-même fut entraîné. Les Vendéens entrèrent dans Fontenay pêle-mêle avec les républicains, mais ceuxci dans leur retraite emmenaient la fameuse Marie-Jeanne. Un chef nommé Forêt se mit aussitôt à leur poursuite sur la route de Niort avec la cavalerie, et ramena en triomphe à Fontenay le palladium de l'armée d'Anjou. Les vainqueurs trouvèrent dans la place trente pièces de canon, sept mille fusils, beaucoup de munitions, et firént quatre mille prisonniers. Après cette victoire, les chefs se réunirent pour établir un gouvernement, qui, sous le nom de conseil supérieur et sous la présidence de l'évêque d'Agra, siégea à Chatillon; ils perdirent leur temps à cette organisation prématurée, au lieu de poursuivre leurs avantages et de surprendre la ville de-Niort. Ils s'en avisèrent plus tard; mais, suivant l'usage de cette armée, les soldats étaient retournés dans leurs foyers. Il y eut encore un autre obstacle à cette entreprise; ce furent les mauvaises nouvelles que l'on reçut de la Loire supérieure. La division qui l'observait se trouvant attaquée par les troupes sorties d'Orléans, et, réduite à environ 200 hommes par la désertion, avait été contrainte à abandonner la Forge Rousse.

La Convention avait enfin ouvert les

yeux sur

la nature et le danger de l'insurrection de l'Ouest; elle avait réuni 40,000 hommes à Orléans, dont 8,000 de cavalerie, et les dirigea à marches forcées sur la Vendée, avec 80 pièces de canon. C'était en raison de ces renforts que le général Salomon était rentré à Thouars avec 4,000 hommes, avait chassé l'ennemi de la Forge-Rousse, et s'avançait dans le pays. Le quartier général républicain était à Saumur, Vihiers venait d'être repris, Chollet était menacée; telles furent les nouvelles que les Vendéens apprirent à Châtillon où ils avaient donné rendez-vous à leur armée pour le 2 de juin. Stofflet chassé de Vihiers demanda du secours à Châtillon; Lescure et La Roche-Jacquelein le joignirent, l'aidèrent à reprendre Vihiers, eurent l'avantage dans deux autres affaires et poursuivirent les bleus, jusqu'à Doué. Alors toute l'armée de Cathelineau prit le nom de grande armée à Vihiers, où elle fut réunie au nombre de 40,000 hommes d'infanterie, 1200 chevaux et 24 pièces de canon.

Le 7 juin Ligonnier fut forcé dans Doué; il n'avait que 3600 hommes; il fut poursuivi jusqu'à Saumur, dont les Vendéens entreprirent le siége. La garnison était nombreuse et bien approvisionnée; les généraux Berruyer, Coutard, Santerre la commandaient; ils avaient couvert de redoutes les approches de la place, notamment Montholon.-Tome VI.

15

les hauteurs de Tournan qui dominaient les routes de Doué et de Montreuil; une forte redoute couvrait le faubourg de Fenet. On attendait encore à Saumur le général Salomon qui était parti de Thouars avec une division de 5000 hommes. Les Vendéens, instruits de ce mouvement, avaient occupé tous les défilés des environs de Montreuil. Cette division, assaillie de tous côtés dans sa marche par des tirailleurs cachés dans des haies dont ce pays est entrecoupé, se débanda; le général Salomon voulut rétrograder sur Thouars, mais il était cerné par les embuscades des villages, et ses soldats frappés d'une terreur panique s'enfuirent à plus de vingt lieues. L'armée royale rentra dans Montreuil à la pointe du jour; le 10 juin toutes les divisions étaient réunies devant Saumur. Lescure commença l'attaque sur la gauche; il eut des succès et enleva une batterie, mais il fut blessé, ses troupes se reployèrent. Les cuirassiers de Westermann firent de belles charges. Cathelineau, dont l'attaque s'était dirigée contre les redoutes de droite, parvint à les enlever : dans ce temps Laroche-Jacquelein, entraîné par son ardeur naturelle, s'élança au galop dans Saumur, suivi seulement de cinq cavaliers. Un bataillon républicain était en bataille sur la place; il osa le sommer de mettre bas les armes; le bataillon interdit obéit d'abord, croyant que ce gé

« ZurückWeiter »