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cupée de produire des prêtres, et de provoquer des vocations? cela tient à la manière de considérer la terre. Si c'est comme une vallée de larmes, alors multipliez les vocations; si c'est comme le lieu donné à l'homme, par le ciel, pour en faire son séjour, et pour y vivre dans le meilleur ordre possible, alors bornez-vous à pourvoir aux besoins réels, et laissez là le reste; car l'État n'est chargé de la vocation de personne.

On a dit aussi qu'il fallait rendre un hommage à des Églises illustres, c'est fort bien; mais c'est encore la suite du système personnel, et non du système réel, qui fait perdre de vue tous les principes. Un établissement religieux est fait en vue d'un service public, et non pas d'une chose particulière; l'illustration n'est de rien dans tout cela. Va-t-on aussi demander aux

Églises de faire des preuves de noblesse? On paie un service public, et non pas des souvenirs; on paie, parce qu'une chose est utile, et non point parce qu'elle est illustre. La gloire d'une Église vit dans sa mémoire, et non pas dans ses murailles. Si Hippone était en France, faudrait-il y mettre un évêché à cause de saint Augustin, quoiqu'il ne s'y trouvat que

cinquante habitans ? Ce serait introduire dans l'ordre religieux les bourgs pouris d'Angleterre au reste, la règle n'a pas été observée, car plusieurs Églises illustres n'ont point été recréées. J'ai vu naître ce système auprès de M. le cardinal Fesch; il manquait de fonde

ment.

Le besoin de la multiplication des siéges ne se faisait pas sentir comme une chose que l'on ne pût ajourner ni remettre à un meilleur temps. Si je ne me trompe, l'animadversion a porté davantage sur l'inopportunité du moment que sur le fond même de la chose. On avait bien vécu sans eux, on pouvait encore attendre. Ce n'est pas lorsque chaque renouvellement de budget n'est que le renouvellement du tableau de nos misères ; ce n'est pas lorsque depuis tant d'années le ciel sévit et stérilise nos champs, lorsque les tributs donnés aux étrangers épuisent le trésor; ce n'est pas lorsqu'on a déjà attribué au clergé une augmentation de traitement, à la vue de tous les fonctionnaires qui voient diminuer le leur, que l'on peut sans courir le risque d'affecter l'opinion publique d'une manière fâcheuse, présenter la perspective certaine d'une augmentation de dépense pour lui;

car,

s'il a été pourvu, quoique d'une manière détournée, à l'entretien des siéges, par la loi sur les bois, il ne peut manquer, quoi qu'on fasse et qu'on dise, d'avoir à pourvoir aux cathédrales, séminaires, maisons de retraite toutes choses qui coûteront beaucoup, et pour lesquelles il faudra recourir de nouveau à la munificence nationale.

10°. Auparavant que le concordat fût admis parmi les lois de l'État, on a vu les évêques qui en dépendent déjà nommés; cela a paru bien prompt, et décider ce qui était en question.

Que le choix de ces évêques n'ait été l'objet de la plus grande attention, et le résultat des plus respectables intentions; que sous le rapport des vertus ecclésiastiques, il n'y ait qu'à applaudir; il ne peut y avoir de doute à cet égard. Mais l'état de la France, comme les principes du gouvernement représentatif, ne devaient-ils pas aussi être pris en considération dans cette circonstance? Depuis quelques années, on n'entend parler que de bons prêtres, d'ecclésiasti ques respectables: rien de mieux en soi, et pour soi seul. Mais ce n'est pas tout que d'être un bon prêtre, il faut encore être capable lorsque l'on a à agir sur les autres ; car alors on

est deux, le bon prêtre et le sujet du ministère. Pour que celui-ci ait tout son effet, il faut que le ministre et son sujet s'entendent; il faut que la lumière soit compagne de la vertu, que le pasteur et le troupeau ne se méfient pas l'un de l'autre, et ne parlent pas deux langages différens. A le considérer sous les rapports purement ecclésiastiques, rien n'est plus vénérable qu'un missionnaire; et cependant combien de missionnaires sont propres à être évêques ? et combien y a-t-il d'hommes, dans un pays tel que la France, qui s'accommoderaient d'évêques missionnaires ? cela n'est plus bon qu'au Canada ou dans la Louisiane. La vertu purement ecclésiastique ne suffit donc pas : c'est la base il est vrai; mais il faut un accompagnement de plus, suivant le poste qu'elle est destinée à occuper il faut encore que : les peuples connaissent leurs chefs et soient disposés à leur abandonner leur confiance.

Les Églises ont beaucoup souffert par la prolongation des vacances. En leur donnant des évêques, il fallait donc les pourvoir de chefs durables : d'ailleurs le bien ne peut provenir que de la durée, et des administrations changeantes ne peuvent guère l'opérer. Mais comment

trouver cette stabilité parmi un épiscopat valétudinaire, pour la solidité duquel chaque changement de saison, chaque coup de vent fait trembler? On nomme en 1817 des octogénaires, des infirmes; combien y en aurait-il en place en 1820? Les viduités d'Eglises vont donc recommencer; il faut un long temps pour les nominations, les bulles, les installations: quand les Églises seront-elles servies? Il était à propos de leur éviter à la fois et des regrets et un défaut de services par la perte de titulaires que le cours de la nature ne peut leur permettre de garder long-temps, ni utilement. En accordant beaucoup de respect aux vieillards, il faut savoir leur refuser les places qui exigent de la force et de la durée.

Mais le point capital était de ne pas mettre à la tête du clergé un trop grand nombre d'hommes qui ne connaissent pas la France, et qui ne sont point connus d'elle, qui depuis trop long-temps ont été absens, cachés, ou bien oisifs, qui se sont signalés par une longue opposition à ce qui s'est passé en France, à son esprit actuel, et qui, avec les meilleures intentions du monde, sont exposés à commettre de graves méprises par le sentiment même du

T. III.

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