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demain, MM. de Lescure et de Marigny furent arrêtés et conduits à Bressuire. Laroche-Jacquelein n'avait ni accepté ni refusé la proposition des paroisses; il s'était rendu dans son château de la Dorbelière; mais, à peine arrivé, cinq cents paysans vinrent le presser de se mettre à leur tête un de ses amis le décida. Il fit sonner le tocsin; bientôt dix mille hommies, armés de fourches, de bâtons, d'une centaine de fusils de chasse, accoururent à sa voix. Ligonnier fit marcher contre lui le corps de Quétineau, qui se dirigea sur les Aubiers. Laroche-Jacquelein, au moment de se mettre en mouvement, dit à ses soldats : « Si je recule, tuez-moi; si j'avance, << suivez-moi; si je meurs, vengez-moi. » C'était parler en héros. Il se porta sur les Aubiers, où les patriotes ne se gardaient pas et furent surpris. Quétineau les rallia par un mouvement rétrograde. Les voyez-vous qui fuient? s'écria Laroche - Jacquelein, et aussitôt il se précipita avec ses paysans sur les troupes de Quétineau, qui ne put empêcher la déroute, perdit une centaine d'hommes, et se sauva avec le reste sur Thouars, abandonnant deux pièces de canon et deux barils de poudre, dont la Vendée était totalement dépourvue. Cathelineau était dans ce temps à Montrevault; Laroche - Jacquelein manoeuvra pour se réunir à lui après la victoire des Au

biers. Les principaux chefs de l'armée d'Anjou aux ordres de Cathelineau étaient d'Elbée, Bonchamp, Stofflet. Ce généralissime partit, le 19 avril, avec toutes ses forces réunies, pour aller livrer bataille à l'armée républicaine, qui s'avançait dans le cœur de la Vendée, en partant de Challans, des Herbiers et de Vihiers, pendant que le général Gauvilliers déboucherait d'Angers pour balayer la rive gauche de la Loire. Berruyer. et Ligonnier furent défaits à Chemillé, et le 16 à Coron. L'ardeur des royalistes fut sans égale; leurs généraux leur donnaient l'exemple. Ils chargèrent à la tête de leurs troupes les corps républicains, qui, débordés de tous côtés et pris entre deux feux, furent enfin rompus. Huit cents prisonniers, un millier de fusils et trois pièces avec leurs caissons, furent les trophées de d'Elbée.

Le 23 avril, un nouveau combat eut lieu, mais à forces égales, devant Beaupréau; cette affaire fut décisive : l'armée républicaine perdit son champ de bataille, fut mise dans une déroute complète, avec perte de trois mille hommes, de son artillerie, de la moitié de ses fusils, que les soldats jetaient dans la fuite, et de tous ses caissons; elle se retira sur la Loire. Pendant trois mois la haute Vendée fut livrée à toute l'indépendance de la victoire. Les républicains n'avaient plus assez de forces pour y reprendre l'offensive.

Le 26 avril, Cathelineau ordonna une revue générale à Chollet son armée était de 22,000 hommes d'infanterie, dont 13,000 armés de fusils de munitions, et 750 hommes de cavalerie;. l'artillerie était composée de six pièces attelées, parmi lesquelles la fameuse Marie-Jeanne. Le lendemain Laroche-Jacquelein fit sa jonction avec cinq mille hommes. Le 1er mai, les Vendéens investirent Argenton-le-Château. Cette ville fut promptement enlevée, elle n'était défendue que par huit cents hommes de la garde nationale, qui, au lieu de parlementer, prirent la courageuse résolution de s'ouvrir un passage: ces braves y restèrent presque tous; ceux qui échappèrent se rendirent à Thouars qu'occupait Quétineau avec 5,000 hommes. Le découragement s'était mis parmi ses soldats. Un bataillon marseillais, qui avait été envoyé à cette armée pour y soutenir les fureurs révolutionnaires, fut le premier à déserter au moment du combat, et ne reparut point: il fit comme les lâches, il cria à la trahison au lieu de se battre. Quétineau ainsi abandonné des siens fut contraint d'évacuer Bressuire dans le plus grand désordre. La terreur fut telle que de Lescure et Marigny furent oubliés dans leurs prisons. Le lendemain ils se joignirent à leurs amis, et ils prirent une place distinguée dans l'armée.

Le 3 mai, Bressuire fut occupée par la grande armée royale; quatre mille hommes sans armes y joignirent le corps de Lescure; c'était un vrai chevalier pour la Vendée, sa dévotion l'avait rendu vénérable aux paysans; quand il mourut, on le trouva revêtu d'un cilice. Marigny était chevalier de Saint-Louis et officier de marine. L'armée de Cathelineau se recruta de tous les nobles distingués et de tous les braves de la contrée, et marcha sur Thouars, ville très-forte, justement nommée la clef du Poitou; le général Quétineau s'y était renfermé avec six mille hommes.

du

L'attaque commença le 5 mai; elle fut dirigée sur plusieurs points par les généraux vendéens. La ville fortifiée par la nature n'était attaquable que sur deux points, dont l'un était le pont Thoué: Lescure et Laroche-Jacquelein s'y portèrent avec dix mille hommes. La canonnade s'engagea à six heures du matin; à dix heures les Vendéens forcèrent ce défilé à la baïonnette', et enlevèrent le faubourg.

L'autre attaque n'obtenait aucun succès, quand le chef Bonchamp, qui commandait de ce côté, apprit qu'il existait un gué; il y fit aussitôt passer sa cavalerie, et se jeta sur le flanc de Quétineau. Cependant les républicains, quoique pressés entre cette attaque de front et celle de flanc faite par les ponts, se défendirent en héros, et se firent tailler

en pièces sans abandonner leurs positions. Leur général fit de vains efforts pour rappeler la victoire de son côté : il dut céder au nombre et se renfermer dans les murs de Thouars. Les Vendéens en commencèrent immédiatement l'attaque; ils ééussirent à faire brèche, Laroche-Jacquelein s'y rlança le premier; ses colonnes se précipitèrent à sa suite, et bientôt la ville fut remplie de Vendéens; uu milieu de ce carnage un juge de paix, avec an drapeau blanc, prit sur lui de sortir par une porte et de signer avec le chef d'Elbée, au nom du général Quétineau et de l'administration municipale, une capitulation par laquelle la garnison républicaine se rendait prisonnière. Quoi-. que la ville eût réellement été prise d'assaut, cette. capitulation fut observée. Ce qui est remarquable, c'est qu'aucune vengeance ne fut exercée. Les généraux vendéens engagèrent Quétineau, dont ils estimaient la conduite depuis le commencement de la guerre, à prendre rang parmi eux; mais il s'y refusa, conserva sa cocarde en leur présence: il fut en cela bien plus digne encore de leur estime; il n'y avait que l'échafaud révolutionnaire qui pût le punir de cette courageuse fidélité. La prise de Thouars donna aux Vendéens 5000 prisonniers, autant de fusils, une forte artillerie et d'abondantes munitions: l'armée royale acquit ainsi une place assez forte;

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