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même celui-ci avait créé de l'intérêt en sa faveur, d'autres l'ont aminci.

La justice m'a dicté ce qui va suivre.

Sous Napoléon, plusieurs évêchés sont devenus vaeans par la mort, ou par la démission des titulaires. Des ecclésiastiques fort recommandables avaient été promus à ces siéges. J'ose certifier que c'était sans leur participation directe : ils ont obéi en acceptant, et à cette époque on ne refusait pas. Il faut laisser dire les faux braves en ce genre, comme eu beaucoup d'autres. Ces nommés n'avaient aucun rapport avec les titulaires démis, pas plus qu'avec les morts. Ils n'étaient pas juges des contestations entre le prince et les démis : le fait matériel de la démission civile était seul. de leur compétence. Ils étaient aux mêmes droits civils que tous les évêques de France. Parmi eux plusieurs avaient été institués à Savone; il ne leur manquait que le titre de leur mission, car leur mission même était incontestable; mais ce titre, par le mélange du spirituel avec le temporel, n'était pas dans les mains de ceux auxquels il était destiné, mais dans les cartons du ministère. Ils étaient donc

évêques aussi légitimes que
le pape

est évêque de Rome.

lui-même

Que l'on assigne, si l'on peut, la différence. Ces ecclésiastiques avaient reçu les pouvoirs des chapitres, offerts avec beaucoup de signes de déférence, tant que dura Napoléon dès qu'il disparut, les pouvoirs furent retirés, quelquefois avec outrage; le titre de la mission fut retenu; et les malheureux, bien innocens de tout ce qui s'était passé, bien exemplaires dans leur conduite, souvent les protecteurs des individus, et parfois de la contrée même, se sont vus voués au dépouillement de leur poste nouveau, à la perte de leur ancien poste, à beaucoup d'insultes, et à des chagrins de toute la vie. On cherche leurs crimes; de quel droit le gouvernement retenait-il les titres de leur mission purement spirituelle? De quel droit, lorsque les militaires, les juges, gardaient leurs places, les évêques perdaient-ils la leur? De quel droit des évêques qui avaient donné leur démission civile, et accepté, pour leur utilité, d'autres postes supérieurs aux premiers, d'après la même autorité civile qui avait accepté leur démission, venaient-ils de leur autorité privée se remettre en possession d'un poste civil sur lequel

leur droit était consommé, parce que leur droit spirituel subsistait contre leur intention? car ils s'étaient démis entre les mains du pape, et si ce droit spirituel subsistait encore, ce n'était point par leur fait, mais par celui des circonstances, qui avaient empêché leur intention prononcée de quitter le poste, d'être effectuée. Qu'a de commun un droit spirituel avec un droit temporel ? Quel droit celui-ci peut-il conférer sur celui-là? Qu'aurait eu à répondre l'évêque revenant civilement en vertu d'un titre spirituel, au prince qui, pour modérer son ardeur de réinstallation, lui aurait fait observer que son droit civil était consommé par sa démission, et qu'étant, lui prince, au droit de l'autorité qu'il remplaçait, il entendait maintenir ce qui avait été fait légalement avant lui? Dans ceci il faut admirer deux choses:

1o. La mansuétude avec laquelle les évêques nommés se sont soumis aux influences du temps. Il ne tenait qu'à cux d'embarrasser beaucoup, et de disputer le terrain avec avantage. Qu'aurait - on fait contre ceux qui réunissaient les bulles du pape à la nomination de Napoléon? aucun évêque n'en a davantage en France, ni dans aucun pays.

2o. La dureté qui porte à tenir si peu compte du mal que l'on fait à ses semblables, des chagrins qu'on leur cause, et de la légèreté avec laquelle on dispose du sort des hommes, dès que l'on a intérêt ou pouvoir de le faire.

Sunt lacrymæ rerum et mentem mortalia tangunt.

A l'époque dont je parle, un parti semblait vouloir qu'une nomination de Napoléon fût une tache et marquât un homme au front. Alors je ne sais plus comment on aurait fait en France et en Europe pour se regarder. Car je crois me rappeler qu'il ne manquait pas de gens sur le front desquels des signes de cette nature se faisaient lire en caractères très-distincts; et même que, pendant long-temps, en dehors comme en dedans de la France, le bonheur était compté par la profondeur de l'empreinte.

CHAPITRE XLII.

Négociation avec Rome.-M. l'évêque d'Orthosia.

EN 1814, peu de jours après la restauration, on entendait déjà dire que le concordat de 1801 allait être aboli; que le roi de France ne pouvait reconnaître l'Église de Buonaparte, qu'il fallait rendre à l'Église gallicane toute sa splendeur, et mille choses semblables. Le clergé contraire au concordat de 1801 reparaissait; les évêques restés dans l'étranger étaient revenus, le concordat était l'objet de leur courroux, ils ne rêvaient et ne voyaient dans ce qui venait de se passer, que la contrerévolution de Coblentz, chose à laquelle l'Europe, dans ses combats, n'avait pas pensé. Il était clair que si ces rentrés restaient les maîtres, le concordat de 1801 allait être offert en holocauste et immolé. Mais, en comptant le pape et le gouvernement représentatif, on se trouvait être trois, ce qui dérangeait beaucoup de calculs. Ce malheureux gouvernement représentatif est toujours là pour déranger les plus beaux projets!

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